25/04/2011 info-palestine.net  3min #52321

 Reconnaître la Palestine ?

L'impasse libyenne fait se souvenir Sarko du dossier palestinien

Kharroubi Habib - Le Quotidien d'Oran

Paris a fait savoir que la France envisage sérieusement d'appuyer le plan de Mahmoud Abbas pour faire naître l'État palestinien en septembre prochain aux Nations unies. D'autres pays européens ont exprimé la même intention.

Venant après la cascade de reconnaissances accordées à cet État palestinien par plusieurs États d'Amérique latine, l'éventualité formulée par la France et d'autres nations européennes tend à donner à comprendre que la communauté internationale serait déterminée à agir pour forcer le blocage dans lequel se trouve la question palestinienne, du fait du refus intransigeant d'Israël à ses appels à négocier avec les Palestiniens la recherche d'une solution juste et équitable à leur conflit.

Ni Israël ni les États-Unis ne veulent « d'une déclaration unilatérale » que serait la reconnaissance de l'État palestinien par les Nations unies. Alors se pose la question de savoir si la France et les pays européens qui seraient prêts à lui emboîter le pas iront jusqu'au bout de leur intention. Il est permis d'en douter, surtout quand c'est Nicolas Sarkozy qui est à la manœuvre, lui dont l'alignement sur Washington et Tel-Aviv a été suffisamment démontré.

Ayant engagé la France de la façon que l'on sait dans l'affaire libyenne, le président français a trop besoin du soutien américain en celle-ci pour prendre le risque de provoquer une mésentente franco-américaine sur un dossier que Washington estime touchant à ses intérêts nationaux stratégiques.

Maître dans l'art du revirement et du reniement, Sarkozy n'a dû évoquer l'intention d'une reconnaissance internationale de l'État palestinien que pour, d'une part, faire entendre à Barack Obama que le comportement américain dans l'affaire libyenne éloigne singulièrement et dangereusement l'issue que recherche la France en Libye. Peut-être veut-il obtenir de lui qu'en échange du renoncement de la France à l'appui au plan de reconnaissance internationale de l'État palestinien pour lequel plaide Mahmoud Abbas, les États-Unis s'engagent plus significativement dans le soutien militaire qu'ils accordent à la coalition qui mène l'intervention en Libye et dans laquelle la France joue les premiers rôles, sans grande efficacité avérée. D'autre part, pour tenter d'endiguer le sentiment antifrançais qui enfle dans les opinions arabes du fait du caractère ambigu du rôle et des desseins français dans l'affaire libyenne, mais aussi et surtout à cause des manifestations arabophobes et islamophobes dont, à son initiative, la politique française à l'interne est ponctuée.

Il n'y a pas apparemment mieux pour Nicolas Sarkozy que d'enfourcher le problème palestinien, en y adoptant la posture de l'homme d'État déterminé à faire bouger les choses en faveur du peuple palestinien. Seulement le temps que la France sorte de l'impasse dans laquelle, plus que tout autre État, elle s'est fourvoyée. Il sera ensuite toujours temps de faire cyniquement comprendre à « l'ami » Mahmoud Abbas que son plan est prématuré et la France tenue d'être « pragmatique » dans ses initiatives.

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