26/06/2011 2 articles tlaxcala-int.org  4min #54509

Crise du capitalisme : la dernière ?

Leonardo Boff
Translated by  Fausto Giudice

Je suis convaincu que la crise actuelle du capitalisme n'est pas simplement conjoncturelle et structurelle. Il s'agit de la phase terminale. Le génie du capitalisme à s'adapter à toute circonstance est sur sa fin. Je réalise que peu de gens soutiennent cette thèse. Deux raisons, cependant, me conduisent à cette interprétation.

La première est la suivante: la crise est en phase terminale parce nous tous, mais particulièrement le capitalisme, nous avons dépassé les confins de la Terre. Nous occupons et pillons la planète entière, brisant son équilibre délicat et épuisent ses ressources et services au point de ne pouvoir reconstituer ce que nous avons pris. Déjà au milieu du XIXe siècle Karl Marx écrivait prophétiquement que le capital avait tendance à détruire ses deux sources de richesse et de reproduction : la nature et le travail. C'est ce qui se passe.

La nature est en effet soumise à un grand stress, comme jamais auparavant, du moins durant le dernier siècle, si l'on fait abstraction des 15 grandes décimations qu'elle a connu au long de son histoire de plus de quatre milliards d'années. Les événements extrêmes que l'on peut constater dans toutes es régions et les changements climatiques, qui tendent à un réchauffement mondial croissant, parlent en faveur de la thèse de Marx. Comment le capitalisme va-t-il se reproduire sans la nature ? Il se heurte à une limitation insurmontable.

Le capitalisme rend le le travail précaire ou s'en passe. Un grand développement est possible sans travail. L'appareil de production informatisé et automatisé produit plus et mieux, avec presque pas de travail. La conséquence directe est le chômage structurel.

Des millions de personnes ne vont jamais entrer dans le monde du travail, même comme armée de réserve. Le travail, après avoir été dépendant du capital, peut désormais s'en passer. En Espagne, le chômage atteint 20% de la population générale et 40% des jeunes. Au Portugal, 12% du pays, et 30% des jeunes. Cela signifie une grave crise sociale comme celle qui fait rage en ce moment en Grèce. Est sacrifié à L'ensemble de la société est sacrifié au nom d'une économie faite non pas pour satisfaire les besoins humains mais pour payer la dette aux banques et au système financier. Marx avait raison: le travail exploité n'est plus source de richesse. C'est la machine qui l'est.

La deuxième raison est liée à la crise humanitaire que le capitalisme génère. Auparavant, elle était limité aux pays périphériques. Aujourd'hui elle est mondiale et a atteint les pays du centre. On ne peut pas résoudre la question économique en démontant la société. Les victimes, liées par des nouvelles voies de communication, résistent, se rebellent et menacent l'ordre existant. Toujours plus de gens, surtout les jeunes, n' acceptent plus la logique perverse de l'économie politique capitaliste: la dictature de la finance qui, via le marché, soumet les États à ses intérêts et la soif de rentabilité des capitaux spéculatifs circulant d'une bourse à l'autre, engrangeant des profits sans rien produire d'autre que plus d'argent pour ses rentiers.

Le capitalisme lui-même créé le poison qui peut le tuer : en exigeant des travailleurs une formation technique toujours meilleure pour être à la hauteur de la croissance accélérée et d'une compétitivité accrue, il a créé involontairement des gens qui pensent. Ces derniers commencent lentement à découvrir la perversité du système qui écorche les gens au nom d'une accumulation purement matérielle, qui se montre sans cœur, en exigeant toujours plus d'efficacité au point de mener les travailleurs à un stress profond, au désespoir, et dans certains cas, au suicide, comme c'est le cas dans divers pays dont le Brésil.

Les rues de plusieurs pays européens et arabes, le "IndignéEs" qui remplissent les rues d'Espagne et la Grèce sont l'expression d'une rébellion contre le système politique existant, qui est à la remorque du marché et de la logique du capital. Les jeunes Espagnols crient : "Ce n'est pas une crise, c'est du vol". Les voleurs sont retranchés à Wall Street, au FMI et à a Banque centrale européenne, : ils sont les grands prêtres du capital mondialisé et exploiteur.

Au fur et à mesure que la crise s'aggravera, les multitudes qui ne supportent plus les conséquences de la surexploitation de leurs vies et de la vie sur Terre croitront. Et elles continueront à se rebeller contre ce système économique en train d'agoniser, non pas de vieillesse, mais sous l'effet du venin et des contradictions qu'il a créées, punissant la Terre Mère et accablant la vie de ses fils et filles.


Courtesy of  Tlaxcala
Source:  leonardoboff.wordpress.com
Publication date of original article: 22/06/2011
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27/06/2011 tlaxcala-int.org  7min #54526

 Crise du capitalisme : la dernière ?

Ce n'est pas la Grèce qui est en crise, c'est le capitalisme !

Atilio A. Boron
Translated by Manuel Talens

Les média, les consultants, les économistes, les banques d'investissement, les présidents des banques centrales, les ministres du Trésor et les gouvernants ne font que parler de « la crise grecque ». Face à tant de chambard il convient de paraphraser ce propos de campagne de Bill Clinton en disant que c'est d'une crise du capitalisme qu'il s'agit, pas de la Grèce.