Bel exercice de tartufferie, cette semaine à Paris, où le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a réussi le tour de force de rappeler tout à la fois que le blocus israélien de Gaza était inacceptable, que la Flottile était, elle, parfaitement légale, pour conclure qu'il faut quand même s'en remettre... « aux autorités israéliennes » !
Eh oui, c'est comme cela que fonctionne la « diplomatie », paraît-il.
Vous en aurez confirmation en lisant ci-dessous la déclaration du ministre, à Paris le 28 juin 2011.
Paris le 28 juin 2011,
La France a déjà eu plusieurs fois l'occasion de s'exprimer sur les projets de nouvelle flottille à destination de Gaza. Il s'agit d'une mauvaise idée, qui ne peut une fois de plus, qu'attiser les tensions et créer une source de conflits. Nous sommes à cet égard préoccupés par les informations faisant état d'un départ imminent de la flottille et de la participation possible de deux bateaux français à cette entreprise.
Les événements de l'année dernière ont en effet montré les risques de confrontation liés à ces initiatives. C'est pourquoi j'en appelle aujourd'hui solennellement à la responsabilité de chacun pour éviter qu'ils ne se reproduisent. Le gouvernement français a d'ores et déjà pris ses responsabilités :
nous ne disposons certes pas des moyens juridiques pour empêcher un bateau de quitter un port français à destination de Gaza ou de l'arrêter en pleine mer s'il venait à tenter de briser le blocus ;
mais nous avons, depuis plusieurs semaines déjà et à l'instar de nombreux autres pays et du Secrétaire général des Nations unies, découragé publiquement ces entreprises et attiré l'attention de tous - et notamment de nos ressortissants - sur les risques qui y sont liés. Le site des « Conseils aux voyageurs » du ministère des Affaires étrangères et européennes a été actualisé en ce sens. Les services du ministère des Affaires étrangères et européennes ont également rencontré, à leur demande, les organisations françaises qui soutiennent cette initiative, et leur ont fait part de ces messages.
L'aide humanitaire à destination de Gaza doit donc transiter par voie terrestre, via les canaux existants mis en place par les autorités israéliennes. Pour autant, cet appel à la responsabilité ne change rien à notre position sur le blocus de Gaza et à notre demande d'un changement fondamental d'approche de la part des autorités israéliennes. Il est crucial qu'elles assurent le prompt acheminement de l'aide jusqu'à ses destinataires et qu'elles poursuivent leur politique d'allègement du blocus jusqu'à sa levée. Nous suivrons cela avec attention.
Les projets de développement des Nations unies doivent également pouvoir être menés sans obstacle. Enfin, je souhaite rappeler que la France est présente dans la Bande de Gaza, en soutien à la population civile. 30 % de notre aide bilatérale aux Palestiniens y est destinée. Nous y menons des projets de développement - comme la réhabilitation de l'hôpital Al-Quds, désormais achevée, ou encore la construction de la station d'épuration de Beit Lahya - ainsi qu'une coopération dans le domaine culturel à travers le centre culturel français. Alain Juppé