Abir Kopti - Mondoweiss
Cette semaine, la Knesset israélienne a passé la loi anti-boycott, qui met l'action non violente de boycott économique, universitaire et culturel hors la loi.
Abir Kopti
Cette semaine, elle a attaqué une autre action non violente, la campagne de rassemblement par les airs, et la semaine précédente, c'était la flottille. Tous les vendredi, elle réprime les manifestations non violentes de Bil'in, de Nabi Saleh et d'autres villages palestiniens.
Voyons la campagne de rassemblement par les airs. A la simple question, pourquoi Israël a-t-il agit de façon aussi hystérique devant l'arrivée de militants internationaux et Palestiniens par l'aéroport Ben Gourion, il y a une réponse simple : Israël est incapable de gérer le militantisme palestinien non violent.
Israël est un Etat qui a adopté le langage de la force au cours de toute son existence, et qui n'en connaît pas d'autre. C'est pourquoi il semble non préparé chaque fois qu'il rencontre une activité non violente créatrice. En tant qu'Etat qui a exploité au maximum les mots « menace sécuritaire » et « terrorisme », Israël est paniqué chaque fois qu'il ne peut pas coller ces étiquettes sur des actes contraires à sa politique. Ces derniers temps, il semble que le monde ne veut plus de ces articles là.
C'est pourquoi Israël a investi tant d'efforts diplomatiques et exploité ses intérêts communs avec la Grèce, très probablement par le chantage, pour stopper la flottille pour Gaza. Israël avait si peur de la flottille, une activité non-violente, parce que si la flottille arrivait, Israël ne pourrait pas la stopper autrement que par la force, ce qui abîme sa réputation dans le monde. C'est pourquoi Israël était terrifié par l'arrivée des militants par les airs. Ces militants ne venaient pas avec des armes mais avec un passeport étranger, et demandaient à entrer en Israël comme n'importe quel autre touriste, la seule différence étant qu'ils voulaient faire une déclaration politique qui effrayait Israël.
Le combat palestinien a adapté les stratégies de lutte non violente ces dernières années. Cette lutte inclut une variété d'actions non violentes, de manifestations, de marches de retour à la frontière, de boycott et de flottilles par la mer et les airs.
Les manifestations hebdomadaires de Bil'in, Ni'lin, Nabi Saleh et d'autres villages de Cisjordanie font partie de cette lutte non-violente. Israël n'est pas parvenu à y faire face ; il les supprime très violemment, ce qui a causé beaucoup de morts Palestiniens et des blessures d'Israéliens et d'internationaux. Israël poursuit les militants, exécute des arrestations arbitraires et les traîne devant des tribunaux militaires. La force, c'est la façon dont Israël a fait face aux marches du retour des jours anniversaires de la Nakba et de la Naksa, en tirant à balles réelles et en tuant des manifestants désarmés.
De la même manière, l'hystérie d'Israël en réponse à la possible tentative de l'OLP devant les Nations Unies montre la même réaction. Toute action non-violente légitime qu'Israël ne sait pas traiter génère hystérie et panique.
Non seulement Israël s'en tient à l'idée de puissance, mais il fait adhérer ses citoyens au même concept. Il fait tourner la machine à produire une peur permanente : une fois par une invention que les bateaux de la flottille étaient pleins d'armes chimiques, une autre fois en répandant la nouvelle que la violence a augmenté dans les territoires palestiniens, ou par diverses manuvres militaires pour les cas de guerre ou de soulèvement populaire, ou en déclarant que Septembre apportera une vague de violence palestinienne.
Même si Israël est parvenu à stopper la flottille et à empêcher l'entrée de militants par son aéroport, même s'il peut endommager la résolution de l'ONU en septembre, il ne peut pas bloquer l'influence que ces activités ont sur la conscience internationale et sur le soutien moral au peuple palestinien, ni sur les possibilités qu'elles génèrent de plus en plus d'actions. Israël ne peut rien faire pour contrarier la lutte populaire palestinienne non violente.
La conclusion principale est qu'Israël se cogne la tête au mur, et refuse de comprendre que dans cette bataille, il perdra.
Israël refuse de reconnaître le fait qu'aucune occupation ne dure pour toujours, que la mémoire ne se perd pas, que les générations n'oublient pas. Israël refuse d'accepter que pendant 63 ans d'oppression, une nouvelle génération arrive, qui a appris de ses parents et de ses grands-parents et hérité leur détermination à vouloir un avenir libre pour leurs enfants. La différence, c'est que la nouvelle génération est créative et non traditionnelle. Israël, qui a l'habitude de n'employer que le langage de la force, ne sait pas traiter le style de militantisme de cette génération.
* Abir Kopti est une militante politique palestinienne et une analyste des media. Elle a été membre du Conseil municipal de Nazareth et porte-parole de Mossawa, the Advocacy Center for Palestinian-Arab Citizens in Israel. Ses travaux sont sur son site et sur Twitter à 𝕏 @abirkopty.