03/09/2011 europalestine.com  3min #56997

 Flottille/gaza: la Turquie prend des mesures de rétorsion contre Israël

Trop c'est trop : la Turquie vire l'ambassadeur israélien

Après avoir multiplié les concessions, le gouvernement turc a fini vendredi par annoncer des sanctions contre Israël, son allié régional depuis des décennies, avec renvoi de l'ambassadeur, annulations de tous les contrats militaires, et aide aux familles des 9 citoyens turcs et américains assassinés à bord du Mavi Marmara en mai 2010 pour engager des poursuites judiciaires contre les responsables israéliens du massacre.

Aux lendemains de l'acte de piraterie sanglante opéré par la marine israélienne dans les eaux internationales contre les passagers de la Flottille de la Liberté de Gaza, la Turquie, membre de l'OTAN et pas plus attachée que bien d'autres Etats à la dignité humaine, avait accepté la formation d'une commission d'enquête sous l'égide des Nations-Unies, dont elle savait pourtant par avance qu'elle serait biaisée en faveur d'Israël.

D'abord, parce que cette commission, dite « Commission Palmer » (du nom de son président, l'ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer) n'avait d'autre objet que de faire contre-poids à la véritable enquête menée par une institution permanente des Nations-Unies, son Conseil des Droits de l'Homme. Ce Conseil a déposé depuis un an des conclusions accablantes pour l'armée israélienne. Comment aurait-il d'ailleurs pu en être autrement, à partir du moment où l'assaut israélien, bien que réalisé de nuit et en haute mer, avait été retransmis, en images et en temps réel, dans le monde entier ? Mais comme les innombrables textes condamnant Israël produits par les Nations-Unies depuis leur création, celui-ci est également resté lettre morte.

Ensuite, parce que la composition même de la « commission Palmer » montrait, dès le premier jour, qu'on avait affaire à une farce. La Commission comptait 4 membres. A savoir, 1 pour le gouvernement israélien, 1 pour le gouvernement turc, tandis que le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, sélectionnait 2 personnalités dites indépendantes sur une liste fournie... par Israël !

Et tandis que le nom de Geoffrey Palmer, professeur de droit public international faisait apparemment consensus, on assistait, médusé, à la nomination du 4ème homme, l'ex-président colombien Alvaro Uribe, tristement célèbre pour les crimes effroyables commis, sous son règne, par les militaires et para-militaires (entraînés.... par Israël !) de la Colombie. Une enquête visant Uribe est d'ailleurs en cours, en Colombie, après la découverte, en juin 2010, d'un énorme charnier contenant les restes de plus de 2.000 victimes des para-militaires au lieu-dit La Macarena.

Dans cette affaire, le gouvernement turc montra jusqu'au bout qu'il était prêt à avaler presque toutes les couleuvres, y compris les affirmations les plus extravagantes du couple Uribe-Palmer, dont des extraits du rapport ont été publiés jeudi par le quotidien (généralement pro-israélien) The New York Times : par exemple, considérer que le blocus de Gaza a « une base légale », ou encore faire grief aux passagers du Mavi Marmara d'avoir « résisté », avec leurs misérables bâtons, à l'assaut meurtrier conduit par les « troupes d'élite » d'une des armées les plus puissantes du monde.

Pour prix de sa capitulation -illustrée, au printemps, par le lâchage de la Flottille de la Liberté II-, le gouvernement d'Ankara se serait contenté d'excuses de la part du gouvernement israélien.

Eh bien, il ne les a pas eues : Netanyahou a fait dire jeudi soir qu'il n'en était pas question, et que les veuves et les orphelins des martyrs du Mavi Marmara pouvaient bien continuer de pleurer.

C'est dans ces conditions que vendredi matin, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davotoglu, a annoncé le début des sanctions. A moins d'un revirement de dernière minute, et de la présentation effective des-dites « excuses », l'ambassadeur israélien en Turquie devra avoir fait ses valises avant mercredi prochain.

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