Par Free Gaza Movement
4 septembre 2011 - Comme l'on s'y attendait, le rapport Palmer/Uribe (1) sur les attaques contre la Flottille du 31 mai 2010, révélé par le New York Times le 1er septembre (2), est malheureusement le blanchissement des crimes israéliens. Bien qu'il accuse les forces israéliennes d'avoir utiliser une force excessive lorsqu'elles ont attaqué nos bateaux civils naviguant vers Gaza dans les eaux internationales, il justifie à tort le blocus israélien de Gaza, jette le doute sur les intentions des organisateurs de la flottille et ne cherche pas à demander de comptes aux auteurs des violations des droits de l'homme.
Le rapport Palmer/Uribe est vicié depuis le début. La désignation de l'ex-Président colombien Alvaro Uribe comme vice-président de la commission jette un doute sérieux sur l'intégrité et l'impartialité de celle-ci. L'association intime d'Uribe avec les pratiques militaires et paramilitaires de meurtres de civils en Colombie et son mépris notoire pour les défenseurs des droits de l'homme rendait problématique sa nomination dans une commission chargé de traiter de questions de droits de l'homme. En outre, le gouvernement d'Uribe a déclaré officiellement qu'il souhaitait une coopération militaire plus étroite avec Israël (3).
En plus des problèmes de composition de la commission, son objectif n'était pas d'arriver à faire la lumière sur ce qui s'est passé, ni de rendre justice aux victimes, mais plutôt de parvenir à un compromis politique en vue de réparer les relations entre Israël et la Turquie. Le mandat de la commission était limité à un examen des rapports des investigations nationales turcs et israéliens, et elle n'a pas interrogé les témoins ni mené une enquête approfondie et objective. C'est une tentative politique d'éclipser la seule enquête indépendante et impartiale sur l'attaque de la flottille et le rapport qui a suivi, commandé par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (A/HRC/15/21) et conduit par trois experts de renommée internationale en matière de droits de l"homme. Les conclusions et les recommandations de ce rapport, publié le 23 septembre 2010, doivent toujours être actées par les Nations Unies.
Une des conclusions les plus scandaleuses de cette commission est qu'Israël a le droit d'imposer un blocus naval à Gaza comme "mesure sécuritaire légitime". Cette affirmation ignore complètement que le blocus naval fait partie d'une politique de verrouillage total que de nombreux organes pour les droits de l'homme, dont plusieurs agences des Nations Unies, ont déclaré illégal. En outre, la commission ignore l'évidence irréfutable que le blocus naval et le verrouillage total n'ont rien à voir avec la sécurité, mais plutôt avec la volonté de faire pression sur la population de Gaza. Les dirigeants israéliens n'ont pas caché que le blocus est une guerre économique, pour maintenir l'économie de Gaza au bord de l'effondrement et pousser la population à se lever contre le gouvernement Hamas. (4)
Se servir de civils pour faire pression sur un gouvernement viole le droit humanitaire international, qui interdit de porter intentionnellement tort à des civils et constitue une punition collective, interdite par la Quatrième Convention de Genève.
Le rapport Palmer/Uribe identifie de façon erronée l'IHH comme "le premier groupe impliqué dans l'organisation de la flottille," nous accuse (les organisateurs de la Flottille de la Liberté) d'avoir agi de façon inconsidérée, et doute de la nature humanitaire de notre action (pages 46-48). Six ONG internationales, ayant toutes également leur mot à dire et la responsabilité, ont organisé la Flottille de la Liberté 1. Notre action était une forme légitime d'action directe non violente. Nous réfutons la conclusion de la commission que les soldats israéliens ont été confrontés à "une violence organisée". Ce à quoi les commandos lourdement armés ont été confrontés lorsqu'ils ont tenté de s'emparer par la force du Mavi Marmara en haute mer était des actes légitimes d'auto-défense non armée par une poignée de passagers, agissant contre une attaque injustifiée.
Même si nos bateaux transportaient 10.000 tonnes de fret extrêmement nécessaire à la population de Gaza, nous avons maintes fois affirmé que notre objectif était de briser le blocus illégal de Gaza, pas simplement de livrer de l'aide humanitaire. La crise humanitaire qui existe à Gaza est le résultat d'une politique délibérée, illégale et immorale. Contester cette politique pour mettre fin à la cause de la souffrance d'une population est une action humanitaire.
Alors que la rapport accuse avec juste raison Israël d'avoir fait usage d'une force excessive sur des civils non armés, il ne lui demande pas de rendre compte. Le rapport relève qu'Israël n'a pas répondu aux preuves médico-légales montrant que la plupart des neufs militants tués avaient fait l'objet de multiples tirs, y compris dans le dos, ou à bout portant, ni aux récits concordants de sévices subis par d'autres militants de la part des forces israéliennes. Le fait que le rapport recommande simplement qu'Israël exprime des regrets sur l'incident est une insulte aux victimes et à leurs familles, et ébranle gravement les droits internationaux de l'homme et le droit humanitaire.
Enfin, le rapport n'aborde pas la question des quatre autres bateaux de la Flottille de la Liberté 1, qu'Israël détient toujours, ni son refus de rendre aux passagers pour environ 1 million de dollars en argent et équipement, y compris des caméras et des vidéos d'une valeur indéniable.
Nous saluons la décision de la Turquie de rétrograder ses relations avec Israël, d'avoir expulsé l'ambassadeur israélien et d'avoir rompu les liens militaires, ainsi que sa déclaration qu'il prendra des mesures légales contre les Israéliens responsables de l'attaque de la flottille. Il faut de telles sanctions pour mettre fin à l'impunité avec laquelle Israël viole les droits de l'homme des Palestiniens et méprise le droit international.
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(1) " Report of the Secretary-General's Panel of Inquiry on the 31 May 2010 Flotilla Incident ", juillet 2011, 105 p., format PDF.
(2) "Report Finds Naval Blockade by Israël Legal but Faults Raid", New York Times, 1er septembre 2011.
(3) Voir "Colombia seeks to broaden Israël ties," Jerusalem Post, 28 avril 2010
(4) Voir "Wikileaks: Israël aimed to keep Gaza economy on brink of collapse," 5 janvier 2011, Ha'aretz, faisant état d'un câble fuité venant de l'ambassade US à Tel Aviv disant que les responsables israéliens voulaient que l'économie de Gaza "fonctionne au plus bas niveau possible qui évite une crise humanitaire."
Source : Free Gaza Movement
Traduction : MR pour ISM