Par Hürriyet Daily News
12/09/2011 - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdo?an est arrivé en Egypte aujourd'hui pour deux jours de contacts. Ses arrêts en Lybie et en Tunisie ensuite font de sa visite une sorte de "tournée du Printemps arabe", juste avant son départ pour les Etats Unis pour rejoindre l'Assemblée générale des Nations Unies à New-York. Mais la partie la plus cruciale de la visite est Le Caire.
Il y a quelques justifications à cette conclusion.
1) Les relations tendues entre la Turquie et Israël à la suite du raid sur le Mavi Marmara, au cours duquel neuf Turcs ont été tués par des soldats israéliens et le siège des Palestiniens de Gaza par Israël. Alors que la Turquie a déjà réduit ses relations diplomatiques avec Israël et défie les tentatives israéliennes d'exercer un contrôle maritime dans les eaux internationales pour imposer le blocus, Erdo?an a averti que les navires de guerre turcs pourraient escorter les convois d'aide turcs à la Bande palestinienne, qui est sous le contrôle du parti islamique Hamas.
2) Erdo?an a dit plusieurs fois maintenant qu'il irait à Gaza, une annonce que les dirigeants du Hamas ont applaudie, mais le seul moyen d'y aller autre qu'avec la permission des autorités israéliennes est le poste frontalier de Rafah contrôlé par l'Egypte (ou par bateau, mais personne n'a jusqu'à maintenant évoqué cette solution). Erdo?an n'a toujours pas dit qu'il renonçait à aller à Gaza pendant sa tournée mais le gouvernement égyptien, qui est au milieu d'un changement de régime, n'a pas envie d'une nouvelle confrontation avec Israël sur les Palestiniens.
3) Le sac de l'ambassade israélienne au Caire le 10 septembre a montré que le Printemps arabe pourrait avoir des conséquences imprévues ; ce n'est pas une plaisanterie. Erdo?an va rencontrer le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas (qui est aussi le rival politique de Khaled Meshaal, le dirigeant du Hamas) au Caire. Abbas a récemment rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Président US Barack Obama.
4) Le Caire a pris des dispositions pour qu'Erdo?an fasse un discours devant la Ligue arabe. Ce sera la deuxième fois - il détient déjà la distinction d'être le seul non-Arabe à le faire. De plus, il est prévu qu'il rencontre les jeunes leaders des manifestations de la Place Tahrir qui ont renversé Hosni Moubarak. Il est aussi possible qu'il fasse un discours public aux Egyptiens, comme l'a fait avant le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davuto?lu à Benghazi. C'est quelque chose que les dirigeants égyptiens peuvent avoir des difficultés à faire eux-mêmes ces temps-ci.
5) Erdo?an essaie d'impressionner les Etats Unis en raison du vote crucial prévu le 20 septembre à New York pour faire de la Palestine le 194ème membre des Nations Unies. Erdo?an sait que sans la bénédiction des Etats-Unis, ce sera difficile, mais il s'efforce de promouvoir la cause palestinienne, en particulier parmi les pays arabes et musulmans non-arabes, ainsi que dans les pays en voie de développement.
Le gouvernement israélien observe tout ceci avec circonspection, en comptant presque exclusivement sur le soutien des Etats Unis.
Malgré l'attitude sans compromis du ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, le ministre de la Défense (et ancien Premier ministre) Ehud Barak a dit hier qu'Israël pourrait se retrouver isolé après une réunion ministérielle au cours de laquelle les tensions avec la Turquie et l'Egypte ont été discutées.
Une visite qu'il sera intéressant d'observer, à un moment critique.
Source : Hürriyet Daily News
Traduction : MR pour ISM