par Dr Paul Craig Roberts
La réponse courte à ce titre question est "Non". Les détracteurs du Mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre ne présentent que des arguments ad hominem.
Nous allons prendre l'exemple des critiques faites aux « truthers » [chercheurs de vérité - NdT] par Ted Rall, Ann Barnhardt, et Alexander Cockburn.
Mais avant cela, regardons qui sont ces « truthers ».
Internet a permis à tout un chacun de posséder son propre site web et de critiquer ou de spéculer en s'en donnant à coeur joie. Il existe beaucoup de « théoriciens du complot du 11-Septembre ».
Parmi eux, nombreux sont ceux qui sont totalement ignares, d'un côté comme de l'autre. Et aucun des deux camps ne semble avoir honte d'exhiber cette ignorance.
[À vrai dire], chacune des deux parties a sa propre « théorie du complot ».
Le 11-Septembre était une conspiration, que l'on adhère à la thèse du coup monté (Inside Job) ou que l'on croit qu'une poignée d'Arabes a déjoué l'appareil de renseignements de l'ensemble du monde occidental, ainsi que les ripostes opérationnelles du NORAD et de l'Armée de l'air américaine.
Qu'un des deux côtés accuse l'autre d'être des « théoriciens du complot », c'est simplement l'hôpital qui se moque de la charité.
Le débat ne se construit pas avec des insultes, mais avec les faits.
Le Mouvement pour la Vérité sur le 11-Septembre n'a pas été créé par des blogueurs clamant [leurs vérités] sur leurs sites Web. Il a été créé par les architectes et des ingénieurs dont certains sont connus pour voir bâti des gratte-ciel en acier.
Il a été créé par des scientifiques éminents, tels que le nano-chimiste Niels Harrit de l'université de Copenhague, qui compte 60 articles scientifiques à son actif, et le physicien Steven Jones.
Il a été créé par les pilotes américains de l'US Air Force et des pilotes de ligne qui sont des experts dans le domaine de l'aviation.
Il a été créé par des pompiers qui se trouvaient dans les Tours Jumelles et qui ont personnellement entendu et ont été témoins de nombreuses explosions, y compris dans les sous-sols. Il a été créé par les membres des familles des victimes du 11-Septembre qui veulent savoir comment un événement aussi improbable que le 11/9 a pu se produire.
Ces professionnels et ces scientifiques s'expriment sur la base d'années d'expérience et d'expertise. Les scientifiques le font sur la base de recherches approfondies des éléments à disposition.
Quand une équipe internationale de recherche scientifique passe 18 mois à étudier les composants de la poussière des tours et des pièces de béton et d'acier fondus, ils savent ce qu'ils font. Quand ils annoncent qu'ils ont des preuves formelles de la présence de produits incendiaires et d'explosifs, vous pouvez mettre votre tête sur le billot qu'ils les ont.
Lorsqu'un physicien prouve que le bâtiment 7 (les étages non masqués par d'autres bâtiments) est tombé à la vitesse de la chute libre, et que le NIST finit par l'admettre, vous pouvez remettre votre tête sur le même billot que le physicien a raison.
Lorsque les chefs des pompiers et les équipes de nettoyage rapportent l'existence d'acier en fusion - et que leur témoignage est étayé par des photographies - prises dans les débris des ruines plusieurs semaines ou plusieurs mois après la destruction des bâtiments, vous pouvez encore et toujours mettre votre tête sur le même billot qu'il y avait bien de l'acier fondu.
Lorsque les autorités rapportent que l'utilisation massive de produits anti-incendie et d'énormes quantités d'eau n'ont eu aucun effet sur l'acier fondu, vous pouvez encore remettre votre tête sur le billot que la température, longtemps après la destruction des bâtiments, est restée extrêment élevée, beaucoup plus élevée que ce que n'importe quel incendie d'immeuble pourrait atteindre.
Quand les architectes, les ingénieurs et les scientifiques s'expriment, ils ne proposent aucune théorie sur les responsabilités du 11/9. Ils affirment [simplement] que les preuves connues ne sont en accord ni avec les rapports du NIST, ni avec celui de la Commission sur le 11/9. Ils disent que les inexactitudes dans l'explication que le gouvernement a fournie sont démontrées et qu'une enquête est nécessaire si nous voulons découvrir la vérité sur cet événement.
Examiner les faits et affirmer que ceux-ci ne sont pas en accord avec les explications fournies ne constitue pas une théorie du complot.
Telle est la position du Mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre.
Quelle est la position des détracteurs du mouvement ? Ted Rall dit : « Tout ce que j'ai lu et observé sur les sites des "Truthers" peut facilement être écarté par toute personne dotée des notions de base de la physique et de l'architecture. (J'ai passé trois ans en école d'ingénieur). informationclearinghouse.info
Wow! Quels diplômes impressionnants. Mais est-ce que Rall a jamais conçu un gratte-ciel en acier ? Est-ce que Rall pourrait soutenir un débat avec un professeur de nanochimie ? Pourrait-il réfuter les lois de Newton dans un débat avec des physiciens universitaires ? Est-ce qu'il connaît quoi que ce soit concernant le pilotage d'avions de ligne ? A-t-il une explication sur le fait qu'une centaine de pompiers, concierges, sans compter certains rapports de police, ont fait état d'explosions qu'ils n'auraient donc ni ressenties ni entendues ? De toute évidence, Ted Rall n'a aucune des qualifications nécessaires pour porter un jugement sur les conclusions d'experts dont les connaissances dépassent de loin ses connaissances anémiques.
Ann Barnhardt écrit de son côté : « Je dois vous dire, j'en ai par-dessus la tête de ces chercheurs de la Vérité du 11-Septembre. S'il est un fait dans notre culture profondément malsaine qui résume à quel point nous sommes à côté de la plaque et complètement fêlés, en tant que peuple, c'est bien la recherche pour la vérité sur le 9/11. Ça recouvre à peu près tout : Dégoût de soi, antisémitisme, absence de connaissance de la physique de base et une incapacité générale à penser logiquement. » Et elle continue sur le même ton.
Étonnant, n'est-ce pas ? Des professeurs de physique n'ont « aucune connaissance de la physique élémentaire. »
Des logiciens internationalement reconnus présentent « une incapacité générale à penser logiquement. » Les gens formés à la méthode scientifique qui l'utilisent pour essayer de découvrir la vérité [sur le 11/9] présentent un « dégoût d'eux-mêmes. » Et si vous doutez de la version du gouvernement, vous êtes antisémite. Barnhardt donne ensuite à ses lecteurs une leçon de physique, d'architecture structurelle et d'ingénierie, et du comportement de l'acier sous l'influence de la chaleur et des tensions [mécaniques], qui constitue l'absurdité la plus absolue qu'on puisse imaginer.
De manière évidente, Barnhardt parle sans rien y connaître, mais étant totalement imbue d'elle-même, elle exclut d'emblée les véritables scientifiques et les professionnels au moyen d'arguments ad hominem. Elle joint à cette performance caricaturale une vidéo d'elle-même en train d'arracher des pages du Coran, qu'elle a marqué au préalable avec des tranches de bacon, et en brûle les pages.
Nous arrivons maintenant à Alexander Cockburn. Ce n'est certainement pas un imbécile. Je le connais. Il est d'agréable compagnie. Il sait mener une conversation poussée et intéressante. Je l'aime bien. Pourtant, lui aussi il écarte avec une extrême arrogance des experts hautement qualifiés qui exposent des preuves opposées à la version gouvernementale américaine sur le 11-Septembre.
Cockburn esquive les faits présentés par des experts qualifiés, et préfère avoir recours à la parodie. Il écrit que les conspirationnistes prétendent que les Tours Jumelles « se sont empilées comme des crêpes parce que des agents de Dick Cheney - des dizaines d'agents - ont installé méthodiquement des charges de démolition. »
Sans doute y a-t-il des blogueurs quelque part dans le vaste monde de l'Internet qui disent cela. Mais ce n'est pas ce que disent les professionnels, qui ont simplement démontré que le compte-rendu officiel est incorrect. Les experts disent seulement que les faits ne s'accordent pas avec l'explication officielle. Plus récemment, une équipe internationale de scientifiques a déclaré avoir trouvé des preuves irréfutables de matériaux incendiaires et d'explosifs. Ils n'ont rien dit au sujet de ceux qui les ont mis en place. De fait, ils ont suggéré que d'autres scientifiques devraient vérifier leurs conclusions en répétant leurs travaux. Après avoir traité les experts de "timbrés de la conspiration", Alex les condamne parce qu'ils ne peuvent avancer un « scénario de la prétendue conspiration. »
En outre, pas un seul de ces experts ne croit que les tours se sont « empilées ». C'est une explication qui est apparue au tout début, je crois, et que le NIST avait un moment mis en avant, mais qu'il a abandonnée en raison notamment de la vitesse à laquelle les bâtiments se sont effondrés et pour d'autres raisons.
Contrairement à Rall et Barnhardt, Cockburn se réfère à des faits, mais il s'agit de rumeurs du deuxième ou troisième degré, totalement absurdes dès le premier regard. Par exemple, Cockburn écrit que Chuck Spinney « me dit qu'il existe des clichés du Boeing 757 qui a frappé le Pentagone - qu'elles ont été prises par les caméras de surveillance depuis l'héliport du Pentagone, juste à côté du point d'impact. Je les ai vues toutes les deux - des images fixes ou animées. J'ai failli voir ça personnellement, mais le conducteur de la fourgonnette dont je suis descendu sur le Parking Sud, l'a vu de si près qu'il pouvait apercevoir les visages terrifiés des passagers aux hublots. »
S'il y avait des photos ou des vidéos d'un avion frappant le Pentagone, elles auraient été divulguées depuis longtemps. Elles auraient été présentées à la Commission sur le 11-Septembre. Pourquoi le gouvernement refuserait-il depuis 10 ans de montrer des photos qui prouvent sa version ? Le FBI a confisqué toutes les pellicules de toutes les caméras de surveillance [sur place]. Personne n'a vu ces images, et sûrement pas un observateur critique du Pentagone tel que Spinney.
Je dois dire que le chauffeur de camionnette a une vue plus perçante qu'un aigle, s'il a pu voir les expressions sur les visages des passagers à travers les petits hublots d'un avion se déplaçant à plus de 800km/h. Essayez un jour. Asseyez-vous sur votre perron et essayez de discerner à travers des fenêtres d'ailleurs plus grandes et mieux éclairées, les expressions des passagers parcourant votre rue dans un véhicule en mouvement à 45 km/h. Puis, multipliez la vitesse par 16,7 pour atteindre 800 km/h, et dites-moi si vous voyez autre chose qu'un grand flou.
Un autre argument qu'utilise Cockburn pour prouver que les truthers sont des timbrés, est une lettre que Herman Soifer, qui prétend être un ingénieur en structures à la retraite, lui a écrit, et qui résume « de manière succincte l'effondrement des bâtiments 1 et 2 [du WTC]. » Voici ce que Soifer, qui « avait pu consulter les plans et l'ingénierie des Tours lors de leur construction », a écrit à Alex : « En gros, les Tours étaient des tubes, essentiellement creux. » Ce bobard est pourtant éventé depuis des années. Si Alex avait consulté même superficiellement les plans des bâtiments, il aurait découvert que ce n'étaient pas des tubes creux à paroi fine, mais qu'elles contenaient un très grand nombre de poutres épaisses en acier massif.
La volonté de Cockburn de discréditer en les traitant de cinglés de nombreux experts reconnus, en se basant sur le récit d'un conducteur de fourgon qui aurait vu les visages terrifiés des passagers se déplaçant à 800 km/h, ou encore sur la description totalement erronée des Tours formulée dans une lettre écrite par quelqu'un qui ne connait rien à l'intégrité structurelle des bâtiments, signifie que c'est quelqu'un de bien plus courageux que moi.
En effet, avant de traiter de cinglés des architectes qui ont fait toute leur carrière dans la construction de bâtiments à structure d'acier, je chercherais à en savoir beaucoup plus sur le sujet que je n'en sais aujourd'hui. Avant de me moquer de nanochimistes et de physiciens, je voudrais au moins être capable de lire leurs rapports et de trouver les imperfections scientifiques dans leurs arguments.
Pourtant, aucun de ceux qui ridiculisent les sceptiques du 11-Septembre ne possède ces compétences. Comment, par exemple, Rall, Barnhardt, ou Cockburn peuvent-ils émettre un jugement sur un nanochimiste qui possède 40 ans d'expérience et 60 publications scientifiques à son actif ?
Ils ne peuvent pas, et pourtant ils le font. Ils n'hésitent pas à porter un jugement sur les questions pour lesquelles ils n'ont aucune connaissance, aucun entendement. C'est un phénomène psychologique intéressant, digne d'être étudié et analysé.
Un autre phénomène intéressant est la forte réaction émotionnelle que beaucoup éprouvent à propos du 11-Septembre, un événement sur lequel ils ont finalement peu d'informations. Même les responsables de la Commission du 11/9 ont indiqué que des informations leur avaient été cachées, et que la Commission avait été "mise en place pour échouer." Ceux qui s'empressent de défendre le NIST ne savent même pas ce qu'ils défendent puisque le NIST refuse de publier les détails de la simulation [informatique] sur laquelle il fonde ses conclusions.
Il n'y a pas de débat sur le 11-Septembre.
D'un côté, nous avons des experts éminents qui démontrent l'existence de problèmes dans la version officielle, et de l'autre, on trouve des non-experts qui dénoncent ces experts en les traitant de timbrés conspirationnistes.
Les experts sont [par nature] prudents et très attentifs à ce qu'ils disent, alors que leurs détracteurs agissent sans prudence et rejettent toute méthode.
Voici donc l'état actuel du débat sur le 11/9.
Paul Craig Roberts
Article original en anglais : The "Critics" of 9/11 Truth. Do They Have a Case?, publié le 13 eptembre 2011
Traduction Martin pour ReOpenNews
En lien avec cet article :
THE 9/11 "BIG LIE". WHEN FICTION BECOMES FACT
- by Global Research - 2011-09-11
Voir également la vidéo : dailymotion.com
Le Dr Paul Craig Roberts est le père de la Reaganomics et l'ancien chef de la politique au Département du Trésor. [NdT. Le ministre français de l'économie et des finances, Édouard Balladur, reconnaissant ses compétences, lui décerne la Légion d'honneur en 1987.] Il est chroniqueur et a été précédemment rédacteur pour le Wall Street Journal. Son dernier livre, "How the Economy Was Lost: The War of the Worlds" (Comment l'économie a été perdue : la guerre des mondes), détaille les raisons de la désintégration des Etats-Unis.