09/10/2011 agoravox.fr  4min #58278

 La lutte des étudiants chiliens et l'héritage de 1973

Chili : Le spectre de Pinochet hante les étudiants

Cette manifestation est la 37e depuis le début du mois d'avril quand les étudiants chiliens sont descendus dans la rue afin de réclamer "une éducation gratuite, libre et de qualité." Ce 6 octobre 2011, pour beaucoup d'entre eux, le spectre du dictateur était au dessus de leurs têtes...

Des journalistes ont été arrêtés puis relâchés, des étudiants aspergés d'eau et de gaz lacrymogènes et le bâtiment de la CONFECH (Confédération des étudians chiliens) fut visé par ces mêmes gaz lancés par la police. Les leaders étudiants ont été surpris et choqués par l'ampleur de la violence qui marque cette manifestation sur un itinéraire "non-autorisé". La première depuis la rupture officielle des négociations entre le gouvernement et les étudiants, ce mercredi 5 octobre. Le porte-parole du président Pinera affirme quant à lui obtenir l'approbation de la majorité des chiliens par rapport au projet de loi visant à punir l'occupation des universités et des écoles publiques. Mais, un récent sondage le contredit : 89 % des sondés sont en faveur du mouvement étudiant.

"L'Etat doit garantir une éducation gratuite, et cela n'est pas effectif dans les propositions, qui visent à restreindre la gratuite d'un secteur, aux statistiques pauvres, de la population" a déclaré Camila Vallejo, présidente de la fédération des étudiants chiliens (la Fech). Celle qui a reçu le prix de "Mujer Terra 2011", pour son implication entant que femme dans un mouvement, a expliqué que la hausse de 7,9% du budget proposée pour l'éducation était insuffisante. Ce pourquoi les étudiants l'ont rejeté. "Il n'y a pas de volonté claire d'aller vers la gratuité du système éducatif public, d'aller vers une éducation de qualité où l'Etat prendrait ses responsabilités. On reste dans le même modèle dicté par les lois du marché." a réaffirmé Camila à la presse chilienne et internationale. Sur Twitter, en marge de la marche de ce jeudi, elle s'insurge : " Ce qui est inacceptable, c'est que le gouvernement continue de se moquer de notre peuple. La répression et la violence d'aujourd'hui est sans précédente." Via ses tweets, la dirigeante étudiante a appelé sa génération à manifester son indignation dès 20 h 30 par des coups de casseroles, symboles de la contestation durant la dictature. Sur les ondes de la radio de l'Université du Chili, Camila Vallejo a conclu que : " L'extrême droite s'est re-manifestée dans les rues avec ce type de répression." Sentiment partagé par Giorgio Jackson devenu vice-président de la fech.

Est-ce un premier signe ? Pour la première fois depuis le début de la contestation étudiante, Reporters Sans Frontières s'est exprimé contre le projet de loi du gouvernement chilien et contre l'arrestation faite ce jeudi, d'une demi-douzaine de journalistes. Le mouvement étudiant chilien, qui grâce à sa leader charismatique, Camila Vallejo, avait trouvé un écho dans le monde entier, espère bien ne pas se retrouver isolé après cinq mois de manifestations interrompues. Quant au gouvernement chilien, il accuse les étudiants de se faire manipuler par la branche extrême des leaders étudiants, dont la plupart ont pris plus de poids dans les jeunesses du parti communiste.

C'est ce vendredi 7 octobre que se termine officiellement l'année académique au Chili. Par ailleurs, une autre marche est prévue pour le 19 octobre par les étudiants. Un sondage publié cette semaine montre que Camila Vallejo fait figure d'exemple pour bon nombre d'adolescents chiliens. Début septembre, dans le reportage qui suit, l'émission Tv péruvienne Dia D est revenue sur le rôle de Camila dans les mobilisations étudiantes.

Les liens pour en savoir plus :
Reporter sans frontières :  rsf-ch.ch
Radio de la UChile :  radio.uchile.cl
Journalistes chiliens arrêtés :
 ilovechile.cl
[:mmd]
 agoravox.fr