26/10/2011 presseurop.eu  6min #59004

 Les conflits franco-allemands paralysent le sommet de l'Union européenne

Cameron secoué par la vague eurosceptique

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OSCE

Le 24 octobre, la Chambre des communes a rejeté à une très large majorité une motion proposant la tenue d'un référendum sur les relations du Royaume-Uni avec l'Europe. Ce vote a profondément divisé les conservateurs au pouvoir. Divisée elle aussi, la presse britannique s'accorde cependant sur un point : une remise à plat de la relation à l'Europe est inévitable.

"David Cameron ébranlé par une rébellion massive et une nouvelle fracture européenne chez les Tories",  titre The Guardian, alors que 81 parlementaires conservateurs – un record – viennent de voter en faveur d'un référendum sur les relations du Royaume-Uni avec l'Europe, en dépit des instructions de leur parti. Victimes d'une lourde défaite, à 483 voix contre et 111 pour, ces conservateurs rebelles soulignent aujourd'hui que le Premier ministre a obtenu "une large victoire grâce aux instructions de vote imposées par Ed Miliband, le chef des travaillistes, à ses propres parlementaires". Selon le quotidien de centre gauche, David Cameron doit s'attendre à "quatre années de guerre de tranchées contre des députés de base mécontents."  A en croire l'éditorial du Guardian,
Cette révolte inédite menée par 81 parlementaires conservateurs met à nu les indécrottables penchants destructeurs du parti sur la question européenne.

Le Premier ministre, qui a par le passé fait campagne pour un référendum, ou du moins pour un transfert de pouvoirs au détriment de Bruxelles et au profit de Westminster,  a mis un peu d'europhilie dans son discours devant la Chambre des Communes :

En ces temps de crise économique, le moment est mal choisi pour formuler des propositions législatives incluant un référendum pour ou contre [notre maintien dans l'UE]. Quand il y a le feu chez vos voisins, votre premier élan devrait être de les aider à éteindre l'incendie, notamment pour empêcher les flammes de s'étendre chez vous.

Cependant, selon un  sondage du Guardian publié le jour du vote, de nombreux Britanniques estiment visiblement qu'en matière de pare-feu, il n'y a pas mieux que la Manche. En tout, 70 % des électeurs souhaitaient un vote sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union : 49 % ont déclaré que lors d'un référendum, ils voteraient pour la sortie de l'UE, alors que 40 % s'exprimeraient pour le maintien.  L'éditorialiste Polly Toynbee est furieuse :

(...) la patience [des Européens] envers notre comportement perturbateur, égoïste et d'une odieuse arrogance est vraiment remarquable. Nous voulons tout, nous ne donnons rien ou presque, nous nous plaignons constamment et nous proférons de monstrueux mensonges sur ce club que nous dirigeons tous ensemble. Or, le plus souvent, ils se contentent de soupirer poliment devant l'enfant gâté de l'UE pendant que nous enchaînons caprice sur caprice.

Un sentiment que semble partager  Steve Richards, dans The Independent, pour qui les conservateurs eurosceptiques ont proposé là "un référendum chimérique sur une 'Europe' tout aussi chimérique". L'UE, écrit-il,
(...) est une chimère protéiforme qui resurgit régulièrement pour mettre à bas les gouvernements. La véritable Union européenne est une bureaucratie qui manque singulièrement de transparence et n'évolue que de façon erratique. Pourtant, malgré tous ses défauts, l'Europe a de la valeur et mérite que l'on en fasse partie, aujourd'hui plus encore que lors de l'adhésion de la Grande-Bretagne au début des années 1970. (...) [Néanmoins], il est probable que toute évolution importante de l'Europe à l'avenir devra être soumise à un référendum en Grande-Bretagne. Or dans le climat actuel, ce référendum serait un échec, ce qui signifie qu'aucun gouvernement britannique n'est probablement en position de soutenir la moindre mesure visant à approfondir l'intégration.

 Le Daily Telegraph, lui, a vu cette semaine deux "David Cameron en action". En Europe, le premier "était en première ligne, tenant tête au Français Nicolas Sarkozy qui a dit 'en avoir assez' de voir la zone euro recevoir des leçons d'un pays qui a eu la bonne idée de ne pas y adhérer". Mais le quotidien proche des tories s'en prend aussi à

un Premier ministre qui tente d'empêcher son propre parti d'exprimer librement une opinion - et une opinion partagée par une part importante de l'opinion - s'engage sur un terrain glissant (...). Tourner délibérément le dos à une large frange de vos soutiens au Parlement n'est pas une stratégie raisonnable au moment même où s'annonce pour vous une longue bataille diplomatique en Europe.

Dans son éditorial,  le conservateur The Times déplore la confusion qui régnait autour de la proposition elle-même :
Cette motion en faveur de l'organisation d'un référendum proposait trois options : rester dans l'Union européenne, en sortir, ou bien renégocier les termes de l'adhésion. Les partisans de la motion n'avaient visiblement aucune idée de ce que pouvait donner un référendum à triple choix, et ils étaient incapables de préciser ce qu'ils entendaient par une renégociation des termes (...). [Il n'en reste pas moins qu'] une redéfinition de nos relations avec l'Europe se fait attendre depuis bien longtemps. Et elle se fera bientôt. Mais certainement pas maintenant, ni dans les modalités fort confuses présentées devant le Parlement.

"Scandaleuse trahison sur l'UE",  titre le Daily Express, qui mène une vigoureuse campagne en faveur d'un retrait pur et simple de l'Union, source, à ses yeux, de tous les maux. "Les souhaits du peuple britannique ont été foulés aux pieds", déplore le  quotidien dans son éditorial. Cependant,
(...) Ce débat aux Communes marque un tournant dans la posture britannique à l'égard de l'Union. Aujourd'hui, la crise qui s'intensifie dans la zone euro et l'interférence croissante de Bruxelles dans nos lois et notre mode de vie font que notre maintien dans l'Union a cessé d'être considéré comme une évidence. Le combat continue.

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