28/10/2011 info-palestine.net  4min #59122

 23 octobre 2011 : vote historique en Tunisie

Tunisie : al-nahda déclaré vainqueur des élections à l'assemblée constituante

Al jazeera

Le parti islamiste modéré a officiellement remporté plus de 40% des sièges à la nouvelle Assemblée constituante.

Tunis : rassemblement du mouvement al-Nahda devant le siège de l'organisation à Tunis lors de la publication des résultats - Photo : Reuters

Le parti islamiste tunisien al-Nahda [Ennahdha] a remporté les élections avec 41,5% des suffrages exprimés, neuf mois après le renversement du dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

Le parti a obtenu 90 sièges sur 217 dans la nouvelle Assemblée qui va rédiger une nouvelle constitution, nommer un président et former un gouvernement intérimaire, a annoncé ce jeudi à Tunis le responsable de la commission électorale Kamel Jendoubi.

Les candidats du parti « Le Congrès pour la République » (CPR) sont en deuxième position avec 13,8% des voix, soit 30 sièges, et le troisième parti, « Ettakatol », a obtenu 9,7% des voix soit 21 sièges, a-t-il encore déclaré.

Pendant ce temps, des manifestations de soutien au parti arrivé quatrième dans le vote de dimanche, ont éclaté dans et autour de Sidi Bouzid, la ville d'où est partie le soulèvement qui a chassé Ben Ali du pouvoir.

Les manifestants étaient en colère après que les responsables électoraux aient invalidés les sièges remportés par Areedha Chaabiya, ou « Liste populaire », un parti dirigé par l'homme d'affaires Hachmi Hamdi, pour violations présumées des règles de financement de la campagne électorale.

Plus de 2000 jeunes ont défilé à Sidi Bouzid en direction du siège d'Ennahdha, le parti sorti vainqueur des élections, et ont jeté des pierres sur les forces de sécurité et mis le feu à des pneus.

Les protestations se sont étendues à la ville proche de Menzel Bouzayane, où plus de 1000 personnes ont manifesté, a déclaré le dirigeant syndical Mohamed Fadhel. A Meknassy, à 50 km de Sidi Bouzid, des manifestants ont mis le feu au bureau du parti Ennahda, a déclaré Fadhel.

Former une coalition

Après qu'Ennahdha ait été officiellement déclaré vainqueur, son principal dirigeant  Rachid Ghannouchi a déclaré : « Nous allons poursuivre cette révolution et réaliser ses objectifs d'une Tunisie libre, indépendante, prospère et qui se développe, dans laquelle les droits de Dieu, du Prophète, des femmes, des hommes, des religieux et des non-religieux sont garantis car la Tunisie est pour tous. »

Ennahdha, interdit sous le régime de Ben Ali et enregistré comme parti politique en mars de cette année, avait annoncé à l'avance sa victoire en faisant savoir dès mercredi qu'il avait entamé des négociations pour former une coalition, avec pour objectif de former un nouveau gouvernement d'ici un mois.

La nouvelle assemblée décidera du système de gouvernement du pays et de la façon de garantir les libertés fondamentales, dont les droits des femmes, beaucoup craignant en Tunisie que le parti Ennahdha ne cherche à les limiter en dépit des assurances fournies.

Les analystes disent qu'Ennahdha, même dans une alliance majoritaire, sera dans l'impossibilité de « dicter » son programme à l'Assemblée, n'ayant d'autre choix pour s'entendre avec ses partenaires que de promouvoir une société à l'idéologie modérée.

Les partis de gauche peuvent encore tenter de former un bloc majoritaire s'opposant à Ennahdha.

Le parti Ennahdha à déclaré plus tôt jeudi qu'il avait déjà rencontré des banquiers et des courtiers en valeurs mobilières pour les « rassurer » sur ses intentions.

Remarques du Premier Ministre

Beji Caid Sebsi, actuel Premier ministre, a déclaré qu'il n'avait aucune raison de douter de l'engagement d'Ennahda pour un Etat laïque et démocratique.

« Je ne peux pas juger des intentions, cela revient à Dieu », à déclaré Sebsi au quotidien égyptien Al-Ahram. « Je ne peux que juger par ce qui est public et jusqu'ici c'est positif. En l'espace d'une journée, personne ne peut venir changer les choses complètement. »

« Je pense qu'[Ennahdha] gouvernera intelligemment et fera face à la réalité. Ce n'est pas nécessairement une force rétrograde. La Tunisie continuera d'aller de l'avant et n'ira pas contre l'histoire. »

Sebsi, un technocrate laïque qui a occupé des fonctions dans les cabinets de Ben Ali, est en charge du poste de Premier Ministre par intérim depuis le mois de mars de cette année.

Défiant toutes les prévisions selon lesquelles les élections entraîneraient de la violence et des affrontements entre la police et une minorité extrémiste salafiste, le scrutin de dimanche a été pacifique et loué par le reste du monde.

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