03/11/2011 pauljorion.com  3min #59400

L'actualité de la crise : Quel Festival À Cannes ! par François Leclerc

Le guet-apens a fonctionné. Devant la menace d'une sortie de l'euro, une opposition à la tenue d'un référendum sur cette question s'est immédiatement manifestée dans les rangs du gouvernement grec. La perspective de voir voter la confiance au gouvernement demain vendredi au Parlement s'évanouit. Si Brutus était grec, il s'appellerait Evángelos Venizélos, du nom du ministre des finances qui aspire à prendre la place de Georges Papandréou et s'est sans tarder opposé à la tenue du référendum sur ce thème. Les tractations se multiplient à Athènes, les rebondissements ne vont pas manquer, les réunions de crise se multiplient.

Même si une clarification, quelle qu'elle soit, intervient rapidement, les dirigeants européens vont être placés dans une situation très inconfortable. Le sort réservé par le marché à l'Italie va être l'objet de toutes les attentions. Le pays est désormais monté en première ligne. Qui l'eut cru il y a encore quelques semaines ?

Un conseil des ministres extraordinaires a approuvé dans la précipitation les mesures annoncées par Silvio Berlusconi dans sa lettre à l'Union européenne, tandis que la Troïka va la semaine prochaine débuter sa mission d'inspection au Portugal, qui attend pour demander un allégement de sa peine, sous forme d'allongement des délais dans un premier temps. Partout, les temps sont de plus en plus difficiles.

Il va être tenté d'accélérer le montage financier destiné à renforcer le FESF (fonds européen de stabilité financière), qui continue de susciter de sérieux doutes, la période d'incertitude n'étant pas propice pour avancer sur le second volet du « pare-feu », en vue d'obtenir des concours financiers en dehors de l'Europe. Vu l'état du marché obligataire, le FESF a déjà repoussé une émission en ce début de semaine, s'attendant à devoir concéder un taux plus élevé que la fois précédente et ne voulant pas prendre le risque qu'elle ne soit que partiellement souscrite.

Avec ses moyens limités, il va devoir si nécessaire faire face aux besoins de l'Italie, gardant toutefois des moyens pour aider les banques qui ne parviendront pas seules à renforcer leurs fonds propres. Ce renforcement va lui-même devoir être accéléré, afin de parer à toute éventualité côté grec, avec le risque de devoir assumer, pour certaines d'entre elles, une dévalorisation encore plus grande que prévue des titres grecs - public et privés - qu'elles détiennent, ainsi que de leurs crédits.

Depuis le Palais des Congrès de Cannes, les dirigeants du G20 vont être aux premières loges d'un nouveau festival. Sur leurs écrans, ils ont déjà pu constater que le taux obligataire italien avait pointé à 6,4 % et, pire signal encore, que le spread entre l'Allemagne et la France s'accroissait, en raison d'une baisse du taux allemand et d'une hausse de celui des Français. Les marchés n'aiment pas les tragédies et viennent aussi de le faire savoir aux Espagnols, dont le taux a cinq ans a grimpé à l'occasion d'une émission, passant de 4,489 % (le 1 er septembre) à 4,848 %.

Pendant que les pays de la zone euro membres du G20 se réunissent, accompagnés par l'Espagne qui est invitée, ceux du BRICS en font autant de leur côté. Président du G20, Nicolas Sarkozy tente de faire prévaloir une entente avec les États-Unis, Barack Obama se contentant de saluer « quelques pas vers une solution globale »...

[:mmd]
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