Ghris Djillali - Le Quotidien d'Oran
Faut-il être expert en linguistiques pour comprendre le sens des termes « justice » et « barbare » ? Notre nature humaine est suffisante pour en comprendre et apprécier le sens exact, et on n'a pas à l'apprendre d'autrui. Le monde est petit et rien ne se cache pour ceux qui cherchent la vérité.
Le réseau international d'information nous permet aujourd'hui l'accès à tout ce qu'on cherche. Des centaines d'analystes, de différentes visions et avec différents intérêts, nous aident à bien comprendre ce qui se passe dans notre monde. On n'a alors qu'à utiliser notre sens de la logique pour mieux trier le vrai du faux. Les jugements extrêmes sans réserves ne peuvent pas être acceptés, car il s'agit de la pure vérité que seul Dieu détient. Il y aura donc toujours un petit détail qui manque aux meilleures des analyses, même lorsqu'elles sont considérées complètes. Que doit-on penser des interventions de l'OTAN dans le monde ? En particulier dans le monde arabo-musulman ?
On a assassiné SADDAM au nom de la démocratie et des valeurs humaines. Si ces raisons étaient réelles, elles auraient été acceptées le plus normalement du monde, et il n'aurait pas été nécessaire de tromper l'opinion internationale pour accomplir cet acte. Par contre, on a créé des mensonges de toute sorte pour préparer le terrain. Le petit pays, l'Irak, était soudain devenu la quatrième puissance militaire mondiale, et il allait envahir toute la région. Un perturbateur de l'ordre mondial qu'il fallait éliminer. La société parfaite n'existe pas, et partout on trouvera des mécontents. Bien sur, lorsqu'un dictateur ne veut pas se corriger, le peuple a le droit à tous les moyens pour s'en débarrasser. Ce sont les méthodes qui restent discutables. Le grand problème aujourd'hui, c'est le comportement des grandes puissances, hypocrites, qui trouvent dans des situations pareilles, l'occasion de régler leurs propres comptes avec ces dictateurs, en commettant plus de dégâts. La méthode cruelle d'élimination nous a prouvé que les occidentaux n'étaient pas les vrais civilisés qu'on croyait.
Pendant les siècles de colonisation, durant lesquels nous étions forcés à rester analphabètes, ils avaient utilisé tous les moyens pour nous faire croire qu'ils étaient des bienfaiteurs. Et comme les mensonges ne peuvent être éternels, les peuples ont su à la fin comment se libérer. La nouvelle donne aujourd'hui, c'est la crise économique internationale. Des dizaines de milliers de milliards de dollars de dette, comment résoudre un tel problème ? Cette immense quantité de dollars, étalés, couvrira facilement une autoroute à quatre voies autour de notre planète. Une somme incroyable. Et ce ne sont pas quelques projets industriels qui pourront suffire à effacer ces montants. Il va falloir donc trouver quelque chose de bien colossal et durable.
Quoi de mieux que la patrie pour laquelle ABRAHAM a prié pour quelle soit riche et paisible ? La terre musulmane est non seulement riche, mais également gérée par des incompétents, faciles à tromper et à corrompre. Un autre grand projet sans fin qu'on peut, sans exagérer, considérer comme la meilleure trouvaille, pour l'industrie militaire surtout, est le conflit éternel Sunna-Chiites qu'on cherche à tout prix à faire renaître. Et on se permet aujourd'hui d'utiliser les organisations internationales pour forcer les peuples à croire les mensonges. Adieu l'honnêteté. Une nouvelle forme de colonisation est née. On cherchera les petits opposants, on interviendra pour les renforcer en posant ses conditions, on amplifiera le problème avec des mensonges grossiers et largement diffusés, on terrorisera le reste de la population et on finira par atteindre son sale objectif.
Les impérialistes ne changeront jamais, et leurs méthodes deviennent beaucoup plus dangereuses. Les multinationales étaient déjà en Libye avant GADDAFI, mais ce dernier avait ses visions propres des choses, il constituait toujours un obstacle. C'était un dictateur comme beaucoup d'autres, il a commis l'erreur de ne pas partager le pouvoir, mais les capitalistes ne s'intéressent que très peu aux libertés et aux droits des peuples. La révolution arabe était l'occasion à ne pas rater. Une fois de plus, les civilisés ont montré leur vrai visage de sauvages.
GADDAFI avait ses défauts, son peuple avait droit à plus de liberté, mais n'avait pas autant de pauvres que les capitalistes. D'un jour à l'autre, il est devenu un simple bandit avec quelques groupes armés. On n'a pas besoin de huit mois de bombardement, des milliers d'opérations destructives et aveugles, de mercenaires de l'OTAN, qu'on ne voit d'ailleurs jamais en image, pour venir à bout de groupuscules cachés ça et là. Malheureusement, l'éducation a fait défaut en Libye. On tombe dans le jeu de la mafia internationale, l'OTAN, lorsqu'on est naïf, incompétent et inconscient. L'erreur de GADDAFI était de trop fermer le champ politique. C'était, malgré tous ses défauts, un symbole afro-arabe.