19/12/2011 mondialisation.ca  25min #61222

 Elections contestées et « désordres » en Russie

Qui veut la peau de Vladimir Poutine ?

par Léon Camus

La colère virtuelle gronde sur la Toile et déborde sur la rue moscovite pour dénoncer Poutine le ripou et les fraudes électorales qui frapperaient de nullité les dernières élections législatives russes. Mais que cherchent les agitateurs télématiques et les provocateurs de la voie publique ? Un changement de régime en Russie ? Bloquer la réélection de Poutine à la présidence en mars prochain ? Dissuader Moscou de persévérer à soutenir le Baas syrien et d'envoyer sa flotte de guerre en Méditerranée orientale ? Ou encore de continuer à participer au programme nucléaire iranien ? Ou bien tout cela ensemble ? N'empêche, l'escalade des défis, et de menaces tous azimuts devient de jour en jour plus manifeste au risque - peut-être - de nous conduire vers un conflit généralisé... Car sans être outrancièrement alarmiste, et moins encore catastrophiste, il est à l'heure actuelle difficile d'ignorer que sur le tableau de bord mondial tous les voyants, les uns après les autres, passent au rouge. Encore qu'il faille se montrer prudent, car les fauteurs de guerre - les vrais - s'entendent à brouiller les pistes, à jeter de l'huile sur le feu, à souffler le chaud puis le froid et attiser les peurs... ce faisant, parfois même sous couvert de dénonciation des périls, à préparer les esprits au pire mais en inversant habilement causes et effets... c'est-à-dire en imputant leurs propres intentions criminelles à des tiers qui n'en peuvent mais !

Oceania contre Eastasia... comme dans le roman éponyme « 1984 » ?

Sommes-nous entrés définitivement dans le monde de George Orwell avec la perspective d'une confrontation tous azimuts entre un bloc euratlantique et un bloc continental eurasiatique ? L'actuelle montée des périls à laquelle nous assistons impuissants nous conduira-t-elle inéluctablement à un conflit potentiellement mondial ? Ou bien tout cela n'est-il qu'une prodigieuse partie de bluff, une guerre par l'imaginaire des foules interposé grâce aux formidables capacités de manipulation mentale qu'ont engendrées la science et l'art publicitaire... aujourd'hui démultipliés par la télématique avec ses réseaux sociaux vecteurs de vents de rumeurs continentaux, de paniques et d'élans passionnels collectifs se propageant à la vitesse de la lumière ?

Les provocations militaires et diplomatiques de l'Administration Obama contre la Russie et la Chine - parce que c'est de cela dont il s'agit - entrent certainement dans ce cadre, tout comme les déclarations inouïes de M me Clinton s'ingérant brutalement dans les affaires russes [1]... en conduisant derechef, avec un infernal toupet, une inédite diplomatie du trompe l'œil et de ce que les anglo-saxons nomment le deception game... tromperie et désinformation en temps réel puisqu'à l'âge virtuel, la réalité est condamnée à s'effacer devant la perception subjective des événements et leur cortège d'émotions, de colère et d'erreurs que véhiculent mots et images calibrés à la mesure des tirs de barrage médiatiques !

Moscou face à une tentative de « révolution d'automne »

Dimanche 4 décembre, Russie Unie, le parti des compères Medvedev et Poutine, arrive en tête des élections législatives avec 49,3% des voix, soit 238 sièges sur les 450 que compte la chambre basse, la Douma, subissant néanmoins un recul de 77 sièges [2]. L'agitation commence le lendemain lorsque 3000 militants du mouvement libéral Solidarnost sous la conduite d'Ilya Yashin et du militant anti-corruption Alexei Navalny [3], rameutés grâce aux réseaux sociaux Twitter et Facebook, se rassemblent devant la Commission électorale pour exiger une « Russie sans Poutine »... Là, 300 manifestants parmi lesquels Yashin et Navalny sont arrêtés par les forces de l'ordre. Pour l'anecdote les images de ce rassemblement diffusées peu après par la chaîne américaine Fox News [4] et reprises par France 24, n'étaient celles de manifestants moscovites... mais athéniens ! Seule la première impression étant la bonne et aucun correctif adéquat n'ayant été publié, ce sont des images d'émeutes que les opinions occidentales garderont en mémoire ainsi que toute la charge négative envers Poutine qui les accompagne !

Embrayant aussitôt sur ce qui apparaissait à travers la présentation qu'en faisait les médias comme l'amorce d'une révolte populaire spontanée, l'ancien président russe Mikhail Gorbatchev demandait l'annulation des élections, tandis que le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague - délaissant un instant la préparation d'une nouvelle guerre, cette fois contre la Syrie - cautionnait le rapport de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dénonçant fort à propos des fraudes électorales, apparemment massives, lors du scrutin.

La révolution « FaceBook »

Alors qu'à Moscou ce lundi 12 décembre 80000 personnes - chiffre du Figaro - s'étaient réunies place des Marécages pour dénoncer les fraudes du 4 décembre, Russie unie, organisait de son côté une contre-manifestation au cœur de la capitale. Mais ici le quotidien français s'abstient de donner la moindre estimation ! Deux jours auparavant, la page Facebook « Manifestation pour des élections honnêtes » avait rassemblé virtuellement quelque 40 000 personnes. Un phénomène d'une ampleur inédite depuis le début des années 1990 - et la chute du système soviétique - pour l'opposition. Reste que les temps ont changé grâce essentiellement à ces réseaux sociaux qui font converger des foules promptes à dénoncer la « farce électorale » et à scander « Une Russie sans Poutine ». Cependant, comme l'explique l'Agence Ria Novosti « les fraudes n'ont peut-être pas été plus nombreuses, mais elles sont devenues plus visibles »... Internet aura donc joué un rôle décisif dans la perception du scrutin pour cristalliser un mécontentement jusque là diffus au sein de foules sans visage.

On peut à ce stade, s'interroger avec quelque naïveté pour savoir ce qui ou simplement qui se cache derrière des événements à l'envergure malgré tout peu imprévisibles ? En fait, point n'est besoin d'être grand clerc pour percevoir que l'opération vise d'abord à empêcher le retour de Vladimir Poutine à la présidence en mars 2012. Ce faisant, de bloquer tout maintien d'une politique de souveraineté et d'indépendance au profit d'une Vieille Russie intrinsèquement peu sensible aux charmes promis d'une gouvernance mondiale. Ajoutons que même si l'organisation de cette fronde anti-Poutine vient de loin, il est loisible de supposer que les prises de position récentes du gouvernement russe en faveur du statu quo en Syrie ne sont pas tout à fait étrangères à cette évidente tentative de déstabilisation intérieure [5].

Naturellement le porte-parole de Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, démentant toute fraude massive, a pris le contre-pied de la proposition formulée la veille par le président Dimitri Medvedev, lequel se disait favorable à une « vérification » des résultats électoraux [6] ! Peskov précisant que « même en admettant que les résultats puissent être contestés en justice, cela ne peut en aucun cas remettre en cause la légitimité du scrutin [car] les prétendus témoignages de fraude ne concernent à peu près que 0,5 % du nombre total de bulletins ».

À noter, parmi les voix qui s'élèvent pour dénoncer cette amorce de révolution de velours celle de l'écrivain et bloggeur - de gauche - Maxim Kalashnikov, sonneur de tocsin contre un mouvement séditieux soutenu par ceux-là même qui mettaient il y a deux décennies, la Russie en coupe réglée... ajoutant que ce serait folie de renverser le tandem Poutine-Medvedev pour installer à leur place des prédateurs internationalistes ! Et visiblement ses arguments font mouche en Russie où l'opposition libérale est singulièrement discréditée depuis le pillage de l'économie russe au cours des années Eltsine par des oligarques libéralistes triomphant, des mafieux reconvertis, des services publics à la dérive et corrompus en conséquence, une situation peu enviable encore dans toutes les mémoires.

Le quotidien international chinois Global Times dans un éditorial intitulé « L'ours ne danse pas aux mélodies occidentales » note à ce propos qu'en dépit d'une sensible baisse de suffrages au détriment de Russie Unie, les voix perdues n'ont malgré tout pas profité aux partis occidentalistes : « Les bulletins de vote sont désormais dans les poches des communistes et des libéraux démocrates ce qui ne reflète d'aucune manière un quelconque renforcement de l'idéologie pro-occidentale »... autrement dit, en faveur du renoncement à la souveraineté au profit de la financiarisation de la vie quotidienne et d'une mondialisation aussi dévorante qu'uniformisante !

Le jeu trouble de Gorbatchev, ex syndic de faillite de la Russie soviétique

Vendant la peau de l'ours avant de l'avoir tué, le Moscow Times, n'a pas hésité à écrire que cette élection serait « la dernière de Poutine ». Quant à lui, Mikhail Gorbatchev a carrément demandé l'annulation des élections, joignant sa voix à celle de Clinton, qui ne doute de rien, exigeant qu'« une enquête exhaustive » soit rondement menée.

Si au soir des élections, le 4 décembre, Gorbatchev fut le tout premier à réclamer l'annulation des élections, il avait déjà pris de l'avance en lançant en septembre 2010, une « initiative démocratique, non partisane » intitulée « Dialogue Civil » où l'on remarquait la participation d'Alexandre Lebedev, un proche de Nathaniel Rothschild, fils de Sir James de Rothschild, en Russie passé maître ès négoce des matières premières [7]. En février dernier, Gorbatchev voyait rouge et en Russie Unie il distinguait une méchante réplique de l'ex Parti communiste soviétique, prophétisant « si les choses continuent ainsi, la probabilité d'un scénario de type égyptien s'accroîtra... À ceci près que le dénouement pourrait en être bien pire » !

Dmitri Rogozin, ambassadeur russe auprès de l'OTAN, dans un entretien d'août 2008 à Der Spiegel, dépeignait ainsi Gorbatchev : celui-ci « a fort bien compris les attentes des occidentaux, mais très mal celles de son propre pays au point d'avoir fait disparaître l'Union soviétique. À l'Ouest il est applaudi pour cela, mais en Russie, Gorbatchev ne peut pas sortir sans garde du corps sinon il se ferait taper dessus... Nous les Russes sommes définitivement allergiques à des hommes politiques comme lui ». D'ailleurs lorsque qu'en 1996 Gorbatchev se présenta aux élections présidentielles, il n'obtint qu'un score minable de 0,5%...

Le mensonge arme de destruction massive

Les campagnes de diffamation médiatique dirigées contre Poutine et contre une Russie où le gouvernement s'est risqué à éclaircir les rangs de la ménagerie oligarchique, ne datent pas d'hier. Tout est bon pour vilipender, ternir l'image des dirigeants, saper leur légitimité en les dénigrant systématiquement, ce qui est une façon lente mais certaine de conditionner les opinions publiques de l'ex Monde libre, préparant ainsi le terrain aux futures et actuelles entreprises de déstabilisation des régimes non totalement alignés sur Washington et la City. On le voit actuellement pour la Syrie qui a été l'objet d'une diabolisation sourdement renforcée tout au long de la dernière décennie, préparant et conditionnant peu à peu les opinions occidentales à accepter d'avance, et même à souhaiter, une intervention étrangère pour renverser un régime honni.

Or, ce que les médias nous cachent à propos de la contestation moscovite, est que la plupart des bruyantes oppositions de la rue est financé par des fondations d'Outre Atlantique telles Democratic Alternative, la Henry Jackson Foundation, le Moscow Helsinki Group avec « Statégie 31 », ou « Da »... Une longue liste d'acteurs - individus ou groupes - tous plus ou moins soutenus matériellement par la National Endowment for Democracy - Fondation américaine pour la démocratie NED - laquelle constitue au même titre que l'US-AID, mais seulement depuis trois décennies, l'une des vitrines grand public de la Central Intelligence Agency spécialisée dans la corruption des syndicats ouvriers et patronaux et du personnel politique, de droite comme de gauche, en faveur d'une défense prioritaire des intérêts américains [8]. Un fil rouge reliant entre eux une majorité d'opposants - toujours désignés comme « indépendants » - composant la mosaïque de ces indignés qui à l'heure actuelle remplissent les rues des villes russes. Comme de bien entendu les médias de l'Ouest feignent de ne rien voir ni savoir !

Pourtant dès 2006, le Kremlin dénonçait la prolifération d'associations étrangères dont certaines étaient déjà soupçonnées d'œuvrer à la déstabilisation du régime sous couvert justement de la Fondation américaine pour la démocratie. Afin de prévenir toute tentative de révolution colorée, les pouvoirs publics mettaient alors en place un sévère encadrement des Organisations non gouvernementales d'origine exotique ! Réglementation évidemment dénoncée à l'Ouest comme une nouvelle agression contre la liberté d'association.

Ainsi Golos, seule organisation indépendante de Russie pour l'observation des élections, est financée par la NED, ce que l'on trouve noir sur blanc sur le site officiel de l'agence [NED.org] : « Regional Civic Organization in Defense of Democratic Rights and Liberties Golos »... laquelle a bénéficié d'une dotation de 65 000 $ aux seules fins d'observation du cycle des élections russe de l'automne 2011 et du printemps 2012, en incluant l'analyse de la presse, des mouvements politiques, des commissions électorales et l'application de la législation.

Le cahier des charges de Golos comprenant en outre un volet communication soit des conférences de presse locales et nationales, la publication de rapports, etc. Ce qui revient à dire que les organismes qui dénoncent avec tant de vigueur la « corruption » - hélas bien réelle - et « les fraudes électorales » [9] sont en première instance financés par la NED, ce qui est loin d'être neutre et présente un caractère accentué de conflit d'intérêt lorsque cela concerne Golos censé être l'arbitre impartial des scrutins russes, en réalité financé par un État étranger et penchant nettement en faveur de l'opposition !

Tout est bon pour discréditer la Russie de Poutine : sondages et phantasmes

Alexandre Latsa dénonçait le 13 juillet 2011 [10] une série d'articles parue dans la presse occidentale (Le Figaro, Le Soir, La Tribune de Genève) désignant la Russie comme un pays sans avenir et désespérant pour sa jeunesse. Un sondage tombé à pic démontrait en effet « qu'un cinquième des Russes, 22% souhaiterait émigrer » et « qu'en trois ans, selon des données officielles, environ 1,2 million de personnes auraient déjà quitté la Russie ». Des chiffres accablants (Europe 1) montrant l'abîme séparant les déclarations fantaisistes du pouvoir et la vérité sociale d'un pays en pleine déshérence. Reste que les faits, têtus, n'ont rien à voir avec les obsessions ou les phantasmes idéologiques... car si 22% des sondés affirment vouloir émigrer, ils ne sont que 1% à préparer effectivement leur départ et ne sont que 2% à avoir pris la décision de partir... 69% par conséquent ne songe pas à quitter la Russie. Par comparaison, en 2006, 25% des jeunes britanniques souhaitaient émigrer ; 33% en décembre 2010. La même année, 30% des jeunes gens des pays membres de la ligue arabe souhaitaient eux aussi partir. En 2009, 20% des Chinois diplômés souhaitaient également voir d'autres cieux tout comme 20% des Bulgares en âge de travailler... Quant au nombre de Russes ayant définitivement émigré, le chiffre est de 105 544 depuis 2008 et non de 1,25 million ! Mauvaise foi et incompétence sont ici les deux mamelles d'une presse prompte à instruire des procès en sorcellerie et pour laquelle toutes informations même les plus controuvées, font ventre pourvu qu'elles noircissent le tableau d'une Russie patriotique et qui entend apparemment le rester.

Si la Russie le voulait elle pourrait rendre en Afghanistan aux Américains la monnaie de leur pièce

Washington avant de pousser plus avant le feu de la subversion télématique devrait considérer jusqu'où exactement ne pas aller trop loin. Parce que, sans monter aux extrêmes, Moscou dispose de multiples moyens d'embarrasser les É-U, à commencer en Afghanistan... Tant que le retrait de leurs troupes n'est pas effectif, tout comme celles de l'Otan, celles-ci restent vulnérables en cas de blocus russe ! Autrement dit, au cas où Moscou interdirait son espace aérien aux vols d'approvisionnements de l'Otan, ou le transit à travers son territoire [11]. Un argument de négociation que Moscou se réserve si aucun compromis n'intervient par exemple quant au bouclier anti-missile que les É-U entendent installer en Europe du Nord [12]...

Cela même alors que le Pakistan bloque sine die la Passe de Kyber interdisant le passage aux convois de ravitaillement des coalisés, suite à l'attaque du poste de Mohmand par des troupes de l'Otan... laquelle a fait 24 morts parmi les pakistanais, sans compter les spectaculaires attentats qui détruisent régulièrement les divers convois destinés à la coalition occidentale. Si donc le Pakistan fermait à son tour son espace aérien, ce serait alors pour l'Otan la fin des haricots : les coalisés de la Force de stabilisation auront des armes mais pas de munitions, ni de carburant pour faire fonctionner leurs installations lourdement énergivores (ex. 150 litres d'eau douce épurée par homme et par jour là où il en fallait 3 ou 4 aux forces françaises combattant le Vietminh). Les réserves de l'Isaf sont en principe de trois mois, mais dans l'hypothèse d'une grève du droit de passage nord et sud, le bourbier afghan pourrait rapidement se transformer en guêpier, à savoir une sorte de Dien Bien Phu logistique pour les 130 000 hommes de l'Isaf (48 nations dont 28 membres de l'Otan. Source Otan) qui s'y trouvent enfermées à l'instant présent !

Mais ici il s'agit pour l'heure de pures spéculations, même si le Lieutenant Général du cadre pakistanais de réserve, Hamid Gul n'hésite pas à envisager publiquement une concertation avec la Russie en vue d'établir un blocus logistique des forces occidentales en Afghanistan afin que « les troupes américaines et celles de l'Otan soient étranglées [car] le temps est venu pour le Pakistan de se trouver l'occasion manquée après les attentats du 11 Septembre de regagner respect et souveraineté ». Une occasion de réhabilitation en quelque sorte et d'affranchissement à l'égard du maître américain ? Or jusqu'ici ce genre de propos était - semble-t-il - rarement tenu à haute voix. Comme les temps changent !

Les prophètes de l'Apocalypse

Retour à Washington où nous inclinerons à accorder quelque crédit à la revue géopolitique EIR [13] qui aurait publié le 7 décembre 2011 le témoignage d'un ex amiral de l'US Navy [sans autre précision] selon lequel les militaires américains craignent fortement qu'Israël n'emploie l'arme nucléaire en seconde frappe après une première attaque conventionnelle « préventive » sur l'Iran, c'est-à-dire en cas de représailles iraniennes... Étrange cas de légitime défense n'est-ce pas ?

Toujours selon l'amiral Person, la région du golfe persique et l'Est méditerranéen seraient le déclencheur pour une guerre générale. Évoquant la présence en Syrie de commandos iraniens des Gardiens de la révolution, il n'exclut pas non plus une guerre civile entre Sunnites et Chiites d'Irak après le départ des troupes américaines. « Mais étant donné la folie israélienne, je vois l'Iran comme le problème le plus effrayant ». Rejoignant ce que nombre d'observateurs pensent de façon ouverte, s'étant rendu compte de la profonde sociopathie, assortie d'une extraordinaire aptitude à manipuler les opinions et à pratiquer une systématique distorsion du réel, dominante et parfaitement repérable chez certains chefs politiques et religieux israéliens ou de la diaspora.

Face à l'escalade des menaces internationales contre l'Iran, l'Ayatollah Khamenei vient aux dernières nouvelles, d'ordonner aux chefs des forces de sécurité de se mettre en état d'alerte. Selon le Daily Telegraph, le commandant des Gardiens de la révolution, le général Jaafari aurait fait redéployer les missiles longue portée Shahab sur des sites secrets le long des frontières afin de les préserver de toute neutralisation ennemie et de pouvoir déclencher immédiatement des représailles en cas d'attaque.

Dans une interview à la chaîne Russia Today, le général Leonid Ivashov (président de l'Académie russe de géopolitique) a pour sa part présenté la présence de navires de guerre russes en Méditerranée orientale et dans le port syrien de Tartous, comme un fait essentiellement « politique et pacifique étant donné qu'il n'est aucunement question pour la Russie de participer à une quelconque guerre ». Au contraire, la mission de la flotte russe est « d'éviter tout conflit régional déclenché par une agression dirigée contre la Syrie ou contre l'Iran » ajoutant que « l'escadre russe est porteuse d'un message à Israël, à la Communauté internationale et spécifiquement à la Turquie, laquelle semble en effet avoir décidé de participer à une possible aventure militaire ». Refusant toute ingérence dans les affaires de quelque État souverain que ce soit, notamment la Syrie, Ivashov a vertement critiqué le gouvernement de M. Erdogan, le jugeant « dominé par la ploutocratie mondialiste et par les politiciens américains, et regrettant à ce titre que la Turquie puisse devenir l'éventuel déclencheur d'une guerre régionale ».

De leur côté, les présidents russe Medvedev et chinois Hu Jintao ont « validé un accord de principe » en vertu duquel la seule façon d'arrêter une agression de l'Occident pilotée directement ou en sous mains par les États-Unis, serait une « réplique militaire directe et immédiate ». À ce propos le général militaire de l'Université chinoise de la Défense nationale, Zhang Zhaozhong aurait averti que « la Chine n'hésitera pas à protéger l'Iran, même s'il faut pour cela déclencher une troisième guerre mondiale », faisant en cela écho au général Nikolaï Makarov « Je n'exclus pas des conflits armés locaux ou régionaux pouvant évoluer vers une guerre à grande échelle, incluant l'utilisation d'armes nucléaires »... une déclaration intervenant après un sérieux incident ayant - semble-t-il - impliqué l'ambassadeur russe, Vladimir Titorenko, lors de son voyage de retour de Syrie, et du personnel de sécurité qatari qui aurait tenté de s'emparer d'une valise diplomatique contenant des informations recueillies par les Services de renseignements syriens et portant sur la préparation d'une invasion de la Syrie et de l'Iran par les États-Unis !

« Menace de génocide nucléaire iranien et options israéliennes » !

Jean-Patrick Grumberg, une voix pas tout à fait anodine, a eu la bonne idée de nous donner sur son site [14], des nouvelles de la conception nucléariste et génocidaire de la Pax Hebraïca. Ceci peu après la publication du dernier rapport « accusateur » de l'Agence Internationale à l'Énergie Atomique et alors que Nicolas Sarkozy promettait à l'occasion du G20 « de ne pas rester les bras croisés, si l'existence d'Israël était menacée ». Citant Le Figaro, Grumberg rapporte l'analyse de l'ancien directeur du Mossad d'Efraim Halevy : « Nous sommes en guerre contre l'Iran. La plus grande partie de cette guerre est clandestine », embrayant sur des extraits particulièrement édifiant d'un ouvrage de Richard L. Rubenstein publié aux États-Unis et traduit en 2010 sous le titre « Jihad et génocide nucléaire »... « Probablement l'analyse la plus profonde publiée à ce jour sur l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Iran » selon Michel Gurfinkiel (ex éditorialiste de Valeurs actuelles et Wall Street Journal, récemment reçu en grande pompe par le directeur de la station de droite Radio Courtoisie) qui « souhaiterait que chaque ministre et chaque député, en Europe et en France, prenne le temps de consulter cet ouvrage ». En effet, cela vaut le détour !

Voyons cela : extraits de « Jihad et génocide nucléaire »...

« Israël n'est pas dénué de moyens de faire face à la menace iranienne. Selon le Wall Street Journal, lorsque son équipe éditoriale, au cours d'une conférence le 2 avril 2009, demanda à l'amiral Mike Mullen, président du Comité des chefs d'état-major interarmées américains, si Israël était en mesure de causer des dommages significatifs aux dispositifs nucléaires de l'Iran », sa réponse fut simplement : Oui.... Dans tous les scénarios cités, si Israël se contente de détruire les installations nucléaires de l'Iran, opération dont le succès est incertain, cela n'annulera pas la menace à long terme d'un génocide. Avec le temps, l'armement dévastateur et les équipements peuvent être rebâtis ou remplacés. La colère et l'humiliation qui s'ensuivraient dynamiseraient la volonté de reconstruction et de vengeance. Cependant, à moins que l'Iran ne mette fin à l'acquisition d'armes nucléaires, Israël n'a que peu de choix politiques, aucun n'étant satisfaisant. En dépit des risques évidents, une frappe préventive visant la population civile pourrait apparaître à certains Israéliens le choix le plus raisonnable. Je tremble en écrivant ces mots, mais je rappelle à mes lecteurs que les dirigeants de l'Iran ont, de manière répétée, menacé de détruire complètement Israël, non l'inverse. Dans ces circonstances, si la diplomatie échoue, le seul moyen pour Israël de prévenir une éventuelle revanche après une offensive contre les installations militaires serait de détruire d'abord les centres urbains.... En déclenchant une attaque préventive visant les principales concentrations urbaines iraniennes ainsi que les centres industriels, Israël pourrait infliger des dommages considérables. Et il ne dépendrait pas de la seule force aérienne, car il dispose du missile Jéricho-3, un missile balistique sol-sol pouvant porter une tête nucléaire, chimique ou biologique, jusqu'à, dit-on, 4 500 kilomètres. Ce missile paraît pouvoir résoudre le viol d'un espace aérien ennemi. De plus, Israël possède trois sous-marins « Dolphin Class » de fabrication allemande, capables d'envoyer des têtes nucléaires à 2 500 kilomètres. D'ailleurs, si Israël estime qu'il doit frapper les principaux centres urbains, des tirs de haute précision ne sont pas même nécessaires. Vingt pour cent environ de la population iranienne, soit douze à quatorze millions de personnes, vivent dans la métropole de Téhéran, que Cordesman décrit comme « un bassin topographique (avec) un réflecteur montagneux » formant un espace « presque idéal pour une destruction nucléaire ».

Bien entendu l'auteur tempère son propos en évoquant les risques qu'une telle éventualité - rayer de la carte la conurbation de Téhéran et ses douze à quatorze millions d'habitants - ferait courir à la bonne réputation d'Israël devenue pour le coup la paria planétaire, il n'en demeure pas moins que l'hypothèse de frappes anti-cité à objectifs démographiques est clairement posée sur la table...

Laissons la conclusion, plus réconfortante, à l'analyste français, Alain Corvez pour lequel nous ne sommes pas encore tout à fait parvenus au cœur de la Mer des ténèbres « Nous sommes à un point d'inflexion de la courbe des équilibres du monde avec la crise actuelle. L'impérialisme américain a atteint ses limites et le monde multipolaire est en train de se mettre en place dans la douleur. La Russie et la Chine se sentent directement menacées par cet impérialisme et savent qu'elles n'ont pas les moyens de l'abattre mais peuvent désormais marquer des limites à ne pas dépasser grâce aux appuis d'autres pôles de puissance qui voient aussi leurs intérêts menacés, BRICS et autres ! »

Léon Camus le 12 décembre 2011

Notes

[1] Selon le Kremlin « Les propos de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton sur les élections législatives en Russie, ainsi que les commentaires similaires des représentants de la Maison Blanche et du Département d'État américain sont inacceptables ». M me Clinton avait notamment déclaré que ces élections n'étaient « ni libres ni justes ». À Vilnius où se réunissait le sommet de l'OSCE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, elle n'hésitait pas à stigmatiser le 6 décembre « des tentatives de bourrage d'urnes, de manipulations des listes électorales ».

[2] Arrivé deuxième, le Parti communiste qui obtient 19,2% des suffrages et 92 sièges, soit 35 de plus qu'en 2007. Puis Russie Juste et le Parti libéral-démocrate, respectivement 13,25% et 11,68%, soit 64 et 56 sièges au lieu de 38 et 40.

[3] Porté au pinacle par la presse internationale, Navalny milite également - dans la mouvance nationaliste sur le modèle Identitaire - contre l'immigration. Formé aux États-Unis par le World Fellows Program de l'Université de Yale - créé par le président de l'université Richard Levin afin de créer un réseau global de Young leaders - il occupe ainsi l'aile droite de la contestation. Notons que ces « jeunes espoirs » sont en autres pris en mains par Malloch Brown, ancien du Foreign Office, par Aryeh Neier, présidente de l'Open Society Institute de George Soros ou encore Tom Scholar, ancien chef de cabinet de Gordon Brown.

[4] Fox News lies about riots in Russia  youtube.com

[5] Moscou s'était mordu les doigts d'avoir laissé passer au Conseil de Sécurité la Résolution 1973 qui allait donner toute latitude à l'Otan et au Qatar - bras armé des É-U dans le Golfe arabo-persique - de conduire une véritable guerre sous couvert d'aide humanitaire. Or la Russie sait que si le modèle libyen est reproduit en Syrie, la Méditerranée deviendra le lac de l'Otan, la Mare vestrum des Atlantistes. Kadhafi éliminé, les seuls États encore récalcitrants sont avec la Syrie, le Liban du Hezbollah et l'Iran.

[6] Un bémol qui manifesterait que l'entente entre les deux hommes - entre lesquels certaines divergences étaient apparues il y a approximativement un an - n'est pas aussi parfaite qu'il y semble et que Medvedev n'est pas encore totalement débarrassé de tout tropisme à l'égard de séductions occidentalistes.

[7] Le Dialogue Civil proposait en mars 2009, afin de juguler tout risque lié à la crise financière globale « un transfert vers les créanciers, y compris étrangers, des droits de propriété dans des compagnies débitrices russes, afin d'assurer le maintien des flux de capitaux vers l'économie russe ». Autrement dit que certains pans du secteur minier et de l'énergie soient cédés par exemple à la Royal Bank of Scotland. Cf. Nouvelle Solidarité 10 déc.

[8] « La NED, vitrine légale de la CIA » Thierry Meyssan - Odnako n° 35 - 27 septembre 2010. Repris sur Voltairenet.org.

[9] Marginale si le chiffre avancé de 0,5% est vérifié. Reste que la fraude en Russie n'est certainement pas plus odieuse que les trucages - et les absurdes recomptages - ayant permis la réélection du sieur Bush en nov. 2004.

[10] Un autre regard sur la Russie - Ria Novosti

[11] Des voies d'acheminement indirectes existent bien sûr, notamment via la Géorgie et l'Azerbaïdjan, mais plus longues et plus aléatoires au cas où la situation internationale se dégraderait au point que les Russes décident de fermer les lignes de ravitaillement de l'Otan et des forces américaines spécifiques d'Enduring Freedom, Opération Liberté Immuable. En juin 2011 Obama annonce le retrait d'ici à l'été 2012 du « tiers » des forces américaines stationnées en Afghanistan, soit 33000 après avoir accru leurs effectifs de 30 00 hommes.

[12] News International - Islamabad Pakistan. 1 er déc. 2011« Vietnam-Style Exit : Russia Could Deliver Death Blow To Nato in Af-Pak War Theater ».

[13] Executive Intelligence Review de Lyndon H. LaRouche, Jr

[14] Jean Patrick Grumberg, journaliste, éditeur du site Dreuz.info, photographe de rue. Ancien lobbyiste. A vécu à Paris, Los Angeles et s'est établi entre Israël et la Californie. Fondateur en 1976 d'Hifissimo, site pionnier de vente qu'il a revendu en 2007. Président de l'association « Laissez Nous Travailler ».

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