Daniel McAdams - ICH
La presse occidentale a dûment - et sans le moindre souci d'objectivité - répété les histoires horribles qui courent sur le "siège de Homs" par le gouvernement syrien - à savoir que 4000 soldats du gouvernement bombardent la ville aveuglément, que des tireurs d'élite tirent sur les gens qui passent dans la rue, et même que des soldats creusent des tranchées pour empêcher les habitants innocents d'échapper au massacre de masse.
Observateurs de la Ligue Arabe à Damas, sur les lieux mêmes de l'attentat anti-gouvernemental qui avait fait plus de 40 morts
L'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, basé à Londres et dont l'information provient de ses contacts parmi leurs alliés rebelles en Syrie (comme c'était le cas pour la myriade de "groupes humanitaires libyens" qui opéraient en Angleterre, aux Etats-Unis et en Suisse) a pimenté son site web avec des récits épouvantables de meurtres et de destruction à Homs, en parlant d'un dimanche "de Noël sanglant".
L'Observatoire Syrien affirme que 34 personnes ont été assassinées à Homs dans la seule journée de lundi. Le New York Times a rapporté qu'on pressait les observateurs de la Ligue Arabe de se rendre à Homs avant que la ville ne soit complètement détruite.
Mais il leur manque des informations.
Lors de leur première inspection, les observateurs de la Ligue Arabe ont dit n'avoir rien vu "d'effrayant" à Homs -qui est soit disant le haut lieu du soulèvement contre le gouvernement de Assad. Ils se sont dits "rassurés" par ce qu'ils voyaient. On ne voit pas comment les milliers de tanks, les fosses mortuaires et les bombardements aveugles de la ville par les troupes gouvernementales auraient pu échapper aux observateurs.
La réaction a été rapide et sévère. Les rebelles qui s'attendaient à ce que les observateurs leur emboîtent le pas et disent en tous points comme eux ont crié au scandale. Pris sur le fait de ce qui paraît être encore un gros mensonge destiné à obtenir une aide militaire étrangère pour faire tomber le régime, le groupe des rebelles et leurs alliés à Londres ont mis les bouchées doubles :
"Basma Kodmani, une porte-parole du Conseil National Syrien (CNS) a dit à France Inter, une radio française, mardi dernier, que les observateurs étaient soumis à toutes sortes de "manipulations". Elle a dit qu'environ 40 000 prisonniers avaient été sortis des prisons dans lesquelles ils étaient enfermés, transférés dans des baraquements militaires à 5 km de là et remplacés par de faux prisonniers qui ont donné aux observateurs de fausses informations sur les événements. Elle a aussi ajouté que des familles entières se faisaient passer pour des gangs armés pour soutenir les déclarations du gouvernement sur l'identité des militants."
Ça ne vous paraît pas un peu délirant ?
L'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme prétend que le régime syrien a secrètement changé les noms des rues pour tromper l'équipe des observateurs ! D'autres rebelles disent que le gouvernement a retiré ses tanks à la dernière minute. Le président de l'Observatoire Syrien, Rami Rahmane, a affirmé dans la presse française que "la retraite des tanks était une 'ruse' et que les bombardements pouvaient avoir repris à tout moment."
Mais si le gouvernement avaient bombardé les quartiers de Homs où se rendaient les observateurs et avait enlevé les tanks au dernier moment, il y aurait sûrement eu de nombreuses preuves du bombardement. Changer le nom des rues est une chose, mais dissimuler la destruction causée par le bombardement d'une ville en est une autre. Peut-être a-t-on envoyé des équipes secrètes de maçons dans la ville pour réparer les bâtiments pendant la nuit ?
Ce moment de vérité ne durera certainement pas. On va nous expliquer que ce sont les conclusions erronées de quelques observateurs malhonnêtes. On discrédite déjà le chef de la délégation, un général soudanais, en l'accusant d'avoir "violé les droits de l'homme". La France foudroie l'équipe des observateurs par la bouche de son ministre des Affaires Etrangères qui a déclaré que "les observateurs de la Ligne Arabe, devraient retourner dans la ville des martyres (Homs) sans délai et... établir les contacts nécessaires avec la population civile."
"L'armée de la Syrie Libre" rebelle a appelé à un cessez le feu et essaie de contacter l'équipe des observateurs (un cessez le feu ? Je croyais que c'était des manifestations pacifiques.) Et les centaines de milliers de manifestants pro-gouvernementaux sont ignorés par la presse occidentale - ils ne cadrent pas avec le script du changement de régime. Comme pour la Libye, les preuves du contraire seront balayées et les preuves qui vont dans le sens d'un changement de régime seront amplifiées au maximum et colportées sans être vérifiées par les médias occidentales.
Souvenez-vous de la Libye : il n'y a pas si longtemps après tout le principal moteur de l'intervention militaire, Soliman Bouchuiguir, de la Ligue Libyenne des Droits de l'Homme basée en Suisse, a reconnu sur une vidéo que la preuve du massacre de Kadhafi avait été fabriquée de toutes pièces par les rebelles. Des preuves ? "Il n'y a pas de preuve" a-t-il dit.