Article du NouvelObs (voir ci-dessous) à proposer, pour méditation, à ceux qui, à gauche, ont voté ou soutenu ceux qui ont voté une résolution de l'ONU ouvrant la voie à l'intervention de l'OTAN. A ceux aussi qui, en suivant la logique d'un BHL, tétanisés encore par les victimes "innocentes" du World Trade Center, auront consenti aux morts otanesques de Libye !
Douloureux devrait être le constat que le refus de dénoncer l'intervention de l'OTAN a contribué à légitimer de fait la dialectique cynique des oeufs qu'il faut casser pour qu'on ait l'omelette et a posé, sur la balance d'une raison instrumentale souvent refoulée, qu'un civil libyen mort valait moins qu'un civil américain mort ! Dit autrement : la fin officiellement poursuivie par l'OTAN et les pays qui la soutiennent (la liberté d'un peuple) a justifié les moyens attentatoires aux vies de civils. Avec la circonstance aggravante, si l'on peut dire, que l'OTAN n'a rien justifié et ne justifie rien en Libye. Elle cache ses méfaits, elle ment par omission, comme elle a tout classiquement et banalement passé sous silence les raisons éco-géostratégiques qui motivaient son action. Le plus grave étant que des gens de gauche, ouvertement ou "par omission" d'action anti-intervention, n'aient voulu voir que le "soutien" aux résistants de Benghazi et non son inévitable et tout à fait prévisible prix en vies civiles. Peut-on espérer qu'il sera désormais acquis que des frappes "chirurgicales" de l'OTAN, y compris cautionnées par l'ONU, commencent toujours par opérer sous anesthésie les consciences morales et politiques en inoculant du "sauver les femmes afghanes de la charia talibanesque", du "protéger le monde des armes saddamites de destruction massive" ou du "sauver Benghazi" ? Après l'Irak, après l'Afghanistan, les errements politiques dans "l'affaire libyenne" incitent hélas à en douter...
Antoine (Montpellier)
Extraits de l'article du NouvelObs LIBYE. Ces morts que l'Otan ne veut pas voir :
Le "New York Times" affirme que les frappes de l'Otan ont tué des civils pendant la guerre en Libye. L'Alliance atlantique l'admet du bout des lèvres mais refuse d'enquêter. [...]
Face à la propagande de Mouammar Kadhafi, qui l'accusait grossièrement d'avoir tué des centaines de civils, alors qu'elle intervenait justement pour les protéger, l'Otan a fait valoir que sa guerre était "une guerre propre". Jusqu'à ce qu' une enquête du "New York Times", publiée le 17 décembre, la force à admettre, du bout des lèvres, que "les informations rassemblées semblent indiquer que des civils innocents ont été tués ou blessés".
Après des semaines d'investigation, le quotidien américain dénombre "au moins 40 et peut-être plus de 70 civils tués par l'Otan, dont au moins 29 femmes et enfants". Des victimes qui, la plupart du temps, ont perdu la vie dans leur maison, pendant leur sommeil, comme le raconte un père de famille, qui a perdu sa femme et deux de ses enfants, dans le reportage vidéo (en anglais) qui accompagne l'article.[...]
Le bilan de ces "erreurs" pourrait être bien plus élevé, estime le "New York Times", ses journalistes n'ayant pu se rendre sur tous les sites bombardés.[...]
En dépit de ces bavures documentées, l'Alliance atlantique n'entend pas pour autant battre sa coulpe : elle renvoie la responsabilité d'ouvrir une enquête aux nouvelles autorités libyennes, qui doivent leur survie en grande partie aux frappes de l'Otan...
Une investigation sur les erreurs d'aujourd'hui aurait pourtant permis d'éviter de les reproduire demain. "L'Otan se comporte en Libye comme elle a agi au début en Afghanistan", déplore le "New York Times".
[:mmd]
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