L'AFP : l'expérience au service d'une authentique désinformation aux normes françaises
« Les Syriens ont manifesté vendredi par dizaines de milliers à travers le pays pour apporter leur soutien aux militaires dissidents et crier leur haine du régime, malgré la répression qui a fait encore dix morts dont une fillette de six ans«.
C'est ainsi que débute la dépêche relative à la Syrie, en date du samedi 14 janvier, de l'Agence France Presse : on peut dire que presque chacun des mots ou expressions employés dans ces trois lignes ressort au tract politique le plus grossier. Oui, mais il s'agit néanmoins - formellement - d'un article à but informatif, émanant d'une des principales sources d'information françaises. A lire cette prose d'activiste - ou de speaker officiel - on mesure à quel niveau d'indigence, de bien-pensance, d'alignement et, disons le mot, de falsification plus ou moins consciente est descendu le journalisme dans ce pays, qui sur certains sujets au moins a une approche nord-coréenne - ou néoconservatrice, c'est presque pareil intellectuellement - de l'information.
On ne s'étonnera pas, évidemment (en tous cas pas à Infosyrie), que ces « informations » soient puisées à la « meilleure source », l'irremplaçable OSDH, l'agence de presse de l'opposition sous influence islamiste de Rami Abdel Rahmane, subventionnée par le gouvernement britannique et reprise servilement par l'ensemble de la médiasphère institutionnelle française.
Donc, dixit l'OSDH, « 20 000 manifestants » ont envahi, vendredi 13, les rues d'Idleb, et « 15 000 » celles de Douma, près de Damas, « des milliers d'autres » se sont rassemblant à Palmyre, dans la région de Homs et à Lattaquié. Avec la sérénité relative que peut donner l'expérience, on se contentera de diviser par deux ou trois les chiffres avancés par M. Rahmane, déjà accusé de bidonnage par des membres du CNS (voir notre article « La discorde chez l'ennemi : rien ne va plus entre Rami Abdel Rahmane et le CNS ! », mis en ligne le 5 janvier) et l'on concluera que l'opposition, pour sa traditionnelle journée de mobilisation du vendredi, a fait sortir plusieurs milliers de personnes : ce n'est pas mal, mais c'est tout.
« Rentabiliser » la mort de Gilles Jacquier
Propagande dans la propagande, l'AFP tient à préciser que « plusieurs rassemblements » de ce vendredi ont « rendu hommage » au journaliste Gilles Jacquier, tué le 11 janvier à Homs. « Gilles Jacquier, vous êtes dans nos coeurs ! » proclamait ainsi une pancarte brandie par un manifestant de l'opposition dans un quartier de Damas, cette opposition empressée de récupérer un cadavre et d'attribuer au régime un crime qui lui revient à elle.
A propos de Gilles Jacquier, l'AFP ne peut faire moins que d'entretenir vaille que vaille une forme de doute sur une affaire pourtant assez claire (voir nos articles « Un journaliste de France 2 tué à Homs par des rebelles » et « Après la mort de Gilles Jacquier, embarras politico-médiatique français », mis en ligne les 11 et 12 janvier), assurant qu' »aucun témoin » n'avait pu établir si l'obus meurtrier avait été tiré par un rebelle ou par l'armée - les deux femmes pro-Bachar blessées lors de l'attentat, et dont le témoignage a été diffusé notamment par I-Télé, n'ont elles aucun doute sur les coupables ! - et relayant les propos dérisoires de Thierry ThuillIer, patron de Jacquier, sur le fait que les militaires syriens escortant le groupe de journalistes auraient soudainement disparu au moment des tirs (peut-être pour se mettre à l'abri ? Quel timing impeccable, en tout cas !). On suppose d'ailleurs que si les militaires syriens avaient escorté Jacquier jusqu'au bout, Thuillier aurait crié au flicage des journalistes, à l'encadrement de l'information...
Encore un petit coup de patte à la mission des observateurs arabes, ainsi qu'à la Russie et à l'Iran, accusés entre autres de ravitailler en armes Bachar, et les « journalistes » de l'AFP ont bouclé leur tract, pardon leur « papier ».
Gilles Jacquier n'est-il mort que pour continuer à alimenter la machine à désinformer ?
[:mmd]
infosyrie.fr