16/01/2012 infosyrie.fr  4min #62196

 Syrie : assassinat du journaliste, défection d'un observateur... et désinformation

Mort de Gilles Jacquier : Juppé s'enfonce résolument

Des Homsis montrent à la caméra de la chaîne syrienne Addounia les ailettes de la roquette - tirée par un RPG-7 - ayant tué Gilles Jacquier (document emprunté au site du Réseau Voltaire)

C'était à prévoir : le Quai d'Orsay s'efforce d'exploiter autant qu'il peut la mort du journaliste Gilles Jacquier à Homs, dont la dépouille a été rapatriée en urgence en France, histoire de ne pas laisser trop longtemps ce corps aux médecins légistes syriens, susceptibles de confirmer la nature du projectile qui l'a tué. Du coup, la Syrie et la France auront chacune leur commission d'enquête. On remarquera au passage que Nicolas Sarkozy avait demandé aux autorités syriennes de faire « toute la lumière » sur ce drame : rapatrier le corps de Gille Jacquier en catastrophe, est-ce un moyen d'aider ces autorités à « faire toute la lumière » ?

L'air de la calomnie, version Quai d'Orsay

Fidèle à sa vocation « structurelle » - qui est de relayer les mots d'ordre de l'Elysée - et conjoncturelle - qui est de charger le régime syrien de tous les « péchés d'Israël«, Le Figaro dans son édition du vendredi 13 janvier cite une « source proche du président français« selon laquelle Paris soupçonnerait « une manipulation » des autorités syriennes autour de la mort tragique du journaliste. Toutefois, la source reconnait - la mort dans l'âme ? - qu'il n'existe pas de « preuve » à l'appui de cette thèse.

A défaut de preuves, rapporte Le Figaro, la « source » propose une thèse, autour du vieil adage latin « Hic fecit cui prodest » (à qui profite le crime ?) en observant que la mort de Jacquier « tombe plutôt bien pour un régime qui cherche à décourager les journalistes étrangers et à diaboliser la rébellion«. Et « Mlle Source«, un rien fielleuse, d'expliquer que « les responsables syriens étaient seuls à savoir qu'un groupe de journalistes occidentaux visitait Homs ce jour-là, et dans quel quartier il se trouvait«.

Donc, si l'on suit bien cette « source » qui dit (anonymement) tout haut ce que Juppé aimerait bien penser tout bas, le régime de Bachar a commandé à ses chabihas de cibler un groupe de journalistes ET de ses partisans - huit d'entre eux ont quand même été tués avec Gilles Jacquier - pour décourager les journalistes qu'il avait néanmoins autorisés à venir, le tout pour plomber la mission de la Ligue arabe, laquelle mission est en train de valider les thèses du régime de Damas sur la violence des groupes d'opposition. Comme eut dit Sherlock Holmes : « Elémentaire mon cher Watson ! »

Tout ça ne tient évidemment pas la route, et l'on peut dire qu'Alain Juppé poursuit avec talent son patient travail de décrédibilisation - au moins en terre arabe - de la diplomatie française. La source figaresque dit encore : « On peut croire à un malheureux accident«. Parce que si le régime n'est pas coupable, c'est donc que Gilles Jacquier a été victime d'un regrettable accident. Nous qui croyions qu'il avait, et huit Syriens avec lui, été victime d'une roquette RPG tirée par un de ces groupes qui terrorisent Homs ! A moins que la « source » - et le Quai d'Orsay avec elle - considère que toutes les exactions de l'ASL et des djihadistes soutenus par la Turquie, le Qatar et la CIA sont autant de « malheureux accidents« . Décidément, le Quai d'Orsay, avec la Syrie, est en train de réinventer la « novlangue » de George Orwell, une langue où les mots n'ont plus leur sens habituel.

A noter que la chaîne d'information continue I-Télé - associée à Canal+ - a dans son journal de 8 heures du 13 janvier diffusé les témoignages de deux victimes de l'attentat de Homs : deux Syriennes blessées qui ont clairement incriminé les terroristes. Sans doute des faux-témoins partie prenante de la « manipulation » des autorités syriennes pour les calomniateurs de l'Elysée et du Quai d'Orsay...

La « source » a dit que la France n'avait pas les preuves de ses noirs soupçons. On ose espérer qu'on n'en fabriquera pas...

Le trou visible en haut de l'image est le point d'impact de la roquette qui a tué le reporter français. Comme le souligne le Réseau Voltaire, ce type d'impact est caractéristique d'une roquette (utilisée fréquemment par les activistes ASL à Homs) : peu de dégâts, contrairement à ceux que produirait un obus de mortier à trajectoire parabolique (utilisé par l'armée régulière)

[:mmd]
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