(NB : ce bulletin est édité temporairement à l'occasion d'un double événement
1) Les Vingt ans (1992-2912)du capitalisme de choc suite à la dissolution de l'URSS
2) Le mouvement contestataire en cours)
AU SOMMAIRE :
- Les opposants russes sont divisés. JM Chauvier.
- Embarrassants nationalistes. Le Courrier de Russie.
- Autre infos. Agence RIA Novosti
- Point de vue (en russe) de la nouvelle gauche sociale (IKD).
- Que font les Etats-Unis ? JMC.
MANIF A MOSCOU LE 4 FEVRIER :
LES OPPOSANTS RUSSES SONT DIVISES
Une grande manifestation est censée, le samedi 4 février à Moscou, prendre le relais des rassemblements du 10 (40.000) et du 24 décembre 2011 (80.000). Pour « une Russie sans Poutine » et des « élections honnêtes ». Mais les contestataires, qui dénoncent les fraudes aux élections législatives de décembre et celles qu'ils prédisent aux présidentielles du 4 mars, sont divisés depuis l'annonce de la participation de mouvements nationalistes. Une partie de ces mouvements vont manifester CONTRE la contestation « orange » (« pro-américaine ») mais une autre s'y joindra. D'autre part, le grand froid (moins 18°, pas tellement exceptionnel en Russie !) incite les autorités sanitaires...et l'Eglise orthodoxe à inviter les manifestants à rester chez eux. (et « à prier » précise l'Eglise)
Le leader libéral de la contestation, Boris Nemtsov, a pris position en faveur d'une participation des nationalistes à la manifestation anti-Poutine du 4 février à Moscou, estimant qu'il fallait éviter la division et que les nationalistes ne seraient pas trop nombreux. Il est en effet assuré de la dominance libérale et démocratique de cette contestation essentiellement composée de « classes moyennes » de Moscou.
Par « nationalistes », il faut entendre divers groupes de droite et d'extrême-droite xénophobes et néonazis, dont Alexandre Belov, représentant du mouvement « Russes », lui-même étant un leader néonazi du « Mouvement contre l'Immigration Illégale ». Leur fameuse Marche Russe du 4 novembre arborait en 2005 des drapeaux à croix gammée. Il est vrai que depuis lors ces drapeaux, le salut hitlérien et les groupes les plus extrémistes ont été interdits.
Ancien dirigeant des années Eltsine et militant ultralibéral, Boris Nemtsov pose en « rassembleur » des trois composantes politiques de la contestation : droite libérale, gauches, nationalistes. Son mouvement « SOLIDARNOST » (libéral, humaniste, pluraliste) et son parti « PARNAS » (droite libérale) co-dirigé avec Nikolaï Ryzhkov sont partisans d'une relance des réformes libérales et d'une réorientation pro-occidentale en Russie, tout en étant d'avis que la priorité est de se débarrasser de Poutine. Ils avaient reçu l'appui, le 24 décembre, de l'ex-ministre des finances du gouvernement Poutine, Alexei Koudrine et de l'oligarque multimilliardaire et candidat aux présidentielles Mikhaïl Prokhorov. Un autre contestataire libéral, Grigori Iavlinski, dirigeant du parti social-libéral IABLOKO, s'oppose à toute alliance avec les nationalistes.
Le leader « informel » des réseaux sociaux et apparemment le plus populaire de la contestation, le blogger Alexei Navalnyi, lié aux fondations américaines qui soutiennent le mouvement, se prononce lui aussi pour l'unité entre libéraux et nationalistes. Lui-même participe aux « marches russes » traditionnelles du 4 novembre auxquelles affluent les néonazis.
Le PARTI COMMUNISTE DE LA FEDERATION DE RUSSIE de Guennadi Ziouganov (de fait : national-communiste) a pris ses distances envers cette contestation qu'il soutient dans ses objectifs anti-Poutine mais qu'il suspecte de tourner à la « révolution orange » téléguidée par Washington. On se souvient que fin 2004, les « orangistes » ukrainiens menés par Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko avaient également réalisé la fusion entre démocrates pro-occidentaux et néofascistes d'Oleg Tiahnibok. Le rapport de forces n'était évidemment pas le même : l'Ukraine était partagée en deux, alors qu'en Russie actuellement, la position de Poutine reste forte, les contestations n'ayant massivement touché que Moscou. Il faudrait un « raz de marée » ce 4 février, y compris dans les provinces, pour que la position du Kremlin soit réellement ébranlée. Et qu'elle bénéficie, dès lors, d'un soutien actif à Washington. Cependant, divers courants nationalistes et communistes (distincts du PC et du Front Gauche) s'apprêtent à manifester CONTRE une contestation qu'ils estiment manipulée par les Etats-Unis dans le but de « désagréger la Fédération de Russie ». Pour ces forces radicalement anti-atlantistes, le PC et surtout les « gauchistes » font le jeu de « l'impérialisme américain ».
La « nouvelle gauche » non communiste, composée du « Front Gauche » de Serguei Oudaltsov, de divers groupes de communistes de gauche, de trotskistes, de gauchistes et d'anarchistes participe à la manifestation du 4 février, sur un programme très différent des libéraux. Ils réclament en effet plus de démocratie à tous les niveaux, et pas seulement aux élections, ainsi qu'une politique sociale « progressiste ».
A la différence du PC, qui entre en force eu parlement (Douma), ces forces extra-parlementaires contestent la validité de cette Douma.
Mais il semble qu'une réaction « antifasciste » se prépare dans ces milieux, ce qui pourrait entraîner non seulement « la division » des contestataires, mais des affrontements entre extrême-droite et extrême-gauche, entre fascistes et anarchistes qui, déjà le 24 décembre, s'étaient dangereusement « approchés »...
Il semblerait, aux dernières nouvelles, que les diverses composantes de la protestation marcheront en colonnes séparées et, pour certains, en des lieux différents.
pour rappel, cette analyse de fond sur le mouvement contestataire en Russie :
INFORMATIONS DIVERSES¸
L'ancien ministre Koudrine participera au meeting du 4 février
L'ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine a déclaré à RIA Novosti son intention de participer le 4 février à la marche d'opposition russe placée sous le slogan "Pour des élections honnêtes".
Russie: une manifestation contre les fraudes électorales à Moscou
Une manifestation contre les fraudes électorales s'est déroulée samedi au centre de Moscou sur l'initiative du le parti libéral russe Iabloko qui affirme avoir rassemblé 600 personnes, alors que la police parle de 350 participants.
Le leader du parti Sergueï Mitrokhine a invité les manifestants à devenir observateurs à la prochaine présidentielle du 4 mars et aux élections municipales. "Il importe de participer à la manifestation contre les fraudes électorales prévue par l'opposition pour le 4 février, mais protester est insuffisant. Il faut entreprendre des actions concrètes, à savoir organiser un suivi des élections", a déclaré M.Mitrokhine devant les manifestants. Il a également annoncé son intention de créer une fondation baptisée "Elections transparentes".
http://fr.rian.ru/politique/20120126/193160332.html
Les autorités de Moscou ont accepté la tenue d'encore deux rassemblements d'envergure samedi 4 février qui doivent associer, selon les organisateurs, jusqu'à 45.000 manifestants, a annoncé jeudi le maire adjoint de la capitale, Alexandre Gorbenko. "A part un grand rassemblement sur la place Bolotnaïa, il y en aura deux autres, notamment sur l'avenue Sakharov et sur le mont Poklonnaïa", a indiqué le fonctionnaire municipal. Et de préciser que les organisateurs ont déclaré jusqu'à 30.000 participants à la manifestation sur l'avenue Sakharov et jusqu'à 15.000 manifestants sur le mont Poklonnaïa. M.Gorbenko a ajouté que le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) tiendrait lui aussi ce jour-là un meeting sur la place Pouchkine qui doit rassembler quelque 1.500 personnes. Auparavant jeudi, la mairie de Moscou a approuvé l'itinéraire de la marche d'opposition russe placée sous le slogan "Pour des élections honnêtes" ainsi que la tenue d'un rassemblement sur la place Bolotnaïa le 4 février. La manifestation doit rassembler jusqu'à 50.000 personnes selon ses organisateurs. Elle se déroulera de 12h00 à 15h00 heure de Moscou.
Russie: l'opposition prépare d'autres manifestations
Outre le rassemblement du 4 février "Pour des élections honnêtes", l'opposition projette une grande manifestation le 24 février et une autre juste après la présidentielle, a annoncé lundi à RIA Novosti Ilia Ponomarev, membre du comité d'organisation (parti Russie Juste).
"Notre plan actuel comporte encore une manifestation d'envergure le 24 février. Et je pense qu'après le 24 février, il faut en envisager encore une, soit le 4, soit le 5 mars, en fonction de l'évolution de la situation", a déclaré l'opposant.
Ce dernier a toutefois proposé d'annuler la présidentielle du 4 mars car quel que soit le résultat de cette élection, il serait, selon lui, illégitime.
"A mon sens, l'annulation de la présidentielle, un moratoire sur cette élection, serait la meilleure stratégie. Car tout résultat de la présidentielle sera mauvais", a affirmé l'interlocuteur de l'agence.
Selon l'opposant, si la victoire de Poutine est annoncée, et surtout dès le premier tour, personne n'y croira, ce qui déclenchera une contestation.
"Pas un seul candidat n'est actuellement suffisamment légitime", a ajouté M.Ponomarev.
L'opposition organise une marche placée sous le slogan "Pour des élections honnêtes" et un rassemblement place Bolotnaïa, le 4 février. Cette manifestation doit rassembler jusqu'à 50.000 personnes.
Suite aux dernières élections législatives russes remportées par le parti au pouvoir Russie unie, plusieurs partis et mouvances d'opposition russes se sont mobilisés pour dénoncer les fraudes qui auraient été commises lors du scrutin.
Le plus important rassemblement s'est déroulé le 24 décembre dernier sur l'avenue Sakharov à Moscou. La manifestation a réuni 30.000 personnes selon la police, et plus de 120.000 selon l'opposition.
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