PCHR Gaza
« Parmi tous ceux qui ont été tués, les corps de neuf personnes n'ont pas été trouvés, avec parmi eux les corps de ma femme et de mes enfants. J'ai fait tout mon possible, avec le personnel de la défense civile, pour retrouver leur corps. Tout ce que nous avons trouvé, c'était des morceaux de chair que l'on ne pouvait pas identifier. »
Mohammed al-Dayah (31 ans) avec sa fille Qamar (un ans et demi)
Le 6 janvier 2009, à environ 5 heures 45, un avion israélien a bombardé la maison de la famille al-Dayah dans le quartier de Zeitoun à Gaza. 22 personnes, dont 12 enfants et une femme enceinte ont été tués. Seul l'un des membres de la famille dans la maison au moment de l'attaque, Amer al-Dayah (31 ans), a survécu.
Amer, deux de ses frères qui n'étaient pas encore rentrés de la prière du matin dans une mosquée à proximité, et deux sœurs qui vivent ailleurs avec leurs maris et leurs enfants sont les seuls survivants de la famille al-Dayah.
Mohammed al-Dayah (31 ans) se souvient du jour de l'attaque : « Alors que j'avais fini de prier, je me tenais à côté de la mosquée, parlant à notre voisin, en attendant que le bruit des avions et des bombardements sur la zone diminuent. Puis j'ai entendu une explosion très puissante. Des éclats ont atterri là où je me trouvais. Je me suis immédiatement précipité vers la maison. Quand je l'ai atteinte, j'ai seulement retrouvé un tas de gravats. J'ai commencé à hurler et à appeler les membres de ma famille, mais il n'y avait aucune réponse. Ils étaient tous sous les décombres. Morts ».
Mohammed n'a pas pu enterrer sa femme Tezal (28 ans), ses filles Amani (6 ans), Qamar (5 ans), Arij (3 ans) ni son fils Yousef (2 ans). « Parmi tous ceux qui ont été tués, les corps de neuf personnes n'ont pas été trouvés, avec parmi eux les corps de ma femme et de mes enfants. J'ai fait tout mon possible, avec le personnel de la défense civile, pour retrouver leur corps. Tout ce que nous avons trouvé, c'était des morceaux de chair que l'on ne pouvait pas identifier. », dit-il. Tazal était enceinte de 8 mois d'un garçon, quand elle a été tuée.
« Pour le moment je ne peux pas imaginer être heureux à nouveau, ou célébrer un événement heureux. Cela me rappelle l'ancienne vie, l'habitude d'être avec ma famille. Avant, j'allais à de nombreuses fêtes. J'ai toujours dansé la dabke, avec toute ma famille à Zeitoun. Je menais la danse. Chaque fois que nous avions l'occasion de participer à une fête, nous y allions. Maintenant je ne supporte pas le son de la musique de fête, des célébrations. Cela me rend trop triste. Chaque fois qu'il y a une fête dans le quartier, je dois quitter la maison et aller ailleurs », dit Mohammed. Les vacances sont le moment le plus difficile de l'année pour lui : « Pendant le Ramadan et les vacances de l'Aïd je souffre et je pense à eux encore plus que d'habitude ».
Son frère Amer a poussé Mohammed à se remarier. « Au début, je ne voulais pas mais j'étais seul et je devais en quelque sorte reconstruire une vie », dit Mohammed. Maintenant Mohamed est remarié et a deux filles, Amani (4 mois) et Qamar (un an et demi), toutes deux nommées comme ses filles qui sont mortes dans l'attaque. « Je n'ai pas fait de fête quand je me suis remarié. Mes frères n'ont plus quand ils se sont mariés. Nous n'avons tout simplement pas envie de célébrer quelque chose ».
Mohammed travaille comme électricien au ministère de la Santé, mais a eu des difficultés à son travail depuis qu'il a perdu sa famille. « Je ne suis plus capable de dormir la nuit. La nuit est la partie la plus difficile de la journée pour moi car je n'arrive pas à m'endormir. J'ai tout essayé. Même des médicaments, mais qui m'ont donné des vertiges. Alors, la nuit je reste debout et je m'occupe : mangeant, allant marcher, assis dans le cimetière.... C'est seulement après le lever du soleil que je m'endors pendant quelques heures, épuisé. Alors, comment puis-je aller au travail à l'heure ? Je ne peux pas. Mon patron m'a donné 10 avertissements jusqu'à présent, mais en même temps, je sais qu'il comprend et a de la compassion pour ma situation. »
Les trois frères ont reconstruit une maison au même endroit que l'ancien bâtiment. Tous les trois voulaient absolument retourner au même endroit. « C'est là où nous avons grandi », dit Mohammed. « Le ministère des Travaux nous a aidé à construire depuis la base jusqu'au premier étage de la maison, mais la bombe a laissé un trou de sept mètres de profondeur sous le bâtiment, ce qui a posé des problèmes pour les fondations et entraîné une montée des eaux souterraines. Il nous a fallu trois mois pour résoudre le problème de l'eau, avant que l'on ne puisse même commencer la construction d'un nouveau bâtiment. »
Mais Mohammed remarque qu'il y a encore des problèmes avec la fondation de l'édifice. « Chaque fois qu'il y a un bombardement à proximité, je ressens des vibrations. Ce n'était pas comme ça avant. La maison n'est pas stable. Les soubassements ont été détruits par la bombe. »
Mohammed tente de reconstruire une vie et un avenir, mais il n'a aucun espoir de voir un jour tenus de rendre des comptes, ceux qui sont responsables de la mort de sa famille. « Je n'attends rien des tribunaux israéliens. Ils [Israël] planifient une attaque et sa justification en même temps, puis ils bombardent. Les crimes de guerre sont justifiés avant même d'être commis. Ces crimes peuvent se renouveler n'importe quand. »
Le PCHR a soumis une plainte pénale auprès des autorités israéliennes au nom de la famille al-Dayah le 18 mai 2009. À ce jour, aucune réponse n'a été reçue.
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