07/02/2012 wsws.org  6min #63197

 Les disciples de Goebbels à l'oeuvre contre la Syrie

Les provocations belliqueuses américaines contre la Syrie

Par Alex Lantier
7 février 2012

Washington et ses alliés impérialistes en Europe sont en train d'intensifier les préparatifs pour une intervention militaire à grande échelle contre la Syrie. Il est clair, qu'après la guerre de l'OTAN de l'année dernière contre la Libye et les menaces d'une soudaine attaque israélienne contre l'Iran, principal allié régional de la Syrie, Washington vise à remodeler le Moyen-Orient en installant par la force des régimes pro américains partout dans la région.

Les responsables américains ont dénoncé le veto émis samedi par la Russie et la Chine à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU contre la Syrie et qui cherchait à fournir un prétexte à une intervention militaire. Beijing et Moscou, qui n'avaient pas émis l'année dernière de veto à une résolution identique de l'ONU contre la Libye, craignent que ne soit peut-être pas si éloigné le jour où Washington essaiera de recourir directement à de telles méthodes à leur encontre.

Les préparatifs américains pour une intervention contre la Syrie sont à un stade très avancé et s'accompagnent d'un niveau de tromperie et d'hypocrisie jamais vu depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 ou bien depuis la période des nazis. En tentant de camoufler la politique américaine sous l'étiquette véreuse d'intervention « humanitaire », la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a dénoncé le vote au Conseil de sécurité de l'ONU comme étant une « farce » en ajoutant, « Nous allons oeuvrer avec les amis d'une Syrie démocratique partout dans le monde pour soutenir les aspirations politiques pacifiques de l'opposition en vue d'un changement. »

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a qualifié le veto russe et chinois de « sorte de tache » sur l'ONU en ajoutant que le président français, Nicolas Sarkozy, allait rapidement avancer de nouvelles initiatives contre le président syrien Bachar al-Assad.

Ces mensonges cyniques visent à conférer une légitimité morale à une intervention brutale en Syrie et à ignorer la forte opposition que cette politique suscite au sein de la classe ouvrière aux Etats-Unis et en Europe. Même dans les médias occidentaux, une large place est faite aux reportages selon lesquels les puissances pro américaines, dont la Turquie et la France, fournissent des armes et de l'aide aux forces d'opposition syriennes. Les Etats-Unis et leurs alliés n'agissent pas « pacifiquement » mais attisent les flammes d'une guerre civile tout en utilisant le bain de sang qui en résulte pour dénoncer Assad et émousser l'opposition populaire contre une nouvelle guerre.

Washington est très mal placé pour critiquer le combat d'Assad contre une insurrection armée. Les Etats-Unis ont réprimé dans le sang des insurrections contre leurs régimes fantoches dans l'Irak et l'Afghanistan occupés - au prix d'environ 1,2 million de vies humaines en Irak et de centaines de milliers en Afghanistan. La principale « tache » en la matière est sur Washington et ses alliés dont les mains sont couvertes du sang de millions de personnes.

Rien de ce que le régime syrien a fait ne peut être comparé à l'assaut américain de 2004 contre la ville irakienne de Fallujah. Les femmes et les enfants avaient été évacués de force de la ville qui avait ensuite été rasée, un immeuble après l'autre, à titre de représailles contre la résistance de Fallujah à l'occupation américaine.

Dans leur campagne contre la Syrie, les puissances impérialistes comptent une fois de plus sur des médias complaisants qui ne sont que les porte-paroles de la propagande de l'Etat.

Un exemple typique à cet égard est la rubrique de Robert Pape publiée vendredi dans le New York Times et effrontément intitulée « Pourquoi nous ne devrions pas attaquer la Syrie (pour le moment) ». Pape explique comment on pourrait utiliser contre la Syrie les méthodes utilisées l'année dernière dans la guerre de l'OTAN contre la Libye : l'OTAN s'était saisie des menaces du colonel Mouammar Kadhafi contre les insurgés de Benghazi comme prétexte pour bombarder la Libye et intervenir pour soutenir l'opposition basée à Benghazi.

Pape écrit que « l'opposition au régime dictatorial syrien du président Bachar al-Assad, n'a pas réussi à prendre le contrôle soutenu d'une quelconque zone de population majeure. » Il poursuit : « Et donc, une puissance aérienne à elle seule ne suffirait probablement pas à affaiblir les loyalistes d'Assad retranchés dans les villes et une lourde campagne au sol serait vraisemblablement confrontée à une forte résistance sanglante. Si une vaste région se détachait massivement du régime, une intervention humanitaire internationale pourrait bien devenir viable. Jusque-là, malheureusement, la Syrie n'est pas une nouvelle Libye. »

Ce commentaire fait par un partisan de l'insurrection syrienne, en dit long sur le caractère de classe de l'insurrection. Faute d'un vaste soutien populaire, elle est un moyen de donner aux puissances impérialistes une prise en Syrie afin de lancer une guerre contre Assad.

Le fait même que le Times demande à une figure comme Pape d'écrire un article d'opinion témoigne de la dégénérescence des médias et des universitaires américains. Benoîtement décrit par le Times comme « professeur de sciences politique » à l'université de Chicago, Pape est un serviteur fidèle de l'Etat. Auteur de « Bombing to Win » (Bombarder pour vaincre), il s'est spécialisé dans l'étude de « la puissance aérienne coercitive », c'est-à-dire, de la manière d'assujettir les Etats en les terrorisant par la menace de meurtre à grande échelle par les airs.

Les pratiques des stratèges actuels de la politique étrangère impérialiste sont entièrement empruntées aux méthodes nazies durant la période qui a précédé la Deuxième Guerre mondiale. Les complots américains visant à démembrer et assujettir la Syrie sous le couvert de dénoncer Assad, rappellent fortement la politique nazie de conquête de la Tchécoslovaquie qui avait commencé par l'occupation des Sudètes, ou la prétention des nazies de riposter aux tirs de la Pologne tandis que les tanks de Hitler se dirigeaient sur Varsovie.

Venir à bout du régime d'Assad est une tâche qui revient à la classe ouvrière syrienne et non pas à une opposition droitière armée, agissant comme mandataire pour Washington et ses alliés européens qui planifient de déclencher un bain de sang dans le pays. Le renversement d'Assad doit faire partie intégrante d'une lutte de l'ensemble de la classe ouvrière arabe et internationale, dont les étapes initiales ont été signalées par les soulèvements de masse de l'année dernière contre les dictateurs soutenus par les Etats-Unis en Egypte et en Tunisie. Cette lutte doit être dirigée avant tout contre l'impérialisme.

(Article original paru le 6 février 2012)

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