10/02/2012 legrandsoir.info  22min #63394

 Le Ccg et l'otan perdent leur leadership

Iran : Point d'Inflexion d'une Hégémonie...

Georges STANECHY

« La décadence n'est autre que la cruauté délibérée » - Truman Capote (1)

Une mégalopole

Téhéran, mégalopole sur la route de l'Asie...

Avec ses banlieues : une quinzaine de millions d'habitants. Dépassant la population de la Grèce. (2) Pays en faillite, à en croire la "désinfosphère", parce que nos frères Grecs, inconscients et paresseux, n'auraient pas assez travaillé et ne se seraient pas suffisamment serré la ceinture.

C'est à ne rien y comprendre.

Téhéran, dont les Occidentaux ne cessent de serrer la ceinture, d'étouffer dans des embargos de plus en plus féroces depuis 33 ans, se porte comme un charme. Trop, même...

Fulgurant contraste, dès que l'on sort la tête de l'enfumage de notre propagande : embouteillages monstres, permanents, avec des pics de pollution insupportables par grosses chaleurs. Carrefour de tous les peuples d'Asie centrale, mais aussi et depuis peu d'Amérique latine. Babel d'idiomes en tous genres, échangeant, expédiant, transportant, aspirant, cannibalisant, digérant, irriguant le pays de l'impressionnant déversement en provenance d'Asie et d'ailleurs, à flots continus : voitures, marchandises, machines-outils, engins, derniers gadgets du portable au téléviseur écran plat 3D. Jusqu'à de la viande de boeuf en provenance d'Argentine.

Immense vague repartant dans l'autre sens, sous d'autres formes de biens et services, tel un reflux. Dans son écume, parmi les plus visibles : acier, produits pharmaceutiques, automobiles, tracteurs, robots industriels, cimenteries et barrages. Exportant de l'électricité, pour 1 milliard de dollars, chez ses voisins : Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Irak, Pakistan, Turkménistan et Turquie. (3) On l'oublie, ou on l'occulte, l'Iran n'est pas qu'un producteur de pétrole et de gaz.

Iran, « isolé » de la « communauté internationale » ?...

J'éclate de rire quand j'entends pareille intox ! D'autant plus qu'il serait interdit de rire en Iran. Dernière trouvaille sortie de l'imagination échevelée des « experts en diabolisation - iranophobie misérabiliste - et autres farces & attrapes »...

L'exportation de produits non-pétroliers de l'Iran se chiffre à 50 milliards de dollars pour le denier exercice. Avec un  prévisionnel de 55 milliards, au minimum, pour le prochain. Explosant d'une croissance exponentielle, propulsée dans une étonnante alchimie de grandes industries et de PME-PMI, alimentée par un impressionnant réseau d'universités et de centres de recherche. L'ambition étant de dépasser, à terme, ceux des hydrocarbures. Hissant le pays dans un bon de 41 places, en un exercice de 2008 à 2009 d'après les statistiques 'US Facts', du 69° au 28° rang mondial pour sa production industrielle. (4)

Bien sûr, beaucoup reste à faire pour rattraper les champions de la catégorie en termes d'exportation de produits non-pétroliers. Mais lentement, inexorablement, l'Iran se relève des terribles pertes, évaluées à 500 milliards de dollars, subies au cours des 8 ans de guerre (1980-1988) contre l'Irak imposée par Saddam Hussein, allié alors avec les Occidentaux et les pétromonarchies du Golfe Persique. Dans la démolition méthodique de ses industries, avec ses infrastructures de pétrole et de gaz, pour le punir d'avoir renversé la tyrannie du Shah et refusé l'allégeance à l'Empire. Au tragique, et encore plus dévastateur, "coût humain" : un million de morts, avec autant de blessés, gazés et handicapés à vie.

Progression économique constatée dans le  rapport FMI du mois d'août 2011. En ce début 2012, la situation est encore plus favorable. Une balance commerciale excédentaire, des réserves en devises dépassant les 120 milliards de dollars auxquelles s'ajoutent  907 tonnes d'or représentant 17,5 milliards de dollars supplémentaires. (5) La capitalisation boursière de la Bourse de Téhéran, à ce jour, dépasse les  127 milliards de dollars, enregistrant une augmentation annuelle de 30%.

Malgré l'implacable hostilité de l'Occident : campagnes de propagande diffamatoires délirantes, embargos, sabotages, attentats, assassinats. L'Iran chemine, avec ténacité, surmontant les obstacles, pour devenir un géant industriel, scientifique et financier de la région, maîtrisant toutes les nouvelles technologies.  L'arraisonnement du drone le plus sophistiqué de l'arsenal US en est un signe évident.

Un des premiers pays dans le monde à investir massivement dans les  nanotechnologies et les nanosciences, l'aérospatial, la recherche agronomique et vétérinaire, la recherche médicale et pharmaceutique, la recherche sur les cellules et le clonage.

Il est considéré comme le pays dans le monde où la recherche scientifique progresse le plus vite : 11 fois la moyenne mondiale. Dépassant même la Chine (6). Au cours du premier semestre 2011 iranien (avril - septembre), l'Iran a publié dans des revues scientifiques internationales plus de 12.000 articles de recherche scientifique. 70% des étudiants dans les disciplines scientifiques étant des femmes...

Confirmant cet élan le 3 février 2012, lors des festivités de la révolution de 1979, par l'annonce du  lancement réussi de son troisième satellite, avec une parfaite mise en orbite. Lanceur et satellite, entièrement « faits maison »...

Lancement du 3° satellite iranien, Navid-e Salm-o Sanat, le 3 février 2012

Une politique de reconstruction et de développement enracinée dans une opposition farouche aux appropriations prédatrices des groupes pétroliers et financiers occidentaux. Paradoxe, l'embargo de l'Empire complétant à merveille cette gestion par ses effets extrêmement positifs pour l'économie du pays, évitant de se voir imposé, sur fond de pillage de ses ressources naturelles et de "privatisations" spoliatrices, le modèle économique néocolonial.

On ne le soulignera jamais assez la réussite de l'Iran dans le blocage de cette calamité. Miroir aux alouettes architecturé, par les « économistes occidentaux » secondés de leurs supplétifs sur place, autour de 5 "mécanismes-parasites" ingénieusement agencés suivant les contextes, vampirisant, phagocytant les économies locales des pays néocolonisés au profit des groupes occidentaux :

=> Développement d'un "tourisme toxique", dont les marges réelles sont confisquées par les "Tour Operators" étrangers (7)

=> Eradication de la petite agriculture au profit des "cultures d'exportation" des grands propriétaires dont une majorité de sociétés étrangères (coton, agrumes, fleurs coupées, primeurs, etc.), accélérant l'exode rural et l'émigration illégale

=> Eradication du petit commerce au profit de la grande distribution étrangère, avec incitation au surendettement dans la consommation

=> Spéculation immobilière bloquant l'accession à la propriété ou au logement décent d'une grande partie de la population, tout en permettant aux occidentaux de se constituer un patrimoine immobilier de grande valeur (centres commerciaux, hôtels, résidences, terres agricoles, etc.) avec des prix et des avantages fiscaux meilleurs que chez eux

=> Sous-traitance "paupérisante", avec ses variantes les plus caricaturales : centres d'appel ou usines de confection de chemises et de jeans pour la grande distribution occidentale.

Semi-esclavagisme, ancré sur des activités précaires (la moindre "crise" assèche immédiatement tourisme et sous-traitance), des fluctuations erratiques de cours des produits agricoles à l'export, ne créant ni emplois à forte valeur ajoutée, ni 'essaimages' générateurs de développements techniques et scientifiques. Obligeant le pays à vivre dans l'endettement permanent, à la merci des exigences de ses créanciers occidentaux, au seuil de la survie. On peut, ainsi, le constater tristement pour ce grand pays, aux immenses talents et potentiels, qu'est l'Egypte.

Haft-e Tir Square - Téhéran

"Teheran delenda est"

Pendant que les Occidentaux, prenant leurs désirs pour la réalité, refusent de considérer l'Iran comme un partenaire à respecter, Chinois et Indiens vibrionnent de 'business', à ne plus savoir où donner de la tête. Commerçant, investissant, construisant, multipliant les partenariats : routes, chemins de fer, trains à grande vitesse, infrastructures portuaires, exploration et exploitation de champs pétrolifères et gaziers.

Avec, dans leurs caravansérails, leurs fabuleux restaurants à succès. A terme, de quoi s'inquiéter davantage de la survivance de la délicieuse gastronomie persane, face à ses rivales d'Inde ou de Chine, que de celle de la Nation Iranienne...

Car, nous martèle-t-on : « il faut détruire l'Iran ! ».

Pays industrieux, mais aussi pays de poésie et de spiritualité. Magnifique par la splendeur de ses paysages, les raffinements de sa civilisation millénaire, et son fraternel sens de l'hospitalité, célébré avec tant d'émotion et de profondeur par l'incomparable "Iraniste"  Henri Corbin. (8)

Bien sûr, se donnant "Bonne Conscience" dans l'invocation de la sournoise et diabolique sauvagerie des Iraniens. Nos nomenklaturas, Tartufes, poches et soutes bardées d'armes à détruire 36 fois l'humanité, ne cessant de hurler à la lune : les Iraniens, couteau entre les dents, vont arroser la planète de leurs bombes atomiques qu'ils n'ont pas encore, les concoctant activement dans les chaudrons de leurs souterrains secrets ! Visant tout spécialement, stupides qu'ils seraient, les pays qui en possèdent des centaines...

Hypocrisie venimeuse. Tout le monde le sait. Chacun fait comme si. Singeant Pilate se lavant les mains du mensonge et du massacre à venir. Nos médias hébétés, ânonnant la rhétorique de la propagande. Identique à celle précédant la dévastation de l'Irak, recyclant les mêmes arguments : armes de destruction massive, bombes atomiques, qui n'existent pas. Mais, qui seraient sur le point d'exister.

L'Iran est signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire, se conformant à ses obligations. Seul le nucléaire civil l'intéresse, en particulier le nucléaire médical.

Les spécialistes Iraniens, qui ne sont pas les marionnettes d'un lobby de l'armement international mais d'excellents joueurs d'échecs, éprouvent autant de considération pour le nucléaire militaire que pour une vieille arquebuse : un armement dépassé, obsolète, dangereusement encombrant, 'abyssalement' hors de prix en achat et en maintenance, n'enrichissant qu'une même caste. Et, en fin de compte : inutilisable. Le comble de l'imbécillité stratégique militaire.

Avec pour socle une cohésion nationale fondée sur une justice économique et sociale, la force de dissuasion d'un pays, la défense de sa souveraineté, reposeront sur sa maîtrise des nanotechnologies et des technologies laser. Les Iraniens y travaillent et vont devenir un des leaders mondiaux en ce domaine. Alors, se lancer sur le marché des antiquités atomiques ne les intéresse pas...

Complexe cinématographique Park Mellat - Téhéran

Rien n'y fait.

Diabolisons, il en restera toujours quelque chose dans l'inconscient collectif occidental ! Pas de preuve, le procès d'intention suffit. Dire qu'il possède les connaissances techniques pour fabriquer la bombe : évidemment, qu'il en a le niveau ! Le dernier des cancres ne pourrait nier l'excellence de sa recherche scientifique.

Que veut-on dire par là ?... Qu'exprime cette 'abjection des calomniateurs', comme dirait Nizan ?... En clair, ce que l'Empire avait promis aux Irakiens et qu'il a réalisé : renvoyer l'Iran à "l'âge de pierre". Réduire en cendres un pays de 80 millions d'habitants (9), près de 4 fois la France en superficie. Tel est l'objectif.

Ce n'est ni l'existence supposée d'une bombe atomique ou de sa préparation, ni l'impérieuse nécessité d'un 'changement de régime' pour introduire la démocratie, qui sont en jeu.

Seul motif : s'emparer d'un pays, de ses richesses, ressources naturelles et réserves de devises ou d'or, détruire ses acquis scientifiques, casser ses revendications de libre exercice de sa souveraineté, l'asservir en lui imposant un gouvernement de « collabos », pour crime d'hérésie par son refus obstiné de l'hégémonie de l'Empire et de son 'dollar roi'.

Dans sa volonté de dominer le monde, la logorrhée guerrière de ses traîneurs de sabre est atterrante par son niveau de mégalomanie et d'hallucination. Lisons le rapport publié en janvier 2012, par son ministère de la Défense : «  Sustaining U.S. Global Leadership : Priorities for 21st Century Defense ». Un "remake new look" du bla-bla-bla des conquistadors du XV° siècle...

Au fond, rien n'a changé, depuis l'Antiquité, depuis Rome. Tout « empire » confronté au refus de son hégémonie s'estime menacé et, en conséquence, s'arroge "le droit Jupitérien" de foudroyer celui qui défie sa puissance. Obsession, rappelant le slogan de Caton qui ne cessait de réclamer la destruction de Carthage, avec sa formule historique clôturant chacun de ses discours :

« Carthago delenda est ». Il faut détruire Carthage ! (10)

Il est vrai que les Carthaginois avaient failli prendre Rome. Mais, on voit mal les Iraniens débarquer aux USA et camper aux portes de Washington. Qu'importe ! Comme les Romains pour Carthage, les Occidentaux rêvent de raser Téhéran et d'y verser du sel sur ses ruines pour que rien ne repousse.

Ecoutons les candidats républicains à la présidence des USA, appelant à la destruction de l'Iran, ignares du Monde et de l'Histoire rivalisant, dans 'les primaires' en cours, de bêtise et de xénophobie dans une effrayante paranoïa. Restons humbles, toutefois, nos propres candidats à la présidence française et  leurs pistoleros, s'ils se montrent plus sobres ou plus ternes dans les gesticulations, ne valent guère mieux en ce domaine...

Métro de Téhéran

La paranoïa pour Doxa

Cette haine obsessionnelle contre l'Iran résume, en fait, la doxa des nomenklaturas de l'Occident. Symbolisée par la formule de l'ancien PDG du fabricant de microprocesseur Intel, Andrew Grove (11) : « Seuls les paranoïaques survivent ». Scandée durant toute sa carrière professionnelle devant des auditoires le prenant pour un génie, au point qu'il fut nommé professeur de stratégie à l'Université Stanford...

Face à la peur d'être rejoint, dépassé, par d'autres nations souhaitant s'émanciper de leur domination militaire, scientifique, économique, culturelle. Préférant l'anéantissement de l'Autre, plutôt que la remise en cause de sa relation à l'Autre.

En fait, dans leur fureur, en créant de toutes pièces une 'crise iranienne', les occidentaux inscrivent le « point d'inflexion » marquant historiquement la fin de leur hégémonie sur le reste de la planète. La courbe de leur expansion prédatrice, ralentissant, plafonnant, amorce à présent sa descente, sa chute.

Fin du XX° et début du XXI° siècle, des coups d'arrêt ont surgi face à leurs prétentions de domination hyperviolente, à l'encontre de toutes "valeurs" d'humanité et de justice, dans la résistance héroïque de peuples refusant la soumission, l'invasion, la colonisation : Palestinien, Chinois, Cubain, Vietnamien, Sud-Libanais, Afghan.

L'Empire avait su les contourner, s'y adapter. S'acharnant sur d'autres nations, plus faciles à diviser, envahir, détruire : la petite île de Grenade ou Panama. Puis : Yougoslavie, Irak, Libye. Tout en imposant son pouvoir par dictatures interposées, depuis des décennies, dans des dizaines de pays, sur tous les continents.

Mais, l'évolution est inéluctable.

En Amérique latine, réactivant l'épopée de  Simón Bolivar et de Cuba, les volontés d'affranchissement à l'égard de ces prétentions hégémoniques se multiplient : Venezuela, Bolivie, Equateur... Fin 2011, ce mouvement se confirme par la création d'une organisation des Communauté des Etats Latino-Américains et Caraïbes ( CELAC), rassemblant 33 pays de la région. (12)

Le projet de remodelage du Moyen-Orient en une mosaïque ethnique et religieuse tel qu'il était fantasmé par les idéologues de l'Empire (13), vient de capoter. La destruction programmée de la Syrie, survenant après la sauvage désintégration de la Libye, avec pour projet la mise en place d'un gouvernement de « polichinelles » pour en gérer les débris, a trouvé une pierre d'achoppement.

Chine et Russie, représentant un large courant de pays excédés des prétentions de la "Bande des Quatre" (USA, Israël, GB et France) associés aux pétromonarchies, bloquant  pour la deuxième fois par leurs droits de veto au Conseil de Sécurité, les tentatives d'instrumentaliser l'ONU.

La propagande de l'Empire et de l'Otan, leurs "agents d'influence" dont plusieurs occupent des postes gouvernementaux en Europe, se livrant à une séance d'histrionisme d'un cynisme absolu. Criant au scandale, exprimant leur "dégoût", stigmatisant "l'association des dictatures" contre la vertueuse 'communauté internationale', dont ils s'autoproclament les porte-paroles. Leur ardeur charitable à l'égard du peuple Syrien trouvant sa limite dans l'oubli de la soixantaine de vetos émis rien que par les USA, entre 1972 et 2011 (14), verrouillant expressément toute intervention humanitaire contre massacres et spoliations infligés au Peuple Palestinien.

Le commencement de la fin

Les vetos de la Russie et de la Chine sont l'expression du refus d'accepter qu'une horde de prédateurs invoquant des "valeurs" qu'ils n'appliquent jamais, usurpant le droit de représenter l'ensemble des Nations, s'amuse à détruire des pays les uns après les autres sous couvert d'une diabolisation préalable. Tout cela pour satisfaire des prétentions hégémoniques.

Au mépris des règles élémentaires de la diplomatie. Et, surtout, de la Charte des Nations Unies dont ils sont signataires qui spécifie clairement, irrévocablement, dans son Chapitre 1 : Buts et Principes, notamment dans l'article 1.2., l'obligation pour ses membres de : « Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde ».

L'Iran, avec sérénité et courage, les yeux dans les yeux des Etats-voyous qui le menacent d'anéantissement, lui livrant une impitoyable 'guerre économique', soutient une politique de paix et de dénucléarisation militaire du Moyen-Orient. Face aux exigences de domination de l'Empire, il ne cèdera pas sur ses droits légitimes et n'acceptera aucune soumission contraire à sa souveraineté nationale.

En cela, il bénéficie de l'appui, direct ou indirect, officiel ou officieux, de tous les Etats non inféodés au camp occidental. A commencer par la mise en place de transactions dans d'autres devises que le dollar ou l'euro : yuan, rouble, ou en or. Affaiblissant d'autant, la domination financière de l'Empire...

Dans leur aveuglement, l'Occident, l'Empire, ne perçoivent pas le basculement en cours. Ce n'est pas à la "bombe atomique virtuelle" de l'Iran qu'ils se trouvent confrontés, mais à une réalité plus tangible. Celle de l'effondrement de leur hégémonie séculaire.

En conséquence, pour reprendre le langage de gangsters utilisé à présent sur les estrades diplomatiques : « toutes les options ne sont pas sur la table ». Il n'en reste que deux. Pas une de plus :

i)  L'aborder dans l'apaisement et la paix, dans une collaboration constructive avec l'ensemble des pays de la planète, dans le respect mutuel, pour relever solidairement tous les défis qui l'attendent. Tout particulièrement, l'urgente nécessité de créer pour la prochaine décennie un minimum de 600 millions d'emplois...

ii) S'enfermer dans une folie destructrice qui trouvera vite son butoir, comme on vient de le mesurer à l'ONU, en écrasant des pays plus faibles que soi, les uns après les autres, pour se livrer à leur pillage.

Choisir la deuxième option, établirait que l'Occident n'était qu'une 'civilisation' inhumaine, mortifère, érigée sur une foncière paranoïa lui faisant prendre ses désirs de mort pour la pulsion de vie.

Ignorant ce dilemme, les bellicistes échafaudent l'attaque contre l'Iran, supputant la « fenêtre » de son extermination et de son démembrement. A l'image de publicitaires, planifiant le lancement d'une campagne pour une nouvelle savonnette ou un dentifrice miracle.

Entre avril et juin 2012, énonce doctement le ministre de la défense des USA, Leon Panetta. Pour bien faire comprendre qu'il s'agira d'une invasion de l'Iran, avec troupes d'occupation, ils annoncent la création, en plus d'une multitude de bases, d' une vingtaine d'hôpitaux militaires pour un budget de 5 milliards de dollars, dans le Caucase, en Géorgie. Car, forcément "pertes humaines" il y aura... (15)

En attendant l'Apocalypse vociférée par les fanatiques de l'Empire, les stratèges Iraniens regardent patiemment sur leurs écrans-radars passer,  langoustes en migration, les multiples bâtiments en tous genres de ses escadres, escortant chacune un porte-avions géant, s'engouffrant en file indienne...

Dans la nasse, qu'est le Golfe Persique.

Georges STANECHY

(1) Truman Capote, Entretiens, traduit de l'anglais par Michel Waldberg, Rivages, 1988, p. 203.

(2) En 2010,  les données de la Banque Mondiale chiffrent la population de la Grèce à 11.319.048 habitants.

(3) Pour un total de 1.318 GWh lors de l'exercice 2010-2011 (le calendrier iranien se déroule de mars à mars). Sur les 11 mois 2011-2012 (21 mars 2011 au 19 février 2012), le total atteindra 7.349 GWh.

(4)  old.tehrantimes.com

(5) Le Trésor Iranien a réalisé une excellente affaire en achetant ces réserves d'or lorsque le cours était à US$ 600 bondissant à US$ 1730 en moyenne actuellement, soit un quasi triplement de valeur,  tehrantimes.com. Le cours atteignait US$ 1760, le 3 février 2012.

(6) Rapport d'Eric Archambault, sur la progression de la recherche scientifique en Iran, extrait de " 30 Years in Sciences - Secular Movements in Knowledge Creation ", Science Metrix - Canada - 10 février 2010,  http://hasnain.wordpress.com/2010/02/20/irans-science-progress-fastest-in-world-eric-archambault%E2%80%99s-report-of-science-metrix-a-data-analysis-company-in-montreal-canada/

(7) Le développement d'une « industrie touristique » dans un pays à forte population, insuffisamment développé sur le plan économique avec une diversité d'industries et de services, équivaut à livrer une grande partie de la jeunesse, survivant sans emplois ou dans des emplois sous-qualifiés et peu rémunérateurs, au « tourisme sexuel ».

Les dirigeants le savent et participent au trafic. D'autant plus qu'il est insidieusement imposé par les puissances néocoloniales, s'agissant d'un dissolvant ravageur pour une société réfractaire à une colonisation. L'équivalent de « l'opium » imposé par les occidentaux à la Chine au XIX° siècle.

Bangkok ou Manille en sont les archétypes. Actuellement des pays arabes non ou peu producteurs de pétrole, notamment, n'échappent pas à cette gangrène. Expliquant, en partie, l'approche « moralisatrice » de certains courants politiques. D'où, leur succès au sein d'une population souffrant de cette provocation humiliante. Phénomène, évidemment, soigneusement occulté par nos médias et « experts », évacuant les racines profondes d'une révolte face à l'inacceptable sous le vocable « hiver islamiste »...

(8) Parallèlement à son  oeuvre immense, plus connue à l'étranger qu'en France, Henri Corbin a toujours dénoncé la tyrannie sanguinaire du Shah, les horribles exactions de sa police politique la SAVAK. Ainsi que les colossales prédations de l'Occident en Iran, dans un complet analphabétisme sur ce pays de l'opinion publique, notamment française, manipulée par nos politiciens et médias.

(9) Données officielles [en 2010] : 76.923.300 habitants.

(10) Caton dit « l'Ancien » (aux USA, on dirait "Senior"), vécut de 234 à 149 avant notre ère. Responsable politique romain, célèbre pour son puritanisme et sa xénophobie : il fit expulser artistes et philosophes grecs de Rome, accusés de pervertir la 'civilisation' de la nation... Adversaire acharné, halluciné, de Carthage.

(11) Cofondateur et PDG d'Intel, pendant 38 ans, jusqu'en 1997, puis Président de son Conseil d'administration jusqu'en 2004. Icône caricaturale de la religion du "capitalisme sauvage", avec ses dogmes et son culte, appliquée aux entreprises et organisations, formatant, infestant, des générations de cadres et dirigeants dans les séminaires de son "clergé" que sont les Business Schools. Dont on commence à peine à mesurer les ravages. La "séparation de la Religion et de l'Etat" commence, en priorité, par là...

(12) Thomas Posado, Amérique latine : unité régionale pour une nouvelle indépendance, Le Grand Soir, 4 février 2012,  legrandsoir.info

(13) Lire l'excellente analyse d'Hédi Dhoukar du 10 janvier 2012, sur le remodelage fantasmé, déjanté, du Moyen-Orient par les idéologues néoconservateurs US : Les dessous d'une carte,  hedidh.blogspot.com

(14) US on UN Veto : 'Disgusting', 'Shameful', 'Deplorable', 'a Travesty'... Really ?, Jadaliyya, 5 février 2012,  jadaliyya.com

(15) 'US builds hospitals in Georgia, readies for war with Iran', RIA Novosti, 10 janvier 2012,  rt.com

Caricature de LUO JIE - ChinaDaily - 19 janvier 2012

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