L'Iran est-il en train de resserrer les libertés individuelles à la veille de l'anniversaire de la révolution de 1979 ? Alors que l'évènement sera fêté samedi, plusieurs rapports indiquent que le pays s'est attaqué au protocole de sécurisation HTTPS.
Difficile de croire à une simple coïncidence, si les faits s'avèrent être exacts. Alors que l'Iran s'apprête à célébrer samedi l'anniversaire de la révolution de 1979, plusieurs témoignages en provenance du pays laissent entendre que le gouvernement aurait durci encore un peu plus le filtrage d'Internet. Cette fois, c'est plus spécifiquement le protocole chiffré HTTPS qui serait visé.
Sur Twitter, Jacob Appelbaum [indique] ainsi que "l'Iran est en train de filtrer Internet plus intensément depuis au moins 48 heures. SSL / TLS sont censurés au niveau de plusieurs fournisseurs d'accès à Internet, mais pas tous". Or, il faut savoir que ces deux protocoles de sécurisation sont utilisés dans la sécurisation du trafic HTTP en ajoutant une couche de chiffrement (HTTPS).
D'après le site Kabir News, qui évoque aussi un bridage de la navigation sécurisée en HTTPS, la mesure aurait débuté jeudi 9 février. Des sites web comme Gmail, Yahoo et Google, qui proposent leurs services avec un accès chiffré, seraient ainsi difficilement joignables. Le problème se répercute également sur les banques du pays, qui sécurisent aussi la connexion avec ce protocole.
Si l'on se réfère au rapport de transparence fourni par Google, la courbe représentant le trafic enregistré au niveau de Gmail en Iran est effectivement en chute libre depuis le 9 février. Le géant de Mountain View rappelle que son outil permet ainsi de repérer les interruptions ou les perturbations causées par un blocage gouvernemental ou un problème technique, comme un câble sectionné.
Seul Gmail semble vraiment subir un filtrage intensif en Iran, les autres produits (non chiffrés) sont quant à eux accessibles sans aucune difficulté manifeste. En tout cas pour cette période-là. Le géant américain rappelle toutefois que les données situées après le 5 février sont à interpréter avec précaution, dans la mesure où elles sont en cours de finalisation.
Ce n'est pas la première fois que l'Iran met la pression sur les services web étrangers la veille de l'anniversaire de la révolution de 1979. En février 2010, le pouvoir avait annoncé le blocage de Gmail. À l'époque, cette mesure avait été justifiée afin d'inciter les internautes iraniens à basculer sur une messagerie nationale.