En brisant la Libye (Sarkozy 2011), puis en faisant le maximum pour briser la Syrie (Hollande 2012 et suivantes), la France a délibérément anéanti le projet d'Union pour la Méditerranée qu'elle avait cru pouvoir déployer à titre de compensation pour la conquête économique, par l'Allemagne, des ex-pays de l'Est. Pour quelle raison est-elle entrée dans cette stratégie guerrière ? Parce que, assez rapidement, elle a constaté que la résistance principale au développement de l'économie de marché dans les pays du Sud concernés, à l'exception d'Israël, résidait dans des modes de vie constitués autour de l'Islam.
Dans le rapport établi en novembre 2008 sous le titre « Union pour la Méditerranée - Le potentiel de l'acquis de Barcelone«, par l'Institut d'Etudes de Sécurité européenne, il est écrit que l'une des conditions nécessaires « au succès de l'initiative « Le processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée » est que ce processus doit faire face à un certain nombre de défis importants dans cette région : l'Islam politique, le renforcement de la sécurité [induit] par les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis, le rôle des migrants dans le processus de Barcelone, les conséquences de l'utilisation inopportune de la notion de « choc des civilisations », la persistance des tensions et conflits régionaux, et la nécessité de faire appliquer la règle de droit et les libertés civiles pour un véritable développement économique et social. » (page 5)
Bien sûr, il ne peut s'agir que d'un « développement économique et social » dans le cadre d'une économie de marché, destinée à servir de socle à la pénétration de l'impérialisme occidental. Or, l'échec américain d'implantation directe de la démocratie en Irak avait bien montré la force de résistance de systèmes tribaux dûment irrigués par telle ou telle variante de l'Islam.
Par ailleurs, pour la France, la voie conduisant à une réelle « Union pour la Méditerranée » passait par l'acceptation d'une ouverture accrue de ses frontières aux migrations arabo-musulmanes difficile à faire [admettre] au sein d'une population toujours travaillée par [les suites] de la guerre d'Algérie :
« Dans le cadre de ce processus, l'Union doit également concilier ses propres exigences d' « inclusion dans la diversité » et le fait que de nombreux Européens refusent toujours d'accepter l'hétérogénéité de la société européenne ; sans cette prise de conscience, l'Europe ne pourra jamais engager un dialogue constructif avec les pays du bassin méditerranéen sur la question de l'immigration. » (pages 5-6)
Désormais, le processus de guerre à l'Islam est engagé. Il y a d'abord eu les multiples [agressions] menées par les Femen ; il y a eu les caricatures de Mahomet... Éléments qui venaient frapper de plein fouet des systèmes de vie constitués depuis des siècles, et manifestations dont l'OTAN ne peut pas être vraiment mécontente, puisqu'elles lui offrent, par les réactions vigoureuses et durables qu'elles produisent, une cible à ses attaques meurtrières, par avions, par hélicoptères ou par drones.
C'est donc maintenant la guerre. Une guerre que la France peut très bien mener sous l'aile de l'OTAN, à l'extérieur. Mais dont elle va devoir s'accommoder [durablement] sur son propre sol.
Voilà le cadre général dans lequel - pour mieux comprendre les [enjeux] actuels - il convient de placer... Voltaire : mise en cause des institutions religieuses par ses écrits et ses actes ; incitations au blasphème (il fait venir ostensiblement des reliques de Rome et communie devant ses villageois tout en se moquant de la communion auprès de ses relations haut placées, etc.) ; le tout pour faire triompher l'argent-roi, donc la division entre les possédants et le petit peuple travailleur qu'il s'agit de pouvoir saisir à travers la valeur d'échange nue : celle qui permet de l'exploiter jusqu'aux dernières limites, y compris celles en quoi consistent les guerres, dont Voltaire lui-même aura été l'un des promoteurs les plus habiles et les plus intéressés en compagnie des frères Pâris et de la marquise de Pompadour.
Voir: voltairecriminel.canalblog.com
Michel J. Cuny