Pendant que le monde entier regarde Paris, la secte Boko Haram continue de faire des massacres. Un rapport d'Amnesty International, rendu public le 15 janvier, est à glacer le sang tant les morts sont nombreux chez les civils, notamment depuis la vaste offensive lancée sur Baga, le 3 janvier dernier, dans le nord-est du Nigeria, près du Tchad.
Les chiffres manquent de précision mais on parle de centaines voire de milliers de morts, soit l'attaque la plus meurtrière depuis l'apparition du groupe. Paroxysme de la violence, une femme a même été tuée en plein accouchement, selon Amnesty.
L'organisation rappelle d'ailleurs que les attaques de Boko Haram se sont intensifiées depuis le début de l'année 2014, tuant plusieurs milliers de personnes l'année dernière. Les bilans sont difficiles à obtenir mais les images satellites de la région donnent une idée de la violence des affrontements entre Boko Haram et l'armée nigériane. Les deux photos suivantes ont été prises à 5 jours d'écart. Elles représentent la ville de Baga et celle de Doron Baga, sur une distance de 2,5 kilomètres. La première date du 2 janvier, soit la veille de l'attaque par Boko Haram. La seconde est datée du 7 janvier. La différence est saisissante. Certains quartiers ont été tout simplement rasés, comme le montrent les agrandissements réalisés par Amnesty. Ainsi près de 3500 structures ont été détruites ou abimées pendant l'offensive. Doron Baga, la ville qui abrite la base militaire de la Force multinationale (composée de soldats tchadiens, nigériens et nigérians) a été la plus touchée. Près de 57% de son territoire est parti en fumée. ''L'analyse ne porte que sur deux des nombreux villages et villes qui ont été victimes de la série d'attaques menées par Boko Haram depuis le 3 janvier 2015'' précise l'ONG.
Ces observations concordent d'ailleurs avec les témoignages récoltés par Amnesty comme celui d'un homme d'une cinquantaine d'années : ''Ils ont tué énormément de gens. J'ai vu peut-être 100 personnes se faire tuer à Baga à ce moment-là. J'ai couru vers la brousse. Ils continuaient à tirer et à tuer alors que nous courions.'' Une femme raconte : ''Nous étions entourés de cadavres, à perte de vue.'' Après ces massacres, le nombre de réfugiés a explosé : 11 320 ont rejoint le Tchad voisin en quelques jours.
Le rapport précise aussi que Boko Haram n'est pas seul dans les exactions. ''Les forces de sécurité nigérianes commettent aussi des crimes contre l'humanité en toute impunité'' souligne Amnesty. Le 14 mars 2014, plusieurs centaines de prisonniers de la prison de Maiduguri, souvent détenus de façon arbitraire par l'armée, ont été libérés et forcés à rentrer chez eux par Boko Haram. Dans les heures qui ont suivi, l'armée a repris le contrôle de la prison et les détenus restés sur place ont été exécutés par les soldats. Les autres ont de nouveau été arrêtés avant d'être mis à mort à leur tour.
Fondée en 2002, la secte islamiste Boko Haram a lancé de nombreuses offensives meurtrières depuis 2013. Le groupe a aussi revendiqué l'enlèvement en avril 2014 de 216 lycéennes que le groupe aurait convertie à l'islam et mariées. On attribue aussi au groupe l'attentat-suicide dans un collège de Potiskum, tuant 58 élèves en novembre 2014.