Par Aline Retesse
Utilisant l'émotion provoquée par les attentats en France, tous les dirigeants politiques français, de Hollande et Valls à Sarkozy, y sont allés de leurs déclarations pour appeler à faire la guerre contre le terrorisme.
Sans surprise, le ministre des Affaires étrangères, Fabius, a annoncé que les interventions militaires françaises au Mali et au Moyen-Orient seraient renforcées. Mardi 13 janvier, les députés votaient par 488 voix pour, une contre, et 13 abstentions, la prolongation de l'intervention des forces françaises en Irak. Le même jour, le porte-avions Charles-de-Gaulle partait en direction de la région du Golfe où il devrait être engagé dans des combats contre le groupe État islamique. Cet envoi du Charles-de-Gaulle et d'avions supplémentaires au Moyen-Orient signifie de prochains raids aériens, qui n'apporteront que des destructions et des victimes parmi la population civile, sans pour autant vaincre les djihadistes.
Le gouvernement veut justifier les interventions passées au Mali ou en Centrafrique, ou encore celle déclenchée en septembre en Irak. Il voudrait surtout pouvoir continuer ces guerres, voire les intensifier, avec l'assentiment des travailleurs et de l'ensemble des classes populaires. Mais ces guerres menées par la France dans le monde, au nom de la lutte contre le terrorisme, ont eu pour seul objectif la défense des intérêts des grands groupes capitalistes. Pour justifier l'intervention au Mali, déclenchée il y a tout juste deux ans, le gouvernement français parlait de s'opposer à l'instauration d'un État terroriste. Mais il était surtout préoccupé de préserver l'ordre dans sa zone d'influence africaine, dans cette zone située au nord du Mali, tout près de la frontière du Niger, pour que le trust français Areva puisse continuer à exploiter les gisements d'uranium.
Il faut bien combattre la barbarie, répètent en boucle les dirigeants politiques, de Hollande à Sarkozy. Mais qui a semé cette barbarie partout dans le monde ? Les milices djihadistes qui, en Irak et en Syrie, imposent une dictature moyenâgeuse à la population des territoires conquis, ne sont pas nées de rien. Des milices comme celles de l'État islamique, qui utilisent le drapeau de la religion, prétendant représenter la population sunnite, tout comme celles, plus ou moins puissantes, qui prétendent représenter la population chiite, n'auraient jamais vu le jour si l'impérialisme ne leur avait pas ouvert la voie en attisant, directement ou indirectement, les divisions au sein de la population irakienne et en utilisant ces divisions pour imposer sa domination.
Ces milices djihadistes ont été favorisées politiquement par les dix années de guerre et d'occupation impérialistes, qui n'ont apporté à la population que la misère, les destructions, les morts. Elles ont, de plus, été aidées matériellement pour certaines. Ainsi, les États du Golfe, et en particulier l'Arabie saoudite et le Qatar, en bons exécuteurs des basses œuvres pour le compte des pays impérialistes, États-Unis en tête, ont fourni aux milices de l'État islamique basées en Syrie de l'argent et des armes. Ces forces réactionnaires sont les créatures monstrueuses de l'impérialisme, devenues aujourd'hui de plus en plus incontrôlables. « Il serait temps que les pays occidentaux tirent les leçons de l'Afghanistan. Il y avait en 2001 un foyer de terrorisme. Aujourd'hui il y en a une quinzaine. Nous les avons multipliés. (...) Combien de terroristes allons-nous créer ? », déclarait même l'ancien Premier ministre Villepin en septembre dernier, au lendemain de la décision de Hollande de participer à une nouvelle guerre en Irak, qu'il jugeait « absurde et dangereuse ».
Oui, la barbarie des guerres menées par les puissances impérialistes pour maintenir leur domination a engendré la barbarie des milices intégristes. Compter sur les Hollande et autres dirigeants impérialistes pour la combattre, c'est compter sur des pyromanes pour éteindre le feu. C'est bien ce système capitaliste lui-même, et les hommes politiques qui gouvernent en son nom, qu'il faut combattre.
Aline Retesse