Par Pierre Duval
L'Europe espérait survivre à l'hiver sans un confinement complet, de nouveau semblable à celui qui a plongé la deuxième économie mondiale après les Etats-Unis dans la crise la plus profonde depuis un siècle à partir du printemps dernier et qui n'a pas fonctionné. La deuxième vague de coronavirus a touché un demi-milliard de personnes dans les pays du Vieux Continent. L'Europe a dit au revoir aux espoirs d'une reprise rapide et a commencé à calculer les pertes dans l'espoir de comprendre si le lockdown 2.0 survivra au lockdown 2.0 des entreprises, de la population et de la trésorerie mise en quarantaine.
Les principales victimes de la première vague, les restaurants, les compagnies aériennes, les magasins, les théâtres, sont en train de tirer le signale d'alarme car de nouvelles restrictions vont les achever. D'autres disent que les entreprises ont acquis de l'expérience et sont mieux préparées pour la deuxième vague et que le déclin de l'économie, dans son ensemble, ne sera pas aussi important car il n'y a nulle part où tomber davantage plus bas. Cependant, tout le monde est d'accord sur une chose. Les prévisions pour le printemps et l'été se sont avérées trop optimistes et en réalité, il ne sera pas possible de récupérer rapidement les pertes de la crise actuelle. De fait, la reprise économique esquissée en hiver ne se poursuivra pas, comme on le pensait auparavant, mais cela se transformera en une nouvelle récession.
C'est qu'il n'y a, notamment, pas de pire moment pour un nouveau confinement. Les magasins et les restaurants se préparaient pour le réveillon du Nouvel An, le Black Friday, les soldes de Noël et les fêtes animées. En temps normal, la saison des cadeaux et des illuminations rapporte un quart et un tiers du chiffre d'affaires annuel. «Le nouveau confinement promet aux commerçants un cauchemar avant Noël», a souligné Helen Dickinson, la responsable de l'organisation industrielle BRC, qui relève la température et l'humeur des propriétaires de magasins britanniques. «Durant chaque semaine du dernier confinement, cela a coûté aux magasins non essentiels 1,6 milliard de livres (2 milliards de dollars) de revenus hebdomadaires. Ces pertes seront disproportionnellement plus importantes dans la période précédant le Nouvel An», a-t-elle averti. Les compagnies aériennes se trouvent dans une situation identique. Elles ont survécu à la première vague grâce à des licenciements de personnel, à la vente d'avions et - s'ils ont de la chance - au soutien du gouvernement. Cependant, il y a une limite à la réduction des coûts, et sans soutien financier, Elles n'auront pas assez d'argent pour tenir plus de six mois en moyenne, comme l'a expliqué l'Association du transport aérien international (IATA), en présentant les perspectives de faillites massives de compagnies aériennes en 2021.
En France, à titre d'exemple, les députés ont voté hier dans la nuit pour l'amendement de la députée, Josiane Corneloup (LR), qui a indiqué que «les fêtes de fin d'année sont un moment privilégié» et qu'«il convient de tout mettre en oeuvre pour permettre aux Français de se retrouver en famille» malgré l'épidémie de coronavirus. L'amendement a mis en colère le ministre français de la Santé, Olivier Véran, qui lui veut enfermer les Français jusqu'au 16 février 2021, ce qui provoquerait la destruction en masse des emplois, dont des commerces et des compagnies aériennes. La décision de la députée française, Josiane Corneloup, montre que des élus, responsables des intérêts des citoyens et de la nation, peuvent intervenir pour éviter ce cauchemar. La fermeture des magasins vendant, selon la définition du gouvernement, des produits non essentiels, est, en effet, un cauchemar qui se rajoute, de nouveau, à ce nouveau confinement 2.0.
Pierre Duval
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