Les bars et restaurants vont être fermés à Marseille pour, selon le gouvernement, éviter une «situation critique» en raison du Covid-19. Mais le président de région estime qu'il s'agit d'une «punition collective» décidée «de façon unilatérale».
Le président Les Républicains (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, et le maire de gauche de Marseille, Michèle Rubirola, ont dénoncé le 23 septembre la décision du ministre de la Santé, Olivier Véran, de fermer les bars et restaurants à dans la citée phocéenne. Une mesure prise pour au moins deux semaines dans l'espoir d'enrayer l'épidémie de coronavirus selon le ministre, qui a précisé que la métropole d'Aix-Marseille avait été placée en «alerte maximale».
«Cette punition collective est extrêmement dure pour l'économie de nos territoires», écrit dans un communiqué le président de la région, Renaud Muselier, dénonçant un «quasi-reconfinement». Il aurait préféré un renforcement des contrôles et des fermetures administratives pour les établissements peu scrupuleux sur les mesures sanitaires. Selon lui, Marseille a atteint «un plateau» avec un taux d'incidence légèrement en baisse sur une semaine (de 228 à 193 pour 100 000 personnes) et un taux de positivité qui a aussi très légèrement reculé de 8,7% à 8,2%. La preuve, selon Renaud Muselier, que «les mesures précédentes sont en train de produire leurs effets».
Le 11 septembre, le Premier ministre Jean Castex avait demandé au préfet des Bouches-du Rhône de prendre, après discussions avec les collectivités, des mesures complémentaires pour endiguer la progression de l'épidémie à Aix-Marseille. Il avait notamment décidé d'interdire les rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs et sur les plages et avait fixé à 1 000 personnes la jauge pour les grands événements.
Des mesures «concertées» rappelle Renaud Muselier, dans une démarche de «décentralisation de crise». Et 10 jours plus tard, le gouvernement décide de fermer pour 15 jours les bars et restaurants «sans aucune concertation, de façon unilatérale», a-t-il regretté.
La maire de Marseille se dit en «colère»
La maire de Marseille, Michèle Rubirola (EELV), a pour sa part confié, sur Twitter, avoir appris avec «colère» la décision du gouvernement de fermer les bars et les restaurants dans la deuxième ville de France : «J'apprends avec étonnement et colère une décision pour laquelle la Mairie de Marseille n'a pas été consultée. Rien dans la situation sanitaire ne justifie cette annonce. Je n'accepte pas que les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre.»
«La violence des annonces d'Olivier Véran envers Marseille n'est pas acceptable. Il n'y a eu aucune concertation», a renchéri de son côté sur Twitter le Premier adjoint, Benoît Payan, déplorant la décision gouvernementale, «alors que les chiffres officiels de l'Etat montrent une amélioration constante». «Le ministre veut confiner Marseille», soutient-il.
Alors que les chiffres officiels de l’Etat montrent une amélioration constante, le Ministre veut confiner Marseille.
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Des mesures qui visent à «protéger les Marseillais», selon Véran
En réponse, Olivier Véran a tenu à justifier son choix : «Les décisions annoncées ce soir, dont je mesure la portée pour les marseillais, visent précisément à les protéger alors que tous les indicateurs sanitaires sont très dégradés. Ce dont je me suis entretenu cet après-midi avec votre 1er adjoint et le président Renaud Muselier.»
Ce à quoi Renaud Muselier a répondu sèchement, se scandalisant de la méthode : «Un coup de téléphone n'est pas une concertation, Olivier Véran, quand l'appel est passé à 18h30 pour une intervention à 19 heures, dans la précipitation. Cette décision est unilatérale, inadaptée et injuste ! Vous pensez être courageux, en fait vous perdez votre sang-froid.»
Selon 20 minutes, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie des Bouches-du-Rhône, Bernard Marty, a «réuni un conseil extraordinaire dans la soirée». «Est-ce qu'ils se rendent compte que derrière les restaurateurs, il y a aussi les éleveurs, les fournisseurs... c'est toute une filière qu'ils sont en train de tuer ! La seule chose que je peux vous dire, c'est qu'on ne va pas mourir sans se battre !», a-t-il réagi auprès du quotidien gratuit.
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