Les efforts pour évacuer les ressortissants africains d'Ukraine se multiplient. Un premier groupe de 17 étudiants ghanéens évacués d' Ukraine est arrivé mardi 1er mars à Accra, capitale du Ghana, après avoir été rapatriés par les autorités du pays.
"J'avais peur pour ma vie donc j'ai décidé de partir. Certaines villes étaient bombardées près de chez moi et j'ai parlé avec mes parents, qui m'ont demandé de partir", a expliqué à l'AFP Priscilla Adjai, à son arrivée à Accra. "Cela n'a pas été facile mais Dieu merci, nous avons réussi à partir et nous sommes enfin arrivés au Ghana."
Fuyant l'invasion russe dans le pays où ils faisaient leurs études, ces hommes et ces femmes sont rentrés au Ghana avec soulagement au terme d'un voyage éprouvant. Le gouvernement ghanéen a déclaré qu'il les aiderait à retrouver leurs familles ainsi qu'à se réinsérer dans leur pays.
À l'image du Ghana, de nombreux pays africains, de l'Afrique du Sud à la République démocratique du Congo, intensifient actuellement leurs efforts pour aider leurs ressortissants à fuir l' Ukraine. Avant l'offensive, l'Ukraine accueillait quelque 16 000 étudiants africains.
Mutualisation des moyens africains
Un total de 527 ressortissants ghanéens ont franchi les frontières ukrainiennes pour rejoindre plusieurs pays européens et seront bientôt rapatriés s'ils le souhaitent, a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchwey.
Le secrétaire d'État aux Sénégalais de l'étranger, Moïse Sarr, a indiqué mardi matin à Dakar que plus de 20 ressortissants sénégalais avaient afflué vers la Pologne et qu'ils étaient pris en charge par l'ambassade à Varsovie. Moïse Sarr a également affirmé qu'une douzaine d'ambassades africaines ont "mutualisé leurs moyens et leurs efforts" pour améliorer l'accompagnement des ressortissants africains se trouvant en Ukraine.
Le gouvernement du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, a lui affirmé se préparer à évacuer dès mercredi plus de 1 500 de ses ressortissants ayant trouvé refuge en Pologne, en Hongrie et en Roumanie. Environ 8 000 ressortissants nigérians sont en Ukraine, dont 5 600 étudiants, a précisé le ministre des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama.
Le chef de la diplomatie nigériane a également indiqué s'être entretenu avec les autorités ukrainiennes et polonaises pour s'assurer que les Nigérians ne se verraient pas refuser le droit de traverser la frontière.
Inquiétude de l'Union africaine
L'Union africaine (UA) a par ailleurs fait part lundi de son inquiétude après les accusations croissantes de comportements racistes à l'encontre de ressortissants africains aux frontières ukrainiennes, que certains semblent empêchés de rejoindre ou de franchir. Appliquer un "traitement différent inacceptable" aux Africains serait "choquant et raciste" et "violerait le droit international", a-t-elle souligné.
L'ambassadrice de Pologne au Nigeria a rejeté ces accusations, affirmant que "tout le monde reçoit un traitement égal" à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne. Mais certains étrangers, dont des Africains, affirment avoir encore du mal à rejoindre les pays voisins de l'Ukraine. Plusieurs étudiants africains ont raconté avoir été mis de côté pour permettre aux Ukrainiens de passer la frontière en premier.
"C'est bloqué, personne ne nous dit rien. Ils appellent 20 personnes pour les laisser passer, mais nous sommes toujours là, nous ne bougeons pas d'un pouce", s'est lamenté Richard Adjei Kusi, étudiant ghanéen interrogé par l'AFP à la frontière polonaise. "Si vous regardez la file d'attente, nos amis, certains d'entre eux sont là depuis plus de quatre jours maintenant", a ajouté le jeune homme, bloqué lui depuis deux jours.
Plus de 660 000 personnes fuyant l'Ukraine ont afflué vers les pays voisins en moins d'une semaine, des chiffres qui augmentent de façon "exponentielle", a indiqué mardi le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). "À ce rythme, la situation semble devoir devenir la plus grande crise de réfugiés du siècle en Europe", a déclaré une porte-parole du HCR, Shabia Mantoo, lors d'un point-presse à Genève.
Avec AFP
Texte initialement publié sur : France 24