• Articles du 4 mars 2022. • A côté des opérations militaires en Ukraine, il y a la puissante opération financière et sanctionneuse, qu'un ministre a malencontreusement qualifiée de « guerre économique totale ». • Il lui sera beaucoup pardonné d'avoir ainsi laissé échapper une vérité, d'autant que les effets de cette guerre pourraient être bien contrastés. • A la barre du char d'assaut de l'UE, l'Allemande directrice de la Commission Ursula von der Leyen. • Elle a tout d'une cheffe de guerre. • Collaborations : dedefensa.org et Alastair Crooke.
La parole est fameuse, pour qualifier l'action de tel officier de l'U.S. Army pour "protéger", voire "sauver" un village du Sud-Vietnam menacé par le Vietcong, ordonnant un formidable barrage d'artillerie pour ce faire ; mettant quelques coups pas du tout ajustés sur le village, les autres à moitié-presque sur le village, quelques-uns fort bien ; aboutissant à des pertes vietcongs certes, mais aussi à raser complètement le village menacé, que les Vietcongs ne prendront pas, d'autant qu'il est devenu un tas de ruines. Dans la caricature habituelle de la propension US à "écraser un problème" plutôt qu'à le résoudre, cela s'appelle : "détruire un village pour le sauver". C'est à peu près ce que Alastair Crooke décrit dans sa dernière livraison du 4 mars, à propos de la réaction hyperpuissante sinon hyper-écrasante du Système (du système néo-libéral) contre la Russie après l'attaque de l'Ukraine d'il y a une semaine.
Crooke décrit l'action d'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne, qui a mené l'assaut à la façon d'une 'Blitzkrieg' ultralourde, ce qui sollicite les références allemandes de la dernière Guerre Mondiale et les références US de toutes les guerres depuis 1945 (83% des guerres depuis 1945 sont le fait des seuls USA, rappellent aimablement les Chinois).
Ces références guerrières, surtout du côté allemand, ne sont pas gratuites si l'on considère l'actuel enthousiasme de l'Allemagne-SPD pour se réarmer et armer les Ukrainiens. Ce n'est l'est pas moins pour von der Leyen, que Crooke qualifie de la sorte :
« L'intervention de Mme von der Leyen était peut-être de l'opportunisme, motivée par une résurgence de l'ambition allemande du SPD (et peut-être par sa propre animosité envers la Russie, découlant de son lien familial avec la prise de Kiev par les SS allemands), mais ses conséquences sont probablement profondes.» Pour être clair, en un samedi, von der Leyen a actionné l'interrupteur pour désactiver les principaux éléments du fonctionnement financier mondial... »
Par conséquent, il est intéressant de savoir de quel "lien familial" il est question, qui lie van der Leyen avec Kiev et avec l'action de la Wehrmacht et des SS en Ukraine durant la guerre de 1941-1945, - « sans réécrire l'Holocauste », comme note gracieusement, et sans y connaître des masses, Macron à l'égard, ou à l'encontre de Poutine, avec clin d'œil à la bienpensance des salons parisiens. Voici ce que nous dit la référence donnée par Crooke, venu d'un Bhadrakumar qui est sur le sentier de la guerre du racisme européiste et suprémaciste de l'UE et de l'Allemagne (dans 'Strategic-Culture.org' du 1er mars 2022) :
« Aujourd'hui, le SPD n'est que théoriquement "de gauche" et est en fait un promoteur enthousiaste du réarmement de l'Allemagne, tout autant que la CDU. Quant au complexe de culpabilité, il a disparu de l'écosystème politique allemand. Curieusement, l'ancienne ministre de la défense allemande de la CDU, Ursula von der Leyen, avait une ascendance nazie à revendiquer, tant du côté de son mari que du sien. Mais cela n'avait guère d'importance lorsqu'Angela Merkel lui a confié la tâche de diriger la Bundeswehr pendant sept ans.» À propos, le grand-père de Mme von der Leyen était un nazi qui s'est porté volontaire pour combattre en 1940, est devenu sergent-chef dans la Wehrmacht et a dirigé une unité dite "antipartisane" sur le front soviétique oriental, chassant les groupes de résistance, participant à la prise de Kiev, la capitale de l'Ukraine, et prenant part au massacre barbare de Babi Yar en septembre 1941, au cours duquel plus de 33 000 habitants juifs de Kiev ont été abattus de sang-froid. On dit que "jusqu'à sa mort, il fulminait contre les Juifs, les Français et la perfide Albion. Il ne quittait plus jamais le pays et frôlait la panique à l'approche d'une frontière".
» Pourtant, von der Leyen cohabita confortablement dans la grande coalition CDU-SPD sous Merkel avec le ministre des affaires étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier, qui était du SPD, - le parti de Willy Brandt, connu pour être réformiste et modéré ! En fait, Steinmeier lui-même entretenait, - et entretient toujours en tant que président de l'Allemagne, - de bonnes relations personnelles avec les dirigeants de Svoboda, la faction néo-nazie d'Ukraine. »
Il est remarquable d'observer combien ces circonstances finalement "anodines", rencontrent en réalité une grande tendance parcourant l'UE sous domination allemande, et l'Allemagne elle-même désormais. Elle vient amener de l'eau au moulin de ces auteurs qu'on préfère situer "à la marge" ou sous une étiquettes ou l'autre ("comploteur", ça irait ?), qui distinguent dans le projet européen aboutissant à l'UE un fumet préparatoire prenant ses sources dans les grandioses projets nazis ; comme John Laughland, par exemple, dans ' The Tainted Source : The Undemocratic Origins of the European Idea' :
« Les structures postnationales, - entreprises multinationales, "États-régions" et organisations supranationales telles que l'Union européenne - sont corrosives pour les valeurs libérales, à tel point que John Laughland montre de manière dévastatrice que l'idéologie postnationale constituait un noyau crucial de la pensée économique et politique nazie. Comme l'idéologie européenne d'aujourd'hui, elle prévoyait la dissolution de l'État-nation et de l'ordre libéral. »
Nous sommes donc sur la bonne fréquence et sur la même longueur d'onde pour en venir et en revenir à l'Ukraine, décidément chargée d'un sceau allemand très lourd et très voyant ; et, par conséquent, lorsque nous parcourons indiscrètement leurs exploits et leurs effectifs, en venir et en revenir aux unités néo-nazies et Ukronazie en Ukraine, celles qui qui-n'existent-pas selon le futur président-réélu de France. Celui-là serait ainsi chargé, selon la caricature qu'il importe de ne pas écouter, de l'honneur suprême de prolonger 1940 au travers de l'UE et à la lumière bling-bling des reportages sexy de 'Elle' sur les jeunettes mannequin(ne)s-Valkyries du régiment 'Azov'.
Cela nous ramène fort logiquement, presque vertueusement, à l'entreprise remarquable de madame von der Lyden qui, depuis le 26 février, apparaît comme une cheffe maniant l'outil de la destruction avec la maestria d'un Guderian en 1940. Il s'agit donc bien de quelque chose qui ressemble curieusement à une "guerre économique totale" (non-dixit Bruno Lemaire), qui porte à la destruction, estime Cooke, de structures globalistes fondamentales ; ce qu'il exprime par le titre de son article du 4 mars, où il ne s'agit plus de "brûler le village" pour le sauver, mais bel et bien la structure globaliste : « Burning Globalist Structures to Save the Globalist 'Liberal Order' ».
D'où que l'on prenne le problème apparaît, comme constante du mouvement en cours, la dynamique de la destruction propre à l'ordre capitalistique extrême depuis son origine, qui n'a fait qu'enfler, jusqu'à des doctrines prônant la chose comme la vertu même ; tout se rejoint alors, cet aspect destructeur, l'aspect déconstructeur du wokenisme et de leurs inspirateurs philosophiques, le traitement déstructurant des nations et des souverainetés, tout n'est que brutalité, et madame von der Leyen au bout du compte, selon une tradition familiale... Poutine est brutal ? Eh bien, il va voir la brutalité qu'on lui réserve ! Cela n'étonne certainement pas Tom Luongo, ce vieux briscard de libertarien passé par Wall Street, écrivant le 2 mars :
« Je le crois toujours. Ce n'est pas une guerre pour l'Ukraine, c'est une guerre pour l'avenir du monde entier. L'Ukraine représente la colline sur laquelle Davos et la Russie ont choisi de vivre ou de mourir. »