21/09/2023 27 articles lesakerfrancophone.fr  7min #234172

 Les trois dernières provocations anti-russes de l'Arménie risquent de déclencher un nouveau conflit au Karabakh

Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres


Par  Andrew Korybko - Le 20 septembre 2023

Le dernier conflit en cours au Karabakh s'est achevé environ 24 heures après avoir commencé, lorsque les "autorités" régionales autoproclamées ont accepté un  cessez-le-feu négocié par la Russie. Les efforts du gouvernement arménien, du lobby de la diaspora basée aux États-Unis et de leurs partisans en ligne - dont beaucoup sont issus de la communauté des médias alternatifs (AMC) et sont devenus célèbres pour leur opposition à l'impérialisme - pour  faire pression sur l'Amérique afin qu'elle déclare la guerre à l'Azerbaïdjan sous un prétexte de type libyen n'ont servi à rien. La stabilité est donc revenue dans le Caucase du Sud.


Bien que les combats n'aient duré qu'une journée, ils vont modifier la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres. Pour commencer, les Arméniens moyens estiment - à tort ou à raison - que le premier ministre Pashinyan a "trahi" la cause de leur pays au Karabakh, qui a toujours été universellement reconnu comme une terre azérie. Cela pourrait conduire à une agitation antigouvernementale accrue qui pourrait à son tour déstabiliser davantage son emprise sur le pouvoir, déjà incertaine. Une  révolution de couleur et/ou un coup d'État militaire ne sont donc pas à exclure.

Deuxièmement, il est peu probable que ces mêmes Arméniens moyens soient reconnaissants à la Russie d'avoir une fois de plus sauvé leurs forces d'occupation en Azerbaïdjan grâce au deuxième cessez-le-feu qu'elle a négocié en trois ans, en raison du déluge de propagande anti-russe auquel ils ont été exposés depuis l'arrivée au pouvoir de Pashinyan. Leurs diasporas ultranationalistes basées en France et aux États-Unis leur ont fait subir un lavage de cerveau par l'intermédiaire des "ONG", les incitant à blâmer à tort Moscou pour l'échec de leur projet impérial-revanchiste en Azerbaïdjan.

Ce  fact-checking concis cite des sources officielles du Premier ministre arménien, des sites web de l'OTSC et de l'ONU pour prouver que le Kremlin n'a jamais eu l'obligation de protéger les forces d'occupation en Azerbaïdjan. Malgré cela, des années "d'infox" ont malheureusement convaincu de nombreuses personnes que la Russie n'est soi-disant plus un allié militaire fiable, ce qui explique pourquoi l'Arménie devrait  continuer à dériver vers l'ouest quoi qu'il arrive. La troisième perception qui sera affectée par ce dernier conflit est naturellement celle de la Russie, comme nous venons de l'expliquer.

Ses décideurs politiques ont vu comment la dernière série de combats a été précédée par le pivot de facto de Pashinyan vers l'Occident et par le fait qu'il a publiquement jeté leur pays  sous le bus dans la poursuite de cet objectif géopolitique. Erevan n'a finalement pas réussi à convaincre l'Occident d'intervenir militairement pour le soutenir, ce qui a toujours été un fantasme politique, mais Moscou n'oubliera pas ce que son allié nominal a essayé de faire. Il en va de même pour la perception qu'a la Russie de son réseau d'influence mondial, dont tous les agents seront désormais considérés comme des mandataires de l'Occident.

Tout comme la Russie a été déçue par le gouvernement arménien, son réseau d'influence mondial et leurs partisans en ligne, la quatrième perception qui a été remodelée par le dernier conflit est celle que l'Azerbaïdjan a de l'Occident. Bakou a tenté de cultiver des liens mutuellement bénéfiques avec le bloc occidental pendant des décennies, mais tous ces pays se sont unis contre lui en l'espace de quelques heures. Ils ont condamné l'opération antiterroriste, exigé son arrêt immédiat et certains ont même brandi la menace de sanctions.

L'Azerbaïdjan avait auparavant supposé qu'il serait au moins neutre au cas où de nouveaux combats éclateraient, étant donné que son pays a aidé l'Occident à se diversifier et à se défaire de sa dépendance disproportionnée à l'égard de l'énergie russe au cours des 18 derniers mois. Cette attente était raisonnable puisqu'elle reposait sur des intérêts nationaux objectifs, mais elle ne tenait pas compte de la mesure dans laquelle les agents d'influence arméniens ont pénétré les cercles de décision occidentaux avec leurs discours sur la "défense des valeurs" et la "prévention du génocide".

C'est précisément parce que la plupart des décideurs politiques occidentaux sont des idéologues libéraux-mondialistes qu'ils ont sanctionné la Russie en premier lieu, bien que ce pays ait été leur principal fournisseur d'énergie avant février 2022, ce qui explique pourquoi ils ont été si facilement trompés par les récits de désinformation susmentionnés de l'Arménie. En fin de compte, l'Occident a risqué une fois de plus de sacrifier ses intérêts nationaux/énergétiques objectifs pour faire avancer ses intérêts idéologiques, bien que le dernier conflit ait pris fin avant que des sanctions ne puissent être imposées.

Néanmoins, le ralliement instantané de l'Occident à l'Arménie et la condamnation coordonnée de l'Azerbaïdjan n'ont échappé ni aux responsables politiques azéris ni à leurs alliés turcs. Tous deux ont constaté la rapidité avec laquelle le bloc occidental s'est uni pour s'opposer à l'opération antiterroriste, ce qui leur a montré que l'on ne peut jamais vraiment compter sur l'Occident. En conséquence, la cinquième et dernière perception qui sera affectée par ce dernier conflit est que ces deux pays et la Russie réalisent maintenant que l'un et l'autre sont plus fiables que ce que l'on pensait auparavant.

Ni le gouvernement azerbaïdjanais, ni le lobby de sa diaspora basée en Occident, ni ses partisans en ligne, ni leurs équivalents turcs n'ont jamais agité l'Amérique pour qu'elle déclare la guerre à la Russie, que ce soit dans le contexte des trois conflits du Karabagh ou dans celui de la guerre par procuration que se livrent actuellement l'OTAN et la Russie. En revanche, le gouvernement arménien, sa diaspora basée aux États-Unis et leurs partisans en ligne (y compris de nombreux membres de la Communauté des Médias Alternatifs) ont mené une campagne de désinformation coordonnée qui risquait de justifier une guerre contre la Russie par erreur de calcul.

Cela a laissé une forte impression sur les décideurs politiques russes qui ne sera pas oubliée, tout comme la  réaffirmation officielle par leur pays de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan pendant le dernier conflit du Karabakh a laissé une impression tout aussi forte sur les décideurs politiques azerbaïdjanais et turcs. On s'attend donc à ce que ces trois pays, et peut-être l'Iran, qui est anti-occidental jusqu'à la moelle et qui avait précédemment  condamné les exercices conjoints de l'Arménie et des États-Unis, étendent leur coopération et accélèrent ainsi les processus multipolaires régionaux.

Ensemble, ces nouvelles perceptions auront pour effet combiné de révolutionner le Caucase du Sud. La Russie, l'Azerbaïdjan, la Turquie et peut-être l'Iran devraient tous rationaliser des corridors géoéconomiques qui changeront la donne, tandis que l'Arménie se retranchera probablement davantage dans l'isolement qu'elle s'est imposé. Erevan pourrait profiter de la manne qui s'annonce dans la région en débloquant simplement le commerce sur son territoire, comme elle a accepté de le faire dans le cadre du cessez-le-feu de novembre 2020, bien que cela nécessite un gouvernement véritablement multipolaire pour être mis en œuvre.

C'est là que réside le défi, car les événements de ces trois dernières années ont rendu l'Arménien moyen très sensible aux récits de division et de domination inventés par l'Occident, qui utilisent les différences ethniques, religieuses et politiques comme arme pour monter les gens contre leurs voisins. Il sera donc extrêmement difficile pour un gouvernement véritablement multipolaire de voir le jour en Arménie dans un avenir proche, car la présence continue des "ONG" et le choc de la perte de deux guerres consécutives entretiendront le ressentiment.

C'est pourquoi il faudra probablement attendre un certain temps avant que l'Arménie n'élise au pouvoir un homme politique pragmatique qui sortira son pays de l'isolement qu'il s'est imposé et qui est encouragé par l'Occident, la période intérimaire (dont la durée est actuellement indéterminée) étant caractérisée par une pauvreté et une instabilité accrues. Les Arméniens qui se soucient sincèrement de leurs compatriotes et de leur pays devraient donc prendre l'initiative d'aider à modifier positivement les perceptions dans le sens nécessaire à la réintégration du pays dans sa région.

Andrew Korybko

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 lesakerfrancophone.fr

newsnet 2023-09-21 #13545

très bonne(s) remarque(s)

Articles enfants plus récents en premier 1 2
18/10/2023 lesakerfrancophone.fr  3min #235646

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

La fin du Karabakh

Par Dmitry Orlov - Le 28 Septembre 2023 - Source Club Orlov

Ce qui se passe actuellement est l'un des épisodes les plus honteux d'une longue et souvent douloureuse histoire arménienne : Le larbin et traître occidental Nikol Pashinyan, ainsi que ses collègues traîtres du gouvernement arménien, ont complètement vendu 120 000 de leurs compatriotes arméniens du Karabakh, mettant fin à des milliers d'années d'histoire arménienne dans cette région.

11/10/2023 lesakerfrancophone.fr  8min #235229

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

De gros ennuis dans la Petite Arménie

Par Dmitry Orlov - Le 22 Septembre 2023 - Source Club Orlov

Nikol Pashinyan

Il m'arrive de temps en temps d'avoir quelque chose de positif à dire, mais pas aujourd'hui. Je garderai les nouvelles positives pour le prochain article, alors restez à l'écoute. En attendant, les dernières nouvelles en provenance du Haut-Karabakh sont négatives : L'Azerbaïdjan a recommencé à bombarder les parties arméniennes de ce qu'il considère comme une région séparatiste.

06/10/2023 mondialisation.ca  3min #234913

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Quel chemin choisira l'Arménie après la défaite au Karabakh

Par Elsa Boilly

Le « groupe des cinq » s'est réduit à quatre: Ilham Aliyev a refusé de se rendre à Grenade, où devait avoir lieu sa rencontre avec les dirigeants de l'Arménie, de la France, de l'Allemagne et de l'UE. Le président de l'Azerbaïdjan n'est pas satisfait par la position de l'Europe, qui a refusé d'inviter le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan aux pourparlers.

03/10/2023 reseauinternational.net  6min #234780

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Le Nagorno-Karabakh n'est plus

par Pepe Escobar

Pourquoi l'administration actuelle d'Erevan se soucierait-elle de quelques âmes perdues dans l'Artsakh ?

En fin de compte, le Nagorno-Karabakh - ou la République d'Artsakh - n'est plus.

Elle cessera d'exister le 1er janvier 2024 - également le premier jour de la présidence russe des BRICS 11.

Toutes les structures autonomes de l'État seront dissoutes, conformément à un décret signé par le chef de la République, Samvel Shahramanyan.

02/10/2023 reseauinternational.net  4min #234705

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

En tournant le dos aux Russes pour faire les yeux doux à Zelensky, à l'Otan et à von der Lahyene, le Premier ministre arménien s'est fait duper par l'Occident

par Patrice Gibertie

Mais qu'espérait donc le Premier ministre arménien en se tournant vers l'OTAN et Zelensky ? Les 3 ou 4000 soldats russes basés entre Arménie et Haut-Karabakh n'en faisaient pas assez, n'empêchaient pas le blocus, c'est vrai, mais l'Azerbaïdjan aurait il osé envahir le Haut-Karabakh sans ce renversement d'alliance ?

Qu'espérait il alors que le gaz de l'Azerbaïdjan a acheté Vonder La Hyene ?

02/10/2023 reseauinternational.net #234704

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Bertrand Scholler : L'Arménie dans un domino géopolitique qui vise l'Iran et la Russie

par Bertrand Scholler

Il faut comprendre que le Haut-Karabakh seul n'a aucun intérêt stratégique pour l'Azerbaïdjan ou la Turquie. Il n'y a que des montagnes et des Arméniens qui y vivent dans des forêts avec des villages qui entourent des églises multi centenaires.

La stratégie est bien plus sombre pour l'avenir de la région. C'est ce que cette capsule essaye de décrire.

01/10/2023 strategic-culture.su  10min 🇬🇧 #234652

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Let's Now Speak of the Ongoing Annihilation of the Armenians. And the Syrians and Tigrayans

Declan Hayes

As Armenians are once again being subjected to NATO rubber-stamped ethnic cleansing, it is once again incumbent on us to spit in Hitler's face and once again speak of the annihilation of the Armenians.

As Armenians are once again being subjected to NATO rubber-stamped ethnic cleansing, it is once again incumbent on us to spit in Hitler's face and once again speak of the annihilation of the Armenians.

01/10/2023 euro-synergies.hautetfort.com  6min #234643

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Haut-Karabakh : résultats de la guerre de deux jours

Haut-Karabakh: résultats de la guerre de deux jours

Source: katehon.com

À l'issue d'un conflit éphémère, le Haut-Karabagh est entièrement et officiellement sous le contrôle de Bakou. Comment cela va-t-il changer l'équilibre des forces dans la région ?

Le dernier conflit

Les 19 et 20 septembre, les forces armées azerbaïdjanaises ont mené des "activités antiterroristes de nature locale" sur le territoire du Haut-Karabakh.

01/10/2023 euro-synergies.hautetfort.com  6min #234639

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

La fin du Haut-Karabakh et l'instabilité aux frontières de la Russie

La fin du Haut-Karabakh et l'instabilité aux frontières de la Russie

La fin de la jeune république. Les "avancées" occidentales vers l'Arménie et l'Azerbaïdjan et les intérêts d'Israël et de l'Iran

Source: piccolenote.it

Le président de la République Samvel Shahramanyan a mis fin, par un simple décret, à la courte histoire de la république du Haut-Karabakh, qui cessera d'exister le 1er janvier prochain.

01/10/2023 strategic-culture.su  5min 🇬🇧 #234635

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Nagorno-Karabakh Is No More

Pepe Escobar

Why would the current administration in Yerevan ever care for a few lost souls in Artsakh? 

In the end, Nagorno-Karabakh - or the Artsakh Republic - is no more.

It will cease to exist on 1 January 2024 - also the first day of the Russian presidency of BRICS 11.

All autonomous state structures will be dissolved - according to a decree signed by the head of the Republic, Samvel Shahramanyan.

26/09/2023 mondialisation.ca  6min #234432

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

La crise va encore s'aggraver en Arménie après l' »opération antiterroriste » de l'Azerbaïdjan

Par Lucas Leiroz de Almeida

L'Arménie est entrée dans une profonde crise sociale. Suite au déclenchement d'un nouveau conflit militaire en Artsakh, le gouvernement arménien a été complètement discrédité par la population locale, qui a organisé de nombreuses manifestations de masse contre Nikol Pashinyan. La crise risque de s'aggraver dans les jours à venir, compte tenu du processus de nettoyage ethnique promu par les Azerbaïdjanais et qui suscite la fureur de la population arménienne.

23/09/2023 mondialisation.ca  6min #234299

 Le conflit au Karabakh modifiera la perception qu'ont les principaux acteurs les uns des autres

Avec des politiciens pro-Otan, la sécurité des Arméniens est incertaine.

Par Lucas Leiroz de Almeida

Les parties impliquées dans le conflit de l'Artsakh/Nagorno-Karabakh sont heureusement parvenues à un accord de cessez-le-feu temporaire. Mais la crise est loin d'être terminée. Dirigée par une junte pro-OTAN, l'Arménie aura de nombreux problèmes dans un tout proche avenir, tant dans l'Artsakh [le Haut-Karabagh] que sur son propre territoire, car il est clair que l'intention de l'Occident est d'accroître autant que possible le chaos dans la région.