Par Kevin Reed
7 juin 2019
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Nils Melzer, a averti que Julian Assange pourrait mourir en prison si sa persécution ne cessait pas immédiatement lors d'une interview accordée le 1er juin à ABC Radio Adélaïde.
La semaine dernière, Melzer a dénoncé la persécution d'Assange, la qualifiant de «torture psychologique».
Julian Assange
Le journaliste Philip Williams a demandé à Melzer: «Si vos appels sont ignorés, avez-vous peur qu'il meure en prison?» Melzer répondit: «Absolument, oui. C'est une crainte qui, à mon avis, est très réelle... les effets cumulatifs de cette pression constante font que son sort devient imprévisible. Ce que nous constatons, c'est que son état de santé se détériore au point où il ne peut même pas comparaître à une audience. Il ne s'agit pas de poursuites, il s'agit de persécution. Il faut que cela cesse immédiatement.»
L'interview radio complète de Melzer peut être entendue ici. Un tribunal britannique a condamné l'éditeur et journaliste de WikiLeaks, Julian Assange, à 50 semaines de prison le 1er mai lors d'un procès-spectacle vindicatif, sur la base d'accusations fabriquées de toutes pièces selon lesquelles il aurait «enfreint sa liberté sous caution». Après qu'on l'eut expulsé de l'ambassade de l'Équateur le 11 avril, où Assange avait demandé l'asile et où il s'est trouvé effectivement détenu pendant sept ans, les autorités britanniques l'ont sorti de force de l'ambassade et l'ont arrêté. Il est actuellement détenu à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.
Le commentaire de Melzer au sujet de la situation désespérée d'Assange fait suite à une déclaration qu'il a publiée le 31 mai. Dans cette déclaration il demandait la fin immédiate de la «persécution collective» venant des États-Unis et de leurs alliés.
L'expert de l'ONU sur la torture a visité Assange dans la prison de Belmarsh le 9 mai en compagnie d'un médecin et d'un psychologue afin d'évaluer l'état du journaliste héroïque. Melzer a publié sa déclaration une semaine seulement après que le ministère américain de la Justice eut annoncé 17 chefs d'accusation pour violation de la loi sur l'espionnage. Ces nouveaux chefs prévoient jusqu'à 170 ans de prison en cas de condamnation. De surcroit, les États-Unis ont renouvelé la demande d'extradition d'Assange afin qu'il comparaisse à son procès.
Melzer a mis en garde que les neuf années d'«abus persistants et de plus en plus graves» commis envers Assange par les autorités américaines, britanniques et équatoriennes, combinés à la menace de son extradition vers les États-Unis, poseraient «un risque réel de violations graves de ses droits de l'homme, dont sa liberté d'expression et son droit à un procès équitable, et transgresseraient l'interdiction de torture ou autres traitements et peines cruels, inhumains ou dégradants».
S'exprimant depuis Genève lors de son entretien avec ABC Radio Adélaïde, Melzer a réitéré sa mise en garde selon laquelle Assange ne peut obtenir un procès équitable aux États-Unis «à la lumière des préjugés qui prévalent contre lui et de l'image de l'ennemi public qui est véhiculée».
En réponse à une question de Williams sur le rôle du gouvernement australien dans les attaques en cours contre Assange, Melzer a dit: «Le gouvernement australien a été l'absent flagrant dans cette affaire, de mon point de vue. Je me serais attendu à ce que l'Australie prenne des mesures pour protéger son ressortissant... pour le protéger de cette persécution excessive qu'il subit actuellement».
Assange est la cible d'une campagne internationale de diffamation, de persécution et de réduction au silence en raison des crimes de guerre de l'impérialisme américain et ses alliés que WikiLeaks a exposés aux peuples du monde.
L'avertissement de Melzer souligne le besoin urgent d'organiser une lutte pour défendre Assange. Nous exhortons tous nos lecteurs à mener ce combat.
(Article paru en anglais le 6 juin 2019)