Je croyais, comme le disent tous les historiens, qu'il y avait eu en 1948-49 un nettoyage ethnique prémédité de 800 000 Palestiniens, avec de nombreux crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Je croyais qu'Israël avait sciemment violé la résolution 194 de l'ONU sur le retour des réfugiés palestiniens chez eux et avait détruit des centaines de villages pour effacer les traces de la Palestine.
Grâce à vous, je sais qu'une telle pensée est antisémite. D'abord les Palestiniens, ça n'existe pas. Dieu a donné cette terre au peuple juif qui rentre chez lui après 2000 ans d'exil. Ce pays était une terre sans peuple pour un peuple sans terre, les Arabes sont partis d'eux-mêmes et Tsahal est l'armée la plus morale du monde. Quant aux réfugiés, souhaiter leur retour mettrait en doute la légitimité de l'État juif et est donc antisémite. J'abjure !
Je croyais naïvement que la colonisation était illégale, que la présence de colons violents à Hébron déversant leurs ordures dans la rue palestinienne et dressant leurs enfants à caillasser les écoliers palestiniens sous l'oeil débonnaire des soldats qui les protègent était une infamie. Je croyais que le mur qui balafre la Cisjordanie avait été condamné par la justice internationale. Je croyais que 850 000 Palestiniens avaient connu la prison depuis 50 ans, que des enfants très jeunes y croupissaient et que la torture y était pratiquée.
Merci, monsieur Macron de m'avoir fait comprendre que de telles pensées sont antisémites. Israël est la seule démocratie du Proche-Orient. Elle a le droit de se défendre, puisque ce sont des terroristes qui l'entourent et souhaiteraient que la Cisjordanie soit « judenrein ». D'ailleurs, comme l'expliquait très justement Monsieur Goldnadel, les Juifs sont chez eux en Judée-Samarie. C'est en Seine-Saint-Denis qu'il y a des colonies de peuplement.
J'abjure !
Je croyais bêtement que Gaza était une cage hermétique, par terre, par mer et par air, où deux millions de personnes étaient retirées du monde. Je pensais que le blocus de Gaza et ses conséquences (manque dramatique d'eau, d'électricité, de médicaments, de produits de première nécessité) était un crime. Il me semblait que les grandes vagues de massacres contre la population de Gaza étaient des horreurs et que les images de soldats poussant des cris de joie après avoir touché mortellement des civils désarmés méritaient des sanctions.
Vous m'avez fait comprendre que de telles pensées sont antisémites. Gaza est dirigée à l'évidence par d'affreux barbus terroristes qui veulent jeter les Juifs à la mer. À Gaza, les gens utilisent les enfants comme boucliers humains. Les soldats sont obligés de tirer pour empêcher une invasion et ils ne font que se défendre. D'ailleurs la France a manifesté en toute occasion son soutien à Israël. Ce sont les Israéliens les victimes et les roquettes qui partent de Gaza sont antisémites.
Merci monsieur Macron, même s'il n'est pas toujours facile de vous comprendre.
J'abjure !
Je croyais superficiellement qu'avec la loi sur « Israël-État-nation du peuple juif », l'apartheid qui existait depuis 1948 avait été légalisé. Entre la Mer et le Jourdain, il y a autant de Juifs israéliens que de Palestiniens. Il me semblait que le fait que les premiers aient tout (les richesses, le pouvoir politique et militaire, la terre...) et que les autres aient été fragmentés en différents statuts de domination relevait de l'apartheid. Il me semblait que l'apartheid était considéré comme un crime et que, contre lui, le boycott était prôné.
Vous m'avez aidé à comprendre le caractère antisémite d'une telle assertion. Si on détruit les villages des Bédouins du Néguev, c'est bien sûr pour les aider à avoir des maisons en dur. Ailleurs. On leur apporte le progrès. Si l'Arabe n'est plus langue officielle, c'est pour que, dans un État juif, les Arabes parlent la langue du pays, c'est progressiste.
Comment n'y avais-je pas pensé ?
Merci monsieur Macron, j'abjure.
Je croyais profondément que les amitiés racistes, fascistes et antisémites de Monsieur Nétanyahou avec les Chrétiens sionistes ou avec Monsieur Orban traduisaient la vraie nature de la direction israélienne. Ces fréquentations me rappelaient des événements anciens : Theodor Herzl expliquant aux dirigeants antisémites de l'Europe qu'il avait le même but qu'eux, faire partir les Juifs d'Europe. Ben Gourion signant en 1933 avec l'Allemagne nazie les accords de Haavara (transfert des Juifs allemands en Palestine) ou Yitzhak Shamir collaborant pendant la deuxième guerre mondiale en faisant assassiner des soldats britanniques.
Vous m'avez fait comprendre que de telles pensées sont antisémites puisque vous-mêmes avez pour ami un ancien du Bétar, monsieur Kalifat (président du CRIF) et que vous donnez du « cher Bibi » à Monsieur Nétanyahou, même quand il vient d'affirmer qu'« Hitler ne voulait pas tuer les Juifs, et c'est le grand mufti de Jérusalem qui lui a soufflé l'idée ». Ces gens-là font tout pour sauver le sionisme, il est antisémite de les critiquer.
J'abjure !
Fils d'un résistant du groupe Manouchian torturé par la police française, je n'avais pas bien compris ce qu'est l'antisémitisme.
Merci encore monsieur Macron de me l'avoir expliqué.
J'abjure !
Pierre Stambul
mardi 26 février 2019 s
La source originale de cet article est ujfp.org
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