Jean-Luc MELENCHON
Le président a parlé. Il se trompe d'époque. Il a grondé le pays. Pas un mot pour les victimes tant parmi les manifestants que parmi les forces de sécurité mises en impasse par la politique du pouvoir. Face à l'indignation du peuple devant les inégalités et le refus des uns de contribuer comme les autres, il pense qu'une distribution de monnaie peut calmer l'insurrection citoyenne qui a éclaté.
C'est à ceux qui sont dans l'action, les gilets jaunes et les jeunes, de dire si cela leur convient.
Pour notre part comme parlementaires insoumis, voici ce que nous voyons :
Premier point :
Une partie considérable de la population n'est concerné par aucune des mesures de Macron :
Les chômeurs et parmi eux, surtout, les 50% de chômeurs non indemnisés.
Les salariés à temps partiels et surtout 80 % d'eux, les femmes qui sont, de surcroit, moins payées que les hommes, à travail égal.
Les retraités qui touchent plus de 2000 euros restent assujettis à l'augmentation de la CSG. La désindexation des pensions de retraites sur le cout de la vie est maintenue.
Les fonctionnaires ne sont pas pris en compte.
Deuxième point
Toutes les mesures décidées seront payées par les contribuables et les assurés sociaux. Aucune par les riches ni les profits.
L'exonération des heures supplémentaires sera payée soit par la Sécu soit l'État.
L'augmentation du smic sera payée par l'impot.
Troisième point
Les actionnaires sont bien protégés.
La prime exceptionnelle versée par les entreprises n'est pas obligatoire. Mais elle est défiscalisée ce qui est un effet d'aubaine là où elle existait déjà.
L'ISF n'est pas rétabli sans qu'on sache pourquoi à l'heure de la solidarité.
Le CICE est maintenu.
Quatrième point :
Aucune des revendications pour davantage de démocratie participative ne reçoit de réponse.
Cinquième point
Le budget est désorganisé.
Au total il s'agit de trouver plus de dix milliards supplémentaires dans le budget de l'État. Le projet de loi de finances est donc totalement désarticulé. Le Premier ministre a déjà annoncé que cela se paierait par des économies supplémentaires c'est-à-dire par des services publics de moins.
Il faut choisir. Faut-il continuer la politique qui compte sur le ruissellement des riches vers les autres ou bien mettre en place un budget en faveur des besoins connus du peuple et de l'investissement écologique ?
Je ne peux pas conclure sans dire ma tristesse de voir le président reprendre les attaques contre l'État, qu'il soit muet sur l'industrie, qu'il remette sur la table la question de l'immigration dans des termes aussi discutables.
Je crois que samedi prochain sera un jour de grande mobilisation si ceux qui sont dans l'action le décident.
Jean-Luc MELENCHON
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