Selon des révélations dans un article du Parisien, le haut-commissaire aux retraites aurait omis dans sa déclaration d'intérêts de signaler son mandat bénévole au sein d'une structure de formation des professions de l'assurance.
«Il n'est pas affaibli» : le député marcheur, Gilles Le Gendre, se voulait rassurant sur le plateau de LCI ce 9 décembre en pleine opération de déminage après les révélations concernant le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, qui a omis de déclarer un mandat bénévole au sein de l'Institut de formation de la profession de l'assurance (Ifpass), dont il est administrateur depuis 2016. Selon une source proche du dossier au journal Le Parisien, Jean-Paul Delevoye est de ce fait «étroitement lié au monde de l'assurance».
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L'intéressé plaide «une omission par oubli», mais l'affaire tombe mal pour le gouvernement alors que le haut-commissaire aux retraites devait rencontrer les syndicats ce 9 décembre leur pour présenter les conclusions de la concertation sur la réforme des retraites. La réunion aurait d'ores et déjà été reportée, selon les informations de la chaîne d'information continue BFM TV. Entré au gouvernement le 3 septembre, Jean-Paul Delevoye promet de «démissionner de ce mandat exercé de façon extrêmement faible» en cas d'incompatibilité.
Pour tenter d'éteindre l'incendie, Jean-Paul Delevoye a annoncé le matin du 9 décembre qu'il avait démissionné avec effet immédiat de ses fonctions d'administrateur de l'Ifpass. Dans un communiqué, il assure n'avoir assisté «qu'à trois conseils d'administration» depuis qu'il s'est vu confier le chantier des retraites en octobre 2017, la dernière fois «en décembre 2018». Il a ajouté avoir été nommé «administrateur de l'Ifpass []... par le conseil d'administration de l'IGS, fédération d'associations indépendantes à but non-lucratif».
La source du Parisien estimait pour sa part que «les liens [de cet institut] avec Jean-Paul Delevoye sont précieux, notamment parce que l'ensemble du secteur est intéressé par la réforme.» Et de préciser que ces fonctions pourraient donc bien constituer un conflit d'intérêt, malgré le caractère bénévoles de ces dernières. De plus, au chapitre de «l'omission», le journal francilien fait valoir que Jean-Paul Delevoye n'avait pas oublié de mentionner à la HATVP (la haute autorité pour la transparence de la vie publique) sa présidence à l'association des orchestres nationaux, la Chartreuse de Neuville. Cette déclaration est obligatoire pour les élus (ministres, parlementaires et membres exécutifs locaux) depuis la survenue de l'affaire Cahuzac qui avait fait trembler le quinquennat de François Hollande en décembre 2012.
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