La crainte de l'avènement de l'IT pour se soustraire au travail humain n'est due qu'au système social. Par nécessité il sera forcé de changer, tant la marche technologique est inéluctable, tandis que le système social, lui, est seulement consenti.
Il se serait passé la même chose avec l'avènement d'une source d'énergie gratuite et illimitée, et en terme général le constat est que les meilleurs progrès de l'humanité sont freinés voire rendus impossibles par un système social, qui est caractérisé par le fait que le travail humain soit évalué sur la même échelle de valeur que celui des marchandises qu'il produit.
L'erreur est donc de savoir comment évaluer concrètement le travail des humains, et par-dessus cela, de savoir pourquoi on a besoin de l'évaluer, si, par exemple, on abouti à une technologie capable de produire en abondance n'importe quel bien (ce qui est désirable, et qui arrivera forcément un jour).
A partir de là il y a plusieurs voies de réflexion. La problématique des robots n'est qu'une porte d'entrée vers un inéluctable changement de paradigme de ce qui "justifie l'existant" et "autorise les échanges".
1. L'architecture du système social
Si on reprend depuis le début, il y a trois grandes classes de biens :
- les biens périssables (nourriture et meubles)
- le travail humain (les services, l'ingénierie)
- les biens de production (machine-outils, immobilier, infrastructures, et les ressources naturelles).
Pourtant ces trois dimensions sont confusément évalués de la même manière, de sorte qu'un pont coûte un nombre de tonnes de légumes ou qu'un service humain n'a que la valeur d'une portion infime d'un bâtiment. Tout le monde trouve cela normal mais au fond c'est illogique, puisque que ces classes relèvent de modes de gestion bien distincts, et qu'il est saugrenu de positionner l'humain au rang de marchandises, ou les marchandises au rang de biens de production.
Ces modes de gestion sont respectivement :
- les biens ont un coût fixe et unique
- les travailleurs ont un coût réglementé qui s'exprime par un flux continu d'argent, qui s'arrête avec la fin du travail
- les ressources ont un coût très important qui nécessite un investissement et un amortissement.
Il est donc envisageable de faire que chacun de ces champs aient leur propre circuit monétaire, et de légiférer strictement leu niveau de compatibilité.
Le capitalisme a commencé à exister quand les infrastructures (incluant les banques) sont devenues des propriétés privées, et que leur rente servait à amasser un capital qui ensuite était investit dans les activités qui utilisaient ou rentabilisaient ces investissements ("ce qui autorise l'existant").
En passant on note aussi que la confusion porte autant sur l'estimation de biens de différentes natures que sur leur législation, puisque des ressources naturelles peuvent être privatisées tout comme l'ingénierie. De même le droit à la propriété s'applique confusément aux personnes morales et aux personnes physiques, ce qui met ces derniers dans un état de faiblesse.
Le fait est que les biens de production ne peuvent être le produit que de la collectivisation des richesses, et ne peuvent être produits ou détenus par personne en particulier, seulement des personnes morales, et au mieux, relevant du bien commun en étant confiés au service public, sous le terme de propriété publique. Dans le meilleur des cas c'est ce qui pourrait se passer mais cela n'arrive pas.
Le travail humain lui n'est possible que si la strate en-dessous, les biens périssables, lui sont garantis. Dans le capitalisme l'argent va en descendant depuis les strates des moyens de production vers celle des services, puis celle des biens périssables. C'est ce schéma qui permet de dessiner "ce qui autorise l'existant", de façon utilitaire pour "le grand capital", les détenteurs de richesses, à qui on doit demander des prêts pour lancer des projets, plutôt que de confier ce choix un sens des responsabilités plus noble, relevant du bien commun.
Et en retour, la valeur de ces biens périssables est transmise (sous forme calorifique) aux travailleurs qui la multiplie sous forme de service (ingénierie et force de travail) pour qu'elle se multiplie encore pour générer de colossales fortunes, qui reviennent aux possédants. Ce schéma est celui du capitalisme.
On note en passant que ce schéma du double-trajet (les dépenses qui vont de la production aux biens périssables, et les profits qui remontent vers l'investisseur) est le même que celui du principe de la monnaie, calquée sur cette réalité : la monnaie circule en sens inverse des marchandises.
2. La valeur de l'information
L'avènement de l'informatique a ajouté une catégorie de biens immatériels, dont la valeur est nulle et dont la transmission ne coûte rien, a vite changé le monde. En premier il a fallu cloisonner cette liberté intrinsèque due à la nature de l'information de façon à rendre illégale, interdite ou limitée la circulation de l'information, que ce soit par des brevets, des droits d'auteur et puis finalement carrément en s'attaquant à la liberté d'informer, ou même d'éduquer et de partager la connaissance.
Pourtant les biens immatériels, bruts (statiques, tels que la musique ou les bases de données) ou logiciels (dynamiques, évolutifs, et nécessitant une formation) n'ont cessé d'acquérir une valeur non-marchande ayant un impact décisif sur la valeur marchande des supports qui permettent leur accès (incluant le droit). On note en passant que le principe du logiciel libre, qui est totalement gratuit, a été le plus grand facteur d'enrichissement grâce à l'augmentation providentielle du rendement, de l'efficacité du traitement de l'information, et qu'il n'a en premier lieu profité à l'industrie.
Très vite il s'est avéré que ce qui a le plus de valeur, ce n'est ni l'argent ni les biens, mais l'information relative à leur acquisition. Cela permet de se rendre compte que lorsqu'on achète un bien, le coût réel du bien est infime par rapport à la sommité incroyable d'autres coûts qui lui sont associés, et qui seraient moindres s'ils relevaient de la propriété publique. Finalement, un produit coûte surtout le prix que le système coûte pour déplacer une pomme d'un jardin à un cageot.
Si on se passait de ce coût systémique, tout serait presque gratuit. Et on peut même aller plus loin, même si les biens étaient eux-mêmes gratuits, distribués par consentement, ce ne serait pas non plus une grande perte puisque ce qui a véritablement de la valeur pour un producteur c'est seulement l'information relative à l'usage de ses produits. En ayant des données sur leur distribution, il peut connaître "la demande" et calibrer son offre en conséquence.
Dans un système mercantile, l'achat est synonyme d'approbation totale et entière de toute l'activité de l'entreprise, et en même temps cet achat est freiné par le niveau de vie des gens. Tandis que si le produit était gratuit, premièrement l'acquisition du bien serait bien plus fidèle aux besoins réels, et deuxièmement l'information qui en découle serait qualitativement plus parlante sur le niveau d'approbation du produit, si en plus l'utilisateur pouvait donner son avis sur les pratiques de l'entreprise. Pour elle et pour le client, c'est l'information qui a le plus de valeur, tandis que de confier à l'achat seul le soin de signifier quelque chose de binaire, n'a pas à être pertinent.
Ainsi même la gratuité pourrait être orchestrée avec une efficacité redoutable, ceci afin de rendre possible ce qui devrait être la prérogative numéro 1 du système social : répondre à tous les besoins, sans condition. c'est à dire que la satisfaction des besoins n'a aucun besoin d'argent, qui au final un frein à leur détection, mais seulement de l'information de la transaction (au sens univoque de "transfert").
On voit donc que ce qui a le plus de valeur dans ce monde (et dans l'univers), c'est l'information. C'est elle la mère de l'usage des richesses et de l'énergie au travail ; c'est elle qui permet de justifier l'existant, et carrément de donner du sens au travail humain.
Ce petit exemple en passant est parlant de la valeur de l'information : quand on vous demande de vous loguer quelque part, vous pouvez vous inscrire en suivant un formulaire ou simplement cliquer sur le bouton "se loguer avec Facebook, ou Twitter". La plupart des gens font cela en pour s'éviter cette gabegie, au prix d'une case à cocher disant "vous autorisez ce site à consulter votre profil, vos publications, vos relations, et à publier en votre nom". Je trouve que c'est très cher payé pour simplement s'éviter une procédure classique d'inscription (qui par ailleurs aurait dût être automatisée de façon légale et conventionnelle). Cet exemple illustre très bien à quel point la valeur de l'information peut être carrément providentielle.
On est donc dans un renversement complet puisque ce qui a le plus de valeur pour l'intégrité de la civilisation provient de ce qui lui coûte le moins cher, moins cher encore que le produit seul sans compter toute l'infrastructure qu'il nécessite, à savoir l'information. Tandis que les biens périssables en résultent, puis l'énergie du travail, puis les grandes réalisations collectives, dépendent maintenant principalement de l'information et de son usage.
Vient alors la question de se demander ce qui devrait régir les grandes réalisations collectives, maintenant qu'on a entre nos mains toutes ces informations, qui sont toujours considérées comme n'ayant aucune valeur.
3. Défier les contradictions
Le point de départ de notre réflexion, est la robotisation de toutes les tâches humaines. Déjà il y a vingt ans je théorisais sur l'avènement d'une boite magique qui produisait une énergie infinie illimitée et gratuite pour en déduire toute une étude, qui n'a jamais intéressé personne (et que j'essaie de condenser de façon liminaire voire supra-luminique ici). Chacun de ces deux motifs (la boite magique ou la robotique) reviennent au même, ils sont une évolution inéluctable qui conduit le système social buter sur ses propres contradictions et à en révéler les limitations.
Dans le cas de la boite magique, imaginez, plus de pétrole, un des plus gros marchés du monde (avec les drogues) est réduit à néant, autant que celui des transports, et évidemment il s'en suit que la robotique permet de planter, récolter, transformer, transporter, récupérer, recycler complètement automatiquement toutes les denrées, avec en prime la satisfaction de ne rien coûter et de s'auto-réparer indéfiniment. On a beau le nier, c'est ça l'avenir qui nous attend, et le système social qui "justifie l'existant" lui, doit entièrement être repensé pour rendre ceci possible sur un plan "comptable", et laisser les humains qui n'auront plus que ça à faire, s'instruire et de devenir des génies dans tous les domaines.
Cette vision peut se scinder en deux contextes, soit on continue sur le modèle actuel de l'individualisme et de l'abrutissement, orchestré afin de soumettre les peuples en les faisant contribuer à des choses dont ils ne comprennent rien, ce serait là un esclavage d'une dangerosité extrême, soit le système social se dote, grâce à ces formidables outils, d'une véritable intelligence évolutive, d'une autodétermination, d'une identité collective, et d'une éthique rigoureuse. Note en passant : le terme de l'autodétermination à l'échelle planétaire n'est pas un vain mot, il stipule les règles de conduite entre les cultures, la distance et la proximité entre les humains, et au final il est un moyen de calibrer le phénomène vital de la liberté.
Restons sur nos rails de l'avènement de la robotique comme stimulant pour repenser le système social. Le fait est que le système social basé sur le commerce, qui consiste à conditionner les échanges par une richesse acquise sans que personne ne soit responsable du "comment", est forcé pour se maintenir de légiférer des limitations de plus en plus drastiques à sa propre évolution, étant donné que "pour lui", la gratuité est un ennemi, la rareté fait la valeur, et que "donc" toute chose est condamnée à devenir rare et chère.
On peut étendre cet effet à un réseau plus vaste de contradictions : le système social a pour effet de minimiser la qualité et la quantité de tous les biens périssables, et de première nécessité, ainsi que d'ignorer complètement toute la chaîne de conséquence en amont et en aval de la production de ces biens, autant sur le plan écologique que éthique. Il en résulte la curieuse contradiction selon laquelle on a à la fois des biens super-périssables (à obsolescence programmée) et à la fois une grande insuffisance de biens périssables (tels que la nourriture et les autres biens de première nécessité, parmi lesquels, euh, à peu près tout ce qui utile à la vie : habitations, énergie, service de santé, éducation, et bien sûr l'information).
Pourtant ce dont on a besoin est symétriquement l'inverse : une abondance de biens périssables, c'est à dire de biens existant à court terme, mais de sorte que 1) ils durent le plus longtemps possible, 2) ils soient en quantité suffisante, 3) leur fabrication et leur recyclage soit intégralement non-polluants, 4) qu'ils soient d'une qualité maximale en toutes circonstances, et 5) qu'ils soient distribués selon les mêmes termes que dans les droits de l'homme : "de façon inconditionnelle, et inaliénable". Ce qu'il faut c'est que lorsqu'un progrès est fait, automatiquement et de façon certaine, toute l'humanité en profite (au lieu de l'inverse, qu'il devienne un nouvel outil d'asservissement).
Et ce que je peux démontrer c'est comment ceci est possible, et très facile à rendre possible. J'aurais bien aimé avoir du soutien pour commencer à former un groupe de réflexion sur le thème pourtant crucial, capital, primordial, et d'une importance plus que fondamentale, qui consiste à simplement trouver des solutions, plutôt que de passer son temps à se plaindre de l'existant et à en énumérer les critiques de façon désordonnée et sans aucune vision globale du problème.
Arrêtez d'avoir peur comme des hommes préhistoriques de l'informatique, peur de ce qui vous dépasse allègrement et qui pourtant nécessite seulement d'y travailler, et soyez conscients que l'information est la matière première qui permettra d'agglomérer l'ensemble des défis que l'humanité est dans l'obligation évolutive de relever, en une solution véritablement viable et vérifiable, malléable, adaptable, et capable de s'immiscer pour trouver des solutions partout où il y a de l'injustice.
4. La mutation de la façon de penser le travail
Oui, le point de départ de la réflexion (il y a vingt ans pour moi) était : et si on se passait de tout le travail qui est inutile, par exemple et simplement en automatisant les factures. En faisant de sorte que tout travail qui consiste à entrer et répercuter des données, était centralisé, que personne n'aie à s'occuper de la moindre paperasserie, que tout soit automatique. Que les banques, les assurances, soient des robots, et qu'ils ne coûtent rien. Et que les investissements, c'est à dire l'usage de cette manne dont les robots deviennent propriétaires, soient décidés publiquement au nom du bien commun. Avouez que soudain l'idée de la robotisation paraît plus intéressante, si les premiers visés ne sont ps les ouvriers mais les détenteurs de richesses. Si la première cible consiste à automatiser toute l'infrastructure qui "justifie l'existant" et qui constitue la majeure partie du prix des produits.
Il est vrai, j'étais un peu naïf et je n'avais pas encore vu ce que j'ai trouvé ensuite, la mécanique qui permet cela, c'est à dire le fait d'avoir du refondre tout le système social et par voie de conséquence, tout le système légal, dans son approche la plus ultime, c'est à dire qu'il suffit de peu de lois pour tout faire, et d'intégrer un principe nouveau qui est celui de l'adaptativité législative. Je reviendrai sur cela au point 6, mais en gros : "le droit, c'est le moyens".
En fait la tâche qui incombe à l'humanité pour s'en sortir est immense et va nécessiter (inutile de donner une estimation temporelle car cela dépend de la motivation) une énergie de travail équivalente à un siècle de capitalisme (ce que des robots pourraient bâcler en quelques mois, sans compter les vingt ans qu'il faut pour les programmer).
Déjà on entre dans une ère où on a une approche du travail qui est différente, on ne fait pas les choses directement en ayant un but comptabilisable, mais plutôt on segmente les tâches de façon stratégique de façon à rendre ce travail, sur le long terme, de plus en plus automatisé. C'est à dire qu'il n'est pas tant question d'acquérir du savoir-faire que de confectionner des procédures pour transmettre son savoir-faire. Dans l'esprit, quand on fait quelque chose, quoi qu'on fasse, on doit se donner le temps, en plus du travail à proprement parler, de faire en sorte que toutes les personnes qui auront à faire ce même travail par la suite aient la vie rendue plus facile, qu'il soit sans cesse de plus en plus automatisé, et qu'il serve de la façon la plus large possible.
Il ne s'agira pas de fabriquer des biens de consommation, mais en premier des machines à fabriquer ces biens de consommation, de sorte ensuite à pouvoir les imprimer à la chaine, si on peut utiliser cette image didactique qui fait référence aux imprimantes 3D, capables de tout faire, y compris et surtout relocaliser la production. De même il ne s'agira pas de fabriquer un système social, mais les machines qui permettront son édification, et en amont, les principes sur lesquels se baseront ces machines, et encore en amont, les approches philosophiques qui permettront d'édifier ces principes élémentaires.
Évidemment tout cela se fera de façon itérative, avec d'incessants aller-retours entre la théorie et la pratique, à chaque strate de l'édification d'un système social viable et fonctionnel. Pour le moins (je faisais cela au début dans mes travaux) on peut théoriser sur une approche globale minimaliste en cherchant à faire fonctionner une "société minimale", faite de quelques individus, disposant dans les mêmes proportions de tout ce dont l'humanité dispose, et dont le but du jeu est de réussir à s'en sortir en créant des boucles de rétroaction positives, c'est à dire en créant "de la richesse" (par opposition au fait de consommer des ressources et de se retrouver sans plus rien à la fin pour continuer).
5. Les principes élémentaires
Parmi les principes élémentaires que j'ai pu dégoter, il faut en citer d'ores et déjà quelques uns :
1 - Le système social a pour but premier d'assumer sa propre maintenance. Au minimum de son activité, dans le pire des cas, même après une catastrophe globale épouvantable, il doit avoir pour prérogative de permettre de répondre à l'ensemble des besoins.
Ceci est un point fondamental : tout système a une zone d'entropie, où il d'auto-détruit, et cette zone doit être compensée par une néguentropie équivalente, au minimum. L'image pour intégrer mentalement ce concept est l'édification d'une route ou d'un bâtiment, qui doit toujours s'accompagner d'une maintenance afin de subsister, et sans laquelle il devient très vite inutilisable (ce qui est le cas du capitalisme, malgré tous les efforts qui sont faits).
C'est aussi cela qui est promis par un monde régit (ou plutôt servi) par des robots : assumer la partie ingrate de la labeur des choses du quotidien afin que les humains en soient dégagés, afin de pouvoir se concentrer sur les questions qui relèvent de l'humain, tels que la conscience, l'éthique, la justice, et une vision à long terme. On ne sera pas trop de plusieurs milliards à s'inquiéter et à s'occuper de cela.
2 - Les lois doivent être en nombre minimal, et le droit doit impliquer une approche du droit qui consiste à désirer faire qu'il soit respectable et bon à respecter. Si aujourd'hui seule une IA peut venir à bout du droit, ce n'est pas pour autant qu'il doit continuer à se complexifier au point de devenir infernal, alors que dans le même temps il pérennise son principal défaut qui est de toujours survenir après que les méfaits aient eu lieu. Le droit est mal conçu dès son origine, car il est incapable de prévenir les milliards de moyens et méthodes qui permettent d'échapper au droit. Or, parmi celles-là, il y a des crimes globaux irréversibles.
La solution repose sur un droit fondé sur des piliers clairs, connus par cœur par tout le monde, mentalement applicables à toutes les situations sans que cela ne relève du sophisme ou de la rhétorique, et surtout comme je l'ai dit, dont l'intérêt repose sur le fait que le droit soit désirable en raison de ses bienfaits inéluctables. Sur le plan informatique, cela signifie que le droit soit adaptatif, non plus fondé sur des limitations arbitraires (signalées généralement par des valeurs exprimées en diverses unités de mesure) mais sur les valeurs que le droit lui-même est capable de dispenser dans chacune des situations possibles.
C'est à dire que toute action recevra, dans le futur, l'aval du droit pour avoir lieu. Le droit n'intervient pas après l'action, mais avant en l'autorisant ou non. Il bénéficie pour ce faire de la totalité des données à sa disposition, en temps-réel. Et sans cet aval, l'action illégale sera tout simplement rendue impossible. Même si c'est pour tirer une balle de revolver, un capteur pourra faire se bloquer la gâchette. C'est un des avantages d'avoir des smartphones. Ensuite, en cas de discussion de la légitimité du droit et de ses algorithmes, il suffira de faire remonter les cas de figure prêtant à confusion ou ayant engendré des erreurs, et dans ce cas c'est la société elle-même qui sera, et seulement elle, jugée responsable d'un crime, qui aura consisté à produire une interdiction ou une autorisation illégitime.
Elle sera dès lors sommée de rectifier ses algorithmes applicatifs en conséquence, qui eux ont la liberté de se complexifier naturellement et sans limitation. Il y aura donc toute une politique algorithmique et mieux encore (pour des questions de lisibilité du code) toute une ingénierie de la factorisation du droit, dans le but d'en maximiser la simplicité, en extrayant des principes génériques auquel il se référera (ce qui a des vertus philosophiques).
En d'autres termes, il n'y aura plus de coupables, de juges, de condamnations, ou d'illégalité à l'encontre des individus, seulement des affectations de droit de faire telle ou telle chose, émanant d'un système qu'on pourra interroger à n'importe quel moment, et qui sera seul responsable des actions commises, si tant est que ces actions sont toutes, toujours, informatiques. Ce sera un droit automatique. Il ne restera à la justice plus que les infractions d'humain à humain, dont n'importe quel capteur de surveillance aura été le témoin impuissant.
Il faut bien noter et comprendre que ce que je décris-là, est exactement l'inverse de la frayeur générée par un Big-Brother, une dictature de la surveillance. Dans le cadre d'un système prédateur, c'est légitime de craindre un mauvais usage de l'information, puisque par nature et par habitude, toutes les technologies et innovations ne profitent qu'aux puissants, dont l'honnêteté est invérifiable (pour le moins). Mais dans un système refondé pour le bien commun, au contraire ceci n'est que de la sociométrie de base, une substance élémentaire pour l'application et la mise en œuvre du bon fonctionnement global de la civilisation. Il n'y a ni surveillance au sens de "jugement" ni risque de mauvaise interprétation des faits et des dires par une "autorité". En effet, la totalité des données sont anonymisées, et ne peut être révélées que dans le cadre d'enquêtes criminelles. Ce dont le système a besoin, ce n'est pas du nom des gens, mais de savoir ce qu'ils font, et quels sont leurs besoins, afin de les combler immédiatement.
3 - Enfin, la cerise sr le gâteau, et pour conclure ce long (et burlesque) épisode, ce que j'espère, prévois, prédit pas déduction relativement facile à faire, c'est que "dans le futur" (celui qu'on aura bien voulu mettre en œuvre, et dont la nécessité n'est que le fruit de la simple logique) le droit sera lui-même les moyens de "paiement". Pour cela, dans mon livre, la réforme que j'ai fomentée consiste à désolidariser les transactions en d'une part, le transfert de marchandise, et d'autre part, l'affectation de droit, qui a lieu sur un autre circuit. Au final cela correspond à ce que j'appelle une orchestration de la gratuité, puisque ce n'est que de la gratuité, qui n'est permise que par les moyens, combinée aux droits individuels, qui en principe sont inaliénables. C'est tout un algorithme qui est à l'œuvre pour calculer cela.
Si bien que la circulation des marchandise sera aussi celle de la circulation des valeurs (au lieu que l'argent circule en sens inverse des marchandises). Pour faire cela, chaque bien et service sera associé à une valeur relative, que l'IA mondiale aura pour charge d'en permettre la distribution qu'au regard du principe selon lequel cette valeur doit toujours être maximisée, et employée là où elle est la plus utile ; là où cette valeur a le plus de chance de faire correspondre l'état de la civilisation avec les idéaux qui sont les siens, notamment en terme de satisfaction des besoins élémentaires pour tous, mais aussi en terme de maximisation de l'usage des richesses.
Le but de tout ceci n'est rien d'autre que de minimiser au maximum les procédures, c'est à dire l'énergie dépensées pour faire des choses routinières et sans intérêt, et donc minimiser les coûts, jusqu'à un point d'écrasement où ils seront tellement faibles qu'on pourra estimer la plupart des biens surabondants comme totalement gratuits. C'est cela qui forcera le système social à se référer non pas à "ce que rapporte l'achat d'un bien" mais à l'information sur l'usage des biens. C'est cela le tournant paradigmatique qui sera inévitablement prit... si on survit jusque là.
C'est pourquoi la robotisation de toutes choses, au final, vaudra mieux que la marchandisation de toutes choses, puisque le renversement de paradigme fait de l'abondance et de la gratuité une richesse. C'est seulement la transition entre les deux systèmes qui est à craindre, c'est à dire seulement le temps que les gens mettront à comprendre que :
1) en toutes choses il faut viser à une économie d'énergie et une recherche d'efficacité,
2) c'est l'information qui a de la valeur et non l'argent,
3) ce sont les biens eux-mêmes qui doivent représenter leur propre valeur aux yeux du système qui justifie les échanges,
4) c'est du système législatif que doivent provenir "les moyens" d'agir, de créer, de produire, bref "ce qui justifie l'existant".
Au final, ce qui est obtenu par l'amoncèlement des quelques principes de base que je viens d'exposer, est exactement la même chose que ce que le système social basé sur la marchandisation de toutes choses confusément peut produire au sens rhétorique, sauf que là, ce sera produit au sens littéral : la richesse, la pauvreté, les péripéties et les espoirs, ne sont rien d'autre que le fruit de ce qui est socialement admit, mais cette fois, volontairement et en toute conscience.
L'enjeu de l'avenir de l'humanité, de sa subsistance à l'heure actuelle qui est grave, et de son évolution future, repose intégralement sur la capacité collective à avoir le contrôle de son propre destin, ce que les ancêtres du petit théâtre du monde appelaient "le pouvoir".
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