par Pablo Siris
Quand nous parlons de la confiscation au Gouvernement du Venezuela de milliers de millions de dollars ou d'euros, nous, le commun des mortels, ne sommes pas capables de quantifier ou de prendre la mesure de ce que cela signifie et des conséquences de cette sorte de sanction contre le peuple vénézuélien dans son ensemble.
Le 3 mai dernier a été publié un nouveau rapport du Centre de Recherche Economique et Politique (CEPR), élaboré par les économistes Mark Weisbrot et Jeffrey Sachs.
Cette publication transforme le blocus et la guerre économique en vies humaines et révèle que « les sanctions économiques mises en place par le Gouvernement de Trump en août 2017 ont causé des dizaines de milliers de morts et ont fait empirer rapidement la crise humanitaire. »
« Cela est illégal selon le droit étasunien, le droit international et les traités que les Etats-Unis ont signé. Le Congrès devrait faire quelque chose pour l'arrêter, » dit Mark Weisbrot, codirecteur du CEPR et coauteur du rapport.
« Habituellement, on rend responsable le Gouvernement du Venezuela de la totalité de la crise économique du pays (...) Mais c'est pire que ça. Les sanctions étasuniennes visent délibérément à détruire l'économie vénézuélienne et par conséquent, à amener un changement de régime. C'est une politique stérile, inhumaine, illégale et ratée qui cause de graves dommages au peuple vénézuélien, » dit Jeffrey Sachs, coauteur du document.
Les conséquences en vies perdues par la faute directe du blocus ont été estimées par le CEPR à plus de 40 000 entre 2017 et 2018 et on estime que la situation pourrait s'aggraver si le blocus persistait en 2019.
Le rapport du CEPR appuie cette donnée sur le fait qu'il « y a environ 80 000 personnes positives au VIH qui n'ont pas reçu de traitement depuis 2017, 16 000 personnes qui ont besoin de dialyse 16 000 personnes qui souffrent d'un cancer et 4 000 000 qui souffrent de diabète et d'hypertension (dont beaucoup ne peuvent pas obtenir d'insuline ou le traitement cardio-vasculaire). »
Entre décembre 2014 et avril 2019, le Gouvernement des Etats-Unis a dicté 1 loi et 7 décrets exécutifs qui sanctionnent et pénalisent l'économie vénézuélienne en appliquant le blocus et la confiscation des actifs financiers, l'interdiction de négocier la dette de Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), l'augmentation du Risque Pays et des coûts financiers, l'interdiction des opérations avec l'or, la confiscation des actifs (CITGO et les actifs de PDVSA), des sanctions contre la Banque Centrale de Venezuela et des amendes et des pénalités administratives sur les opérations de commerce extérieur.
Dans notre article de la semaine dernière, nous signalions que le Gouvernement nord-américain s'enorgueillissait et présentait comme une réussite des actions du Département d'Etat aussi bien l'application de ces sanctions que leurs conséquences.
Personne ne peut dire qu'on ne connaît pas les conséquences du blocus sur le peuple vénézuélien puisque les Etats-Unis et le secteur qu'on appelle « les faucons » de Washington, non seulement sont réellement conscients des effets de ces actions mais ont cherché concrètement ces résultats pour forcer le président Nicolás Maduro à quitter la charge à laquelle il a été élu le pouvoir le 20 mai 2018 et à obliger le peuple vénézuélien à se rendre par la faim et les privations.
Dans diverses banques sont « retenues » - un euphémisme pour dire que l'argent a été volé - d'énormes sommes d'argent qui en réalité, sont la propriété du peuple bolivarien.
Le 30 avril 2019, la Banque Novo du Portugal s'est approprié indûment 1 547 322 175,89 dollars, la Banque d'Angleterre a volé 1 323 228 162,57 de dollars d'or et Clearstream (également en Angleterre) a gardé 517 088 580,00 de dollars en titres de la dette publique.
Pour leur part, les banques étasuniennes Sumitomo, Citibank et Unión Bank se sont alloué respectivement 507 506 853,37, 458 415 178,49 et 230 024 462,00 de dollars. Euroclear et la Banque Eni (toutes 2 belges) ont « retenu » 140 519 752,26 de dollars en titres de la dette et 53 084 499,92 de dollars en liquide.
La banque française Delubanc a aussi opéré une retenue de 38 698 931,70 de dollars et 41 banques et institutions financières de 17 pays ont conservé 654 142 049,10 de dollars.
Le total des ressources que ces prestigieuses institutions financières ont étouffées au Venezuela est de 5 470 030 645,30. Ni vous ni moi n'avons placé notre confiance dans ces banques mais sache à qui ne pas confier ton argent. Ne va pas être de ceux qui « retiennent. »
Cependant, non seulement ces bandits de grands chemins se sont approprié des ressources vénézuéliennes en suivant les instructions du Gouvernement nord-américain mais les pertes totales et le coût pour l'économie vénézuélienne provoqués par le blocus économique imposé par les Etats-Unis entre 2015 et 2018 sont estimés à plus de 130 000 millions de dollars.
Ces mesures coercitives unilatérales (appelées par euphémisme sanctions) font partie d'une stratégie systématique et consciente de violation massive des Droits de l'Homme du peuple vénézuélien et ont été qualifiées par l'ONU de cries contre l'humanité.
Et vous êtes étourdi - et moi aussi - par tant de zéros mais je peux vous assurer que ces données ont été vérifiées puisque les sources sont diverses et coïncident : l'organisation des Droits de l'Homme Sures, l'équipe d'investigation Mission Vérité, le professeur Pascualina Curcio, le ministère des Relations Extérieures du Venezuela et le ministère des Finances du Venezuela.
C'est une énormité. Je ne sais pas vous mais moi, après le premier million, je ne peux plus dire « avec ça, ce que je ferais, c'est... » Mais nous pouvons faire certaines comparaisons pour illustrer ces données.
Selon diverses sources disponibles sur internet, la construction d'un hôpital coûte pour les chambres et tous ses services annexes entre 1 300 000 et 1 500 000 dollars. Si nous prenons le chiffre le plus bas, avec les sommes que les Etats-Unis ont volées au Venezuela, on pourrait construire 2 000 hôpitaux de 50 chambres dotés de la dernière technologie.
Le coût de la construction d'une école peut être vérifié sur webspm.com, où on indique qu'une école pour environ 600 élèves coûte environ 16 000 000 de dollars. Avec la dette que les Etats-Unis et leurs alliés ont envers le Venezuela, on pourrait construire 8 125 pour plus de 600 élèves.
Le site globalemergencyvehicles.com indique qu'une ambulance peut coûter entre 100 000 et 200 000 dollars étasuniens. Prenons le prix moyen de 15 000 et nous voyons qu'avec l'argent volé au Venezuela, on pourrait acheter 866 667 ambulances totalement équipées.
Selon diverses sources que nous avons consultées, le coût d'une patrouille de police avec son équipement tourne autour de 30 000 dollars étasuniens, de sorte que nous aurions pu payer 4 333 333 patrouilles.
Sans parler du fait qu'avec 130 000 000 000 de dollars, on peut payer presque 380 000 traitements contre le VIH, acheter presque 644 000 000 de tonnes de viande bovine, presque 38 000 000 de tonnes de lait en poudre ou plus de 320 000 000 de tonnes de riz.
La prochaine fois que quelqu'un nous parlera de la crise au Venezuela, traduisons-lui en exemples concrets ces chiffres qui pour nous - les gens de la rue et des campagnes - ne veulent rien dire.
Nous parlons de morts parce que le blocus ne permet pas de les soigner, d'hôpitaux et d'écoles non construits, de patrouilles et d'ambulances qui ne circulent pas dans les rues, de nourriture et de médicaments qui n'ont pas pu être achetés. Qu'on en nous raconte pas de salades.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol : albaciudad.org