Le Pentagone nie avoir délibérément ciblé une mosquée, lors d'un raid aérien ayant causé la mort de dizaines de civils. Or, selon l'ONG HRW, une surveillance aérienne aurait pu permettre de savoir qu'il s'agissait d'une infrastructure civile. « Les forces [armées] des Etats-Unis semblent avoir échoué à prendre les précautions nécessaires pour éviter [de provoquer] des victimes civiles » lors de la frappe aérienne menée le 16 mars sur une mosquée syrienne, a dénoncé Human Rights Watch (HRW), dans un rapport paru le 18 avril.
Ole Solvang, directeur adjoint du département des urgences de HRW, n'a pas mâché ses mots en expliquant : « Les Etats-Unis semblent avoir fait plusieurs choses complètement erronées dans cette attaque, et des dizaines de civils en ont payé le prix ». L'organisation non gouvernementale a indiqué avoir interviewé 14 personnes et travaillé conjointement avec d'autres organisations pour analyser les images du raid aérien américain mené sur le village d'al-Jineh, dans la province d'Alep.
Si HRW a précisé que la mosquée n'avait pas l'apparence d'un lieu de culte à cause de l'absence de minaret, l'ONG a toutefois estimé qu'une surveillance aérienne aurait pu montrer que des dizaines, voire des centaines de personnes s'y rassemblaient régulièrement pour prier. HRW a également souligné n'avoir trouvé aucune preuve indiquant que des responsables d'Al-Qaïda se trouvaient dans la mosquée au moment du raid aérien.
« Frapper une mosquée juste avant la prière et ensuite attaquer des gens tentant de fuir, sans savoir si ce sont des civils ou des combattants, pourrait bien avoir été [un acte] disproportionné ou aveugle», a estimé Human Rights Watch dans son rapport.
L'organisation non gouvernementale a rappelé que le droit de la guerre interdisait de prendre pour cible des civils ou des infrastructures civiles. « Les graves violations du [droit] de la guerre peuvent constituer des crimes de guerre », a prévenu HRW. L'ONG a demandé aux autorités américaines de mener une investigation objective et d'en rendre publics les détails.
Le Pentagone avait indiqué dans un premier temps que le raid visait une réunion de chefs d'Al-Qaïda et démenti qu'une mosquée avait été touchée dans l'attaque aérienne. Il avait annoncé avoir lancé une procédure « d'évaluation de la crédibilité » d'informations sur des victimes civiles. Une cinquantaine de personnes auraient perdu la vie lors de ce raid aérien, selon des témoins.
Récemment, 18 membres des Forces démocratiques syriennes (alliés de Washington) ont également été tués par erreur en Syrie, près de la ville de Tabqa, lors d'une frappe aérienne effectuée le 11 avril par la coalition militaire dirigée par Washington contre Daesh.