© KCNA Source: Reuters
Sur fond de tensions croissantes dans la péninsule coréenne, Pyongyang a demandé le soutien de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est pour empêcher un «holocauste nucléaire». Donald Trump a lui, mis en garde contre un «conflit majeur».
Dans une lettre au Vietnamien Le Luong Minh, président de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho s'est alarmé des actions et de la rhétorique de Washington qui poussent selon lui la région au «bord de la guerre».
«Comme vous pouvez le constater, les actions belliqueuses des Etats-Unis et de la Corée du Sud dans la péninsule coréenne mènent à une situation totalement hors de contrôle», peut-on lire également dans cette lettre du diplomate nord-coréen, datée du 23 avril dernier et que s'est procurée l'AFP.
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«Il est clair pour tous que le déploiement nucléaire que les Etats-Unis et la Corée du Sud mènent actuellement dans la péninsule coréenne peut conduire à une véritable hécatombe en quelques secondes. La nature de ces "exercices" n'est en aucun cas défensive», a ajouté Ri Yong-ho.
L'appel de Pyongyang à l'ASEAN a précédé de peu le 30e Sommet de l'organisation qui s'est déroulé à Manille aux Philippines du 26 au 28 avril. La Corée du Nord y a justifié ses efforts pour développer son propre arsenal nucléaire comme seul moyen de dissuasion contre les Etats-Unis.
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Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères a exhorté le chef de l'ASEAN à informer ses homologues de l'organisation «sur la situation extrêmement grave» dans la région et à élaborer une «proposition appropriée» pour la préservation de la paix dans la péninsule coréenne.
«Nous attendons de l'ASEAN, qui attache une grande importance à la paix et à la stabilité régionales, qu'elle s'intéresse à la question des exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud à partir d'une position équitable et joue un rôle actif dans la sauvegarde de la paix et de la sécurité», a déclaré Ri Yong-ho dans sa lettre.
Ce n'est pas la première fois que Pyongyang envoie une lettre à l'organisation régionale composée de dix nations membres mais dont la Corée du Nord ne fait pas partie. L'agence de presse officielle nord-coréenne, KCNA, a annoncé que son ministère des Affaires étrangères avait déjà envoyé une requête au secrétariat de l'ASEAN le 4 avril dernier au sujet des manœuvres militaires de Washington et Séoul.
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Ce plaidoyer de la Corée du Nord est adressé l'ASEAN alors que la péninsule est en proie à de vives tensions. Au cours de la semaine dernière, les armées sud-coréenne et américaine ont effectué des manœuvres conjointes à Pocheon, dans le nord de la Corée du Sud. Elles ont fait suite à des exercices nucléaires nord-coréens qui avaient eu lieu la veille à Wonsan, au bord de la mer du Japon.
Les Etats-Unis ont de leur côté procédé, le 26 avril, au lancement d'un missile Minuteman III pour démontrer leurs «capacités nucléaires». En outre, un sous-marin nucléaire américain armé de missiles téléguidés a fait une escale portuaire en Corée du Sud le 25 avril et le navire de guerre USS Carl Vinson a été envoyé dans la région.
Le 28 avril, le ministère de la Défense de Corée du Sud a annoncé que les Etats-Unis envisageaient de continuer à déployer leurs armes «stratégiques» dans le pays, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.
«Washington et Séoul ont convenu de poursuivre la mise en œuvre de toutes les mesures disponibles, y compris le déploiement régulier d'actifs stratégiques américains», a déclaré le ministre coréen lors de la réunion de deux jours entre la Corée et les Etats-Unis sur la question de la défense qui s'est tenue à Washington DC.
La Corée du Nord pour sa part a promis de répondre si nécessaire par une frappe nucléaire sur le territoire américain et a même diffusé la vidéo d'une simulation de tir de missile balistique frappant les Etats-Unis. Pyongyang a en outre assuré être prêt au combat, et a affirmé pouvoir couler le Carl Vinson en une seule frappe.
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Washington se prépare au pire, tandis que Pékin, Moscou et Tokyo appellent à une solution diplomatique
Dans le même temps, alors que les Etats-Unis continuaient de renforcer leur présence militaire dans la région, la Chine et la Russie ont appelé à rechercher une solution diplomatique à la montée des tensions dans la péninsule coréenne.
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Pékin tente de convaincre Pyongyang de renoncer à effectuer un sixième essai nucléaire. La Chine craint en effet qu'une telle manœuvre puisse déclencher des mesures de représailles de la part de Washington.
Le 27 avril, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a déclaré que la Chine avait accepté le principe de sanctions unilatérales contre Pyongyang si la Corée du Nord effectuait un nouvel essai nucléaire. En février dernier, la Chine avait déjà interdit les importations de charbon en provenance de Corée du Nord et évoqué la possibilité de restreindre ses exportations de pétrole vers cette dernière.
«Nous allons discuter des prochaines étapes qui pourraient être nécessaires à l'augmentation de la pression [économique] sur le régime [nord-coréen]», a déclaré Rex Tillerson. «Nous ne cherchons pas à changer le régime en Corée du Nord. Nous voulons la même chose que la Chine : une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne», a-t-il ajouté.
Donald Trump, quant à lui, a déclaré à l'agence Reuters qu'il y avait «une possibilité de conflit majeur» dans la région. «Nous aimerions résoudre les choses de manière diplomatique, mais c'est très difficile», a-t-il déclaré.
'Major' conflict with North Korea a possibility, says Trump t.co pic.twitter.com/sUbHU6DEAuFRANCE 24 (FRANCE24) 𝕏 28 avril 2017
Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre japonais Shinzo Abe ont préconisé une solution diplomatique à la crise coréenne. «Nous appelons tous les Etats impliqués dans les affaires de la région à s'abstenir d'employer une rhétorique militaire et à chercher un dialogue pacifique et constructif», a déclaré Vladimir Poutine après avoir rencontré son homologue japonais au Kremlin.
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La veille, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait estimé que les pourparlers entre les six parties (Etats-Unis, Corée du Sud, Corée du Nord, Russie, Chine, Japon) devraient être relancés.
«Il existe bien un mécanisme de pourparlers à six et il convient parfaitement à la Russie. Il faudrait demander aux Etats-Unis pourquoi ils rejettent ce mécanisme conçu pour améliorer la situation dans la péninsule coréenne», a déclaré Maria Zakharova. «Nous devrions utiliser tous les efforts diplomatiques et toutes les possibilités qu'offre le droit international [dans la situation actuelle de la région]», a ajouté la responsable russe.
Ces pourparlers à six (Chine, Corée du Sud, Corée du Nord, Etats-Unis, Russie et Japon), ont commencé en 2003, dans le but d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. Ils ont capoté dès 2008 après le lancement d'une fusée par la Corée du Nord.
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