Il fut un temps où les médias traditionnels renvoyaient dos-à-dos l'Etat islamique et Bachar el-Assad et accusaient ce dernier de ne pas combattre l'Etat islamique. Assad et l'organisation Etat islamique étaient présentés comme les deux faces du même monstre.
S'il s'avère que les forces pro-Assad ont bel et bien liquidé al-Baghdadi, vont-ils reconnaitre qu'ils ont trompé le public ?
Nous avons notamment dénoncé la désinformation de la télévision publique suisse romand e (RTS). Ses journalistes se sont avant tout reposés sur les informations délivrées par l'AFP qui ne faisait que relayer les comptes rendus de l'OSDH, une officine proche des groupes islamistes combattant l'Etat syrien.
Pour expliquer le contexte la RTS invitait régulièrement des propagandistes, comme Jean-Pierre Filiu, au détriment des Syriens agressés qui n'avaient jamais la parole. Voici ce qu'il affirmait, encore en mars 2015, sur la radio RTS :
« Il faut savoir que les djihadistes n'ont jamais pris le moindre territoire à Assad, ils ne l'ont pris qu'à la révolution [Il n'y a jamais eu de « révolution en Syrie mais une agression contre l'Etat. Ce que Filiu qualifie « révolution » ce sont les groupes terroristes, ndlr]. Donc on voit bien qu'il y a un intérêt commun, pour ne pas dire plus, entre Assad et Baghdadi.... « Assad et Daesh sont les deux faces du même monstre » [ voir la vidéo ici]
En renvoyant l'Etat islamique et Bachar el-Assad dos à dos, la RTS a pris fait et cause pour des terroristes financés par le Qatar et l'Arabie saoudite, venus de plus de 100 pays faire le djihad en Syrie. Nous avons dénoncé cette symétrie.
Après avoir relayé les fausses nouvelles propagées par les parties qui soutenaient les groupes armés, les journalistes de la télévision et radio suisse romande (RTS) auront-ils l'humilité de reconnaitre leurs erreurs? [Silvia Cattori]
Un effigie du leader de Daesh, al-Baghdadi, est brûlé lors d'une manifestation chiite en Inde. © Prakash Singh Source: AFP
Mort présumée d'Al-Baghdadi en Syrie
Source: RT | 16 juin 2017
L'annonce du possible décès du chef de l'Etat islamique lors de bombardements russes s'avère pour le général Etienne Copel «hautement probable» tant l'organisation terroriste est encerclée de toute part et ne peut éviter «son déclin».
RT France : La Défense russe a annoncé que le chef de Daesh Abou Bakr al-Baghdadi aurait été tué lors d'un de ses bombardements le 28 mai dernier. Si cette information se révélait exacte, quelles en seraient les conséquences pour l'organisation terroriste ?
Etienne Copel (E. C.) : Cet épisode, s'il s'avère vrai, était prévisible. En Syrie, l'Etat islamique est totalement encerclé et a perdu tout contact avec l'extérieur. Il n'a plus de frontière avec la Turquie. Ses camions et ses trafics - de pétrole, d'armes, etc. - ont été totalement bloqués. Daesh est désormais complètement isolé. Même avec des millions et des millions de tonnes d'or ou des milliards de dollars, lorsqu'on est encerclé ainsi, on ne peut éviter des problèmes majeurs et les pertes des leaders. C'est pour cela qu'a priori, l'annonce de la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi paraît hautement probable. Il est néanmoins possible qu'il ait pu fuir et se soit réfugié en Afghanistan par exemple où un nouveau front semble s'ouvrir.
La question que se posent certains observateurs est de savoir pourquoi les Russes auraient bombardé cette zone. Je crois que Moscou, en tant qu' allié de Bachar el-Assad, tient beaucoup à ce que Raqqa ne tombe pas exclusivement entre les mains des Kurdes. Les forces kurdes sont en effet les plus actives dans cette bataille et je ne crois pas que cela soit considéré comme dans l'intérêt du régime syrien qu'elles soient les uniques forces libératrices de cette zone. Jusqu'à présent, les Russes ont plutôt eu tendance à frapper les positions de l'armée syrienne libre. Aujourd'hui, les positions de Daesh semblent être devenues leur priorité.
RT France : Comme vous le soulignez, la Russie a souvent été accusée par la coalition internationale de ne pas bombarder les positions de Daesh en Syrie. Si cette annonce se révélait juste, mettrait-elle fin à ces accusations et permettrait-elle une collaboration plus étroite dans la lutte contre le terrorisme ?
E. C. : Probablement un petit peu. L'opinion internationale prendra conscience que les Russes peuvent être un allié dans la lutte contre le terrorisme et contre Daesh. A priori, on peut dire que cela pourrait servir Vladimir Poutine en montrant que son armée est un acteur essentiel en Syrie. La Russie n'est néanmoins pas le seul pays a y être actif : l'Iran l'est aussi et tout comme les forces kurdes, qui avec leurs excellents combattants se montrent aujourd'hui les plus efficaces sur le terrain dans la lutte contre Daesh notamment dans les combats pour reprendre à Raqqa.
RT France : Au début de l' offensive sur Mossou l, Abou Bakr al-Baghdadi avait demandé à ses combattants de fuir l'Irak, de rejoindre leurs pays d'origine et d'y poursuivre là-bas leur lutte. Doit-on s'attendre, selon vous, à un retour massif des djihadistes étrangers et à une recrudescence d'attentats ?
E. C. : Fort heureusement, le retour ne sera pas facile pour les combattants étrangers venus en Irak et en Syrie. Il leur faudra passer les frontières et tous les contrôles, échapper à l'ensemble des services de renseignement... Ainsi s'il est évident qu'un certain nombre de combattants auront envie de revenir dans leur pays et d'y continuer le combat, il est bien moins sûr qu'ils y arriveront facilement.
Des systèmes de filtres sont mis en place pour faire en sorte que tous les civils qui sortent de Raqqa soient très longuement interrogés afin de repérer parmi eux les djihadistes, membres et sympathisants de Daesh. Bien sûr, certaines personnes arriveront à passer au travers de ces vérifications, mais leur voyage retour ne sera pas forcément aisé.
De plus, il faut prendre en compte l'idée qu'entre les défaites sur le terrain et la possible mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, Daesh devient de moins en moins attractif. Les recrues potentielles extérieures excitées par le discours guerrier de l'Etat islamique seront de moins en moins nombreuses à vouloir rejoindre le combat. Il faut comprendre que tant qu'un groupe va vers la victoire, il est attirant. Quand les défaites s'accumulent, le phénomène s'inverse. Or, l'Etat islamique est en train de perdre sur tous les tableaux en Irak et en Syrie. Le pic de cette organisation est passé, elle va désormais vers son déclin.
RT - 16 juin 2017
Etienne Copel est ancien sous chef d'état major de l'armée de l'air. Il est l'auteur de quatre livres concernant la défense militaire et civile (Vaincre la guerre, La puissance de la Liberté, Le nécessaire et l'inacceptable, Prévenir le pire).
Source: francais.rt.com
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