Cet extrait de François Houtart ( François Houtart : « après le capitalisme, quelles alternatives ? Pourquoi je soutiens l'expérience cubaine? ») donne les bases d'une société non capitaliste.
C'est le fruit d'un travail qui doit être continué et prolongé.
C'est ici qu'il commence à aborder les alternatives. Pour parler d'un socialisme du XXIe siècle, François Houtart propose quatre grands axes :
- 1. l'utilisation renouvelable des ressources naturelles, avec leur contrôle collectif et un usage rationnel, excluant leur privatisation ;
- 2. la valorisation de la valeur d'usage sur la valeur d'échange, ce qui constitue le centre de la doctrine économique du socialisme et sa contradiction fondamentale avec le capitalisme
- 3. une démocratie généralisée, non seulement dans le champ politique, avec l'adoption d'une démocratie participative, mais aussi dans le champ économique et dans toutes les institutions (par exemple l'eau, qui a été privatisée pendant 20 ans à Paris, redevient aujourd'hui un bien public).
- 4. la multiculturalité. Pour construire une société nouvelle, toutes les cultures, tous les savoirs traditionnels, les diverses philosophies et religions peuvent contribuer à l'éthique nécessaire à la poursuite des objectifs. Le monopole de la culture occidentale ne peut pas continuer. C'est aussi cette culture qui a porté le système capitaliste.
Il faut (re)construire des utopies, non comme des illusions mais comme des éléments, petits et grands, qui sont réalisables concrètement, qui n'existent pas aujourd'hui, mais qui pourraient bien exister demain.
C'est remarquable de pouvoir résumer une telle ampleur des tâches en seulement 4 points, mémorisables facilement.
Les années passant, les modèles alternatifs évoluent, et on s'imprègnent des nouvelles possibilités et innovations, qui parfois se concrétisent et se télescopent entre eux, pour voir surgir une raison saillante et indubitable. Cet exercice de synthèse permanent participe au foisonnement des idées. C'est parfois long de pondre des idées qui paraissent simples.
A ces quatre points j'aurais juste ajouté celui de la justesse de la loi, son intérêt, sa légitimité, sa logique, et le rôle qu'elle peut jouer. Et quelques autres petites choses. Mais en général ces idées sont sous-jacentes à un des 4 axes présentés.
Un avant-propos à destination du large public consisterait à préciser que tout ceci, est dans le cadre d'un monde encore utopique, non capitaliste dans la mesure où les produits et biens vitaux relèvent du domaine public.
En réalité, je cherche à exposer le modèle des Transactions Sociales, qui fonctionne avec ces quatre piliers.
Je ne vais pas chercher à m'étendre sur les cheminements qui ont conduit à ces quatre piliers, mais on peut bien "sentir" que, un peu comme quand furent écrits les Droits de l'Homme, apparaissent quelques règles d'une scintillante évidence, qui devraient toujours être respectées... contrairement à ce qu'on constate dans le système capitaliste.
On pourrait seulement souhaiter que l'ensemble des productions de biens vitaux soient nationaliser - et ça résoudrait bien des problèmes - mais ça n'empêcherait toujours pas la gangrène du l'aspiration au "pouvoir" de revenir. Il y a des causes bien plus profondes à établir, vraiment psychologiques, et paradigmatiques, que si chercher à résoudre, permet d'aller beaucoup plus loin.
On va donc parcourir ces quatre axes depuis la perspective du modèle de Transactions Sociales qui est proposé.
1. l'utilisation renouvelable des ressources naturelles, avec leur contrôle collectif et un usage rationnel, excluant leur privatisation ;
Il y a énormément à dire sur le sujet.
Les ressources naturelles sont un des trois principaux composants du Système, avec le travail et la distribution des produits. Chacun de ces champ doit avoir ses propres règles, et constituer un gain pour les autres champs. Chacun de ces champ tourne autour de concepts, lois, morale, normes éthiques et fonctionnelles très différentes.
Comme je le dis souvent, on ne peut pas évaluer la valeur d'un pont avec des carottes, ou du travail humain avec des quote-part de pont. Évaluer le travail humain ou les ressources naturelles sur la même échelle de mesure que les produits qu'ils permettent de produire, fait perdre son sens à la notion de "prix". A la fin, la variable d'ajustement du système capitaliste est son chaînon le plus faible, l'humain, qui paye de sa personne, de sa vie, et de l'avenir de ses enfants.
Il y a ici deux points bien distincts, mais on va voir qu'ils conforment tous deux un fonctionnement.
1.1 - L'utilisation renouvelable des ressources naturelles
Bien évidemment il est question de réviser les méthodes agricoles de sorte à ne pas user les sols, à mieux comprendre et intégrer la microbiologie des sols, promouvoir la permaculture.
En terme général on a affaire à une mentalité (un paradigme) qui consiste à considérer la nature comme un allié dans les résultats qu'on veut obtenir, au lieu de mettre des barricades qui interdisent l'entrée aux moustiques...
Au moyen de cela, il est question de rendre capable les régions d'assumer leur besoin alimentaire et d'obtenir une plus grande indépendance vis-à-vis des échanges internationaux. Quand une ressource naturelle est inépuisable, alors il n'y a plus aucun besoin de spolier les autres (chose qui devient impossible quand le monde entier fait pareil, et vit dans la dépendance).
Encadré 1 : L'examen des relations entre les segments d'une chaîne d'activitésPour bien comprendre les enjeux, il faut examiner la façon dont les acteurs d'une chaîne de commerces sont rendus co-dépendants :
En réalité, dès lors qu'on cultive, on abime les sols inévitablement, donc même si on minimise les effets, il faut aussi se soucier de permettre à la nature de se régénérer. Déjà, on montre un schéma où, outre la production, le "coût" du produit inclue celui de sa perpétuation à long terme. Elle peut consister en un ralentissement volontaire de l'utilisation des sols (une perte planifiée), autant que dans le fait de laisser une terre en friche.
Ceci nous fait constater comme le libéralisme atomise les process au point de les dé-résponsabiliser de ceux dont ils dépendent, ce qui ne les empêche pas d'en rester dépendants, à part qu'ils n'ont plus aucune emprise sur ceux-ci, pour finalement glisser progressivement du simple commerce au simple chantage.
- Par exemple les déchets industriels (emballages) sont vendus au client qui en devient responsable (propriétaire) de la pollution, que la collectivité est chargée de gérer, à des coûts qui n'ont aucun rapport avec les profits générés de l'autre. Les processus sont dissociés, et ça, c'est un problème, car l'industrie tire profit d'un coût évalué en dommages écologiques, et d'un coût financier relevant de la collectivité, tandis que les moyens manquent pour réparer les dégâts causés.
- Un autre exemple, la mafia de la "sécurité" à qui il suffit d'engendrer des dangers, pour ensuite se présenter comme des "assureurs". Et cela, que ce soit à l'échelle des "antivirus" ou à l'échelle des guerres, qu'on sait provoquées sciemment au bénéfice d'une industrie monumentale. Il s'agit là encore d'une co-dépendance créée par des causes sur lesquelles on a aucun contrôle.
La création de besoins artificiels est une autre conséquence de la nature des échanges entre les marchés, fondée sur mise en rivalité de processus qui devraient, pourtant, fonctionner ensemble.
De plus, une fois sur deux (au long d'une chaîne de commerces) ces segments n'ont pas vocation à être "rentables", mais plutôt "efficaces", comme dans le cas de l'éducation, de la santé, et en l'occurrence de l'agriculture ; c'est à dire qu'on ne mesure pas leur performance avec les mêmes outils.
En terme général, on attendra justement de ces secteurs qu'ils bénéficient du maximum de moyens disponibles, pour être les plus performants. Et c'est ça l'enjeu qui se cache derrière "une utilisation renouvelable des ressources".
En fait au final le capitalisme est le système qui profite de la somme incroyable de choses auxquelles on ne fait pas attention, et dont on s'attend qu'elles fonctionnent toutes seules. Seulement à un moment, arrive la confrontation avec la réalité, du fait qu'il existe une dépendance très forte entre des secteurs qui ne fonctionnent pas du tout sur le même modèle.
Et l'enjeu de la recherche d'un modèle viable étant de trouver un milieu entre "tout privatiser" et "tout nationaliser", la question pourrait simplement devenir "tout orchestrer".
Orchestrer, ça veut dire maximiser à la fois l'autonomie et l'interdépendance des commerces. C'est quelque chose qu'on retrouve dans le concept d'économie circulaire, où chacun produit les éléments indispensables aux autres.
Dans un sens, il ne fallait pas s'attendre à ce que le paradigme qui consiste à donner un "prix" à toutes les choses soit capable d'assumer, à lui seul, à la fois l'indépendance nécessaire à la liberté, et à la fois le bon fonctionnement des interdépendances entre les acteurs d'une économie.
Mieux encore, l'enjeu de l'acquisition d'une soutenabilité n'est rien de moins que la préservation de zones animales et végétales gardées à l'état sauvage, dont nous n'aurions aucun usage, et dont nous ne sommes de toutes façons pas "propriétaires".
C'est à ce moment-là qu'on parle d'organisation rationnelle des richesses, parce que les moyens que nous avons sont suffisants, si (et seulement si) ils sont correctement utilisés. L'optimisation, ou la maximisation des ressources passe par une réelle intelligence qui consiste à prioriser les besoins, et qui suppose un véritable contrôle sur les endroits où on veut déployer notre énergie, ou pas.
1.2 -...avec leur contrôle collectif et un usage rationnel, excluant leur privatisation
Un contrôle collectif sous-entend que les ressources naturelles sont publiques, et ceci dans le but justement de pouvoir exercer sur celles-ci un contrôle rationnel, c'est à dire mesuré, sous-pesé, étudié, discuté et voté. (Et puis quelle vanité peut bien avoir l'humain à courte-vie pour se déclarer propriétaire d'un bien intemporel).
Les ressources naturelles ne sont que les produits de la Terre, l'air et l'eau.
D'un côté on a le support (la surface) et de l'autre les produits (des ressources) qui en découlent.
On peut donc à laisser publique la surface, et faire entrer dans le cycle commercial les produits de cette surface.
Cela permet de faire en sorte que la communauté choisisse librement l'usage qui sera fait de ces richesses naturelles.
Et surtout, de faire que ces choix prennent en compte le soin qu'il faut apporter à la nature pour lui permettre de conserver ses qualités.
Encadré 2 : la Société de consommationIl s'agit aussi, dans le fond encore, de pointer du doigt une société et une mentalité de la Consommation, qui considère toute chose comme un combustible dont on peut "profiter", jusqu'à ce qu'il faille aller chercher d'autres "opportunités". Ce comportement est né d'un monde d'abondance et en a fait un monde de privation et de rareté.
Même le Passé, les cultures, les us et coutumes, le "folklore" étaient considérés comme le miroir négatif d'un flagrant "progrès", qui leur permettaient de se gausser, finalement, de tout ce qui ne leur ressemblait pas.
Tout était bon à exploiter, détruire, brûler, dans la plus grande insouciance des conséquences, puisque l'argent lui, pouvait tout "acheter", y compris le mécontentement des opposants. L'humanité s'est perdue dans une fuite en avant vers un modernisme qui avait pour seul moteur la détestation de soi-même, des anciens, du savoir et de la morale.
Ce que je veux dire est encore plus vaste, une société de la consommation où tout s'use et se jette, où on prend, on abîme et on dénigre, avant de recommencer en permanence, où même les travailleurs sont jetables dès que les techniques ont évolué (on ne leur apprend rien, on attend que l'école en forme des nouveaux), une société où les gens s'utilisent les uns les autres avant de se retrouver sans plus rien à se dire, est une société en cours de destruction. Cela, est indubitable, et inéluctable, puisque les liens entre les humains se brisent.
La réponse à cette mentalité, car c'est à elle qu'on s'attaque, est une spiritualité de la création, de l'interdépendance, d'une recherche de perfectionnement de soi-même. L'approche est opposée à la précédente : là où on "kiffe" la nouveauté tout en méprisant tout ce qui est périmé (qu'on a rendu périmé), au contraire, on se positionne humblement face à la découverte. On a besoin de s'enrichir de l'autre (et donc on ne veut surtout pas l'influencer). Ceci, est un paradigme ; il n'est plus question de "formater" l'autre pour garantir la compatibilité inter-humaine, mais de s'entre-instruire.
Cela veut dire qu'aussi bien dans les relations avec autrui que dans notre rapport à l'utilisation des ressources, on devient capables de penser de façon globale, par démultiplication de ce qu'on est en train de faire et de dire. "Et si tout le monde faisait, ou disait ce que je dis, son absurdité ou sa vertu ne seraient-elles pas plus visibles ?".
La conclusion de cette façon de se positionner par rapport à la réalité, revient à traiter la nature avec le maximum de respect et de délicatesse possible, sachant que cela sera toujours insuffisant, puisque avant tout, l'humain y puise sa vie.
Le mieux c'est d'avoir un exemple à l'esprit, pour pouvoir disserter autour, comme celui de la forêt. Une forêt, produit du bois. Si on la rase il est évident qu'on manquera de bois. Si on n'y touche pas, ce sera le même résultat. Mais la forêt a besoin de jardinage, ce travail dont sont responsables les animaux, afin de ne pas s'étouffer dans l'obscurité. Si des humains veulent exploiter son bois, ils peuvent s'en prendre aux arbres en train de mourir, aux arbres malades, et ce faisant, garantir que la forêt conserve toujours un même nombre d'individus (d'arbres) ; garantir sa pérennité et sa santé.
Il suffit de considérer la capacité de la forêt comme un plafond de production ; et ainsi considérer la forêt avec le maximum de sens des responsabilités.
Il y a donc un lien de cause à effet entre le fait que les ressources naturelles relèvent de la Propriété Publique, et qu'elles soient utilisées de la façon la plus responsable possible.
2. - la valorisation de la valeur d'usage sur la valeur d'échange, ce qui constitue le centre de la doctrine économique du socialisme et sa contradiction fondamentale avec le capitalisme
Je dois dire que "valorisation de la valeur", c'est assez mal dit. On va essayer de développer toutes ces notions.
2.1 - la préférence de la valeur d'usage à la valeur d'échange
Cette expression, "la valeur d'usage", est évoquée dans le dernier article signé François Houtart (à qui je rends un hommage sincère) : Le Venezuela d'aujourd'hui et de demain.
Le texte original dit :
"Cette vision implique aussi de privilégier la valeur d'usage au détriment de la valeur d'échange, (la seule qui existe pour le capital), avec toutes ses conséquences sur la propriété des moyens de production."
La seule valeur qui existe pour le capitalisme, c'est la valeur d'échange. Elle est fondée sur quoi ? Sur la valeur d'échange (celle des autres trucs comparables). Comme on l'a vu précédemment, cette valeur concerne des champs interdépendants, ce qui a tendance à rendre les prix assez volatiles. Cette valeur d'échange est surtout l'occasion d'exercer une pression pour commettre des guerres économiques, autant que le moyen de tendre des pièges destinés à créer une dépendance.
Et je le redis, elle n'est fondée sur rien, ce sont des valeurs qui sont, par essence, arbitraires, et tout à la fois, déterministes, et incontrôlables.
C'est à cause de cette dépendance permanente à un système frauduleux qu'il devient acceptable pour la dialectique de parler d'esclavage. Les hommes sont esclaves du système qu'ils co-génère. Le système, si on peut dire, de son point de vue, a la propension à devenir autonome, et à "marcher tout seul", sans que la volonté de quiconque n'aie besoin de s'en occuper (ceci relève de lois systémiques). Le problème est que ce système est destructeur, il correspond plus à un virus, d'autant qu'il a atteint ses limites, et ne peut plus qu'engendrer la destruction afin de justifier sa perpétuation.
Quand Monsieur Houtart parle de valeur d'usage, j'avoue ne pas connaître ses développements antérieurs, mais on peut comprendre. On veut estimer la valeur d'une machine-outil, d'une pomme, d'une place publique... ça va rester des exercices très difficiles. L'inusité n'a-t-il aucune valeur ? Je trouve que cette notion est mal développée, et on ne sait pas du tout comment la mettre en œuvre, ni si cette mise en ouvre aura les effets escomptés. Il y a que beaucoup de choses parmi ce qui et sujet à des transactions, appartiennent à des champs trop différents, faisant intervenir des notions (des paramètres d'évaluation) plus ou moins utiles telles que l'usure, le vital, le social...
Déterminer l'usage revient finalement à donner un autre sens au terme de "valeur", dans un cadre qui reste capitaliste, à savoir où la rareté fait toujours la valeur, l'abondance produit une gratuité contre-productive, et l'inestimable n'est pas reconnu comme tel (un arbre c'est inestimable). Il reste toujours à résoudre le problème qui consiste à devoir faire du profit, réduire les coûts et maximiser les prix, ou encore s'intercaler entre des besoins et des richesses (toujours pour en tirer profit).
Fondamentalement, l'argent est un (mauvais) outil d'évaluation de la réalité, et c'est parce que cet outil est rachitique que l'économie n'est plus qu'une bulle spéculative mondiale en train d'exploser (au ralenti).
L'usage n'est qu'un des moyens d'évaluer cette réalité, autant que la quantité, la qualité, la distribution, l'usure, l'amortissement, et surtout (l'usage au second degrés) les conséquences de l'usage.
On doit pouvoir jongler avec ces paramètres comme on compte les sous, et formuler de façon formelle une estimation de valeur, comme "utile, pas utile, dangereux, déconseillé", etc...
Ce que cette notion implique, en tout état de cause, c'est que la valeur n'est pas millimétrique (au centime près), mais plutôt quantique, c'est à dire quantifiée, et (donc) échelonnée, avec des jalons qui sont dialectiques. Il est donc possible d'imaginer une échelle allant du "contre-productif" au "fonctionnel", et d'évaluer ainsi des biens sur cette gradation.
Mon idée s'inscrit dans la logique de la précédente, est que la valeur (d'un bien) n'a besoin d'être connue qu'à posteriori, et que pour avaliser la transaction, il faille plutôt s'interroger sur ce qu'on peut savoir : "y ai-je le droit ?" (oui / non), est-ce légitime, le rapport entre le construit et le détruit est-il acceptable ?
Le fondement de cette doctrine consiste à dire "j'ai le droit de prendre cette pomme, car ainsi je contribue au système, mais je n'ai pas le droit de les prendre toutes, car ainsi je nuis aux gens" (ce qui nuit au système).
Il y a donc l'idée d'interroger des Raisons, de faire des études, de décider en comité si une transaction est jugée profitable ou nuisible, si elle est prioritaire ou si on a mieux à faire... avec la richesse publique.
Car qu'on ne s'y trompe pas ! L'argent, la valeur, ce n'est que de la richesse publique. On ne fait que prendre ce que les gens fabriquent, produisent, pour autoriser untel ou untel à en disposer "gratuitement". C'est donc très important, voire même ça relève de la confiance qu'on peut avoir en un Système, se savoir que ce pourquoi les gens travaillent, au second et au autres degrés, reste toujours profitable.
L'exemple que je prends souvent pour illustrer cela, est celui de l'argent sale, quand il a été obtenu par le crime, et qu'il sert ensuite à acheter des biens courants : Est-ce que celui qui le a fabriqué est vraiment heureux d'avoir contribué à faire que le crime commit, ait fini par "payer" ? Car la récompense de l'argent sale, c'est toujours et rien d'autre que le travail des gens honnêtes. Et ça, c'est un énorme problème.
L'idée finale que nous proposons est de remplacer les valeurs par les droits, nettement exprimés, et d'utiliser dans une chaîne de blocs (Blockchains) les objets désignés par leur description "pomme, cultivée ici, transportée là, distribuée ici". Ce sont les objets eux-mêmes qui sont l'objet d'une transaction (informatique), et leur existence est entièrement tracée, jusqu'à la destruction. Simplement, les différentes étapes (chaîne de production et de distribution) sont l'objet de décisions, plus ou moins automatiques ; ou tout du moins, sur laquelle on peut exercer un contrôle, et peuvent donc être soumis à une "intelligence".
Ce sont les décisions, prises tout au long de cette chaîne d'activité, qui doivent relever de la conscience de l'usage de ces biens. Dès lors, "la valeur d'usage" n'est pas un nombre, mais une autorisation, qui s'exprime de manière sémantique.
2.2 - ce qui constitue le centre de la doctrine économique du socialisme et sa contradiction fondamentale avec le capitalisme
Ce qui s'oppose au capitalisme, est le fait que les richesses soient organisées rationnellement, c'est à dire du mieux possible, dans le but d'éviter le gâchis, optimiser les rendement, améliorer le rapport entre l'énergie dépensée et celle générée. Cette définition aurait pu être celle du libéralisme, à la différence près que nous l'entendons dans une perspective mondiale, et à long terme. Ce n'est vraiment "rationnel" que si ça répond aux exigences évolutives à long terme, par opposition aux profits privés à court terme.
Et là on en arrive à un point essentiel, qu'on va aborder, la question des buts poursuivis par un système. Car si ces buts ne sont pas définis, ce n'est pas pour autant qu'ils ne sont pas existants, dans les faits. Le capitalisme errant sans but, peut très bien se voir accusé d'avoir pour objectif d'éradiquer la vie sur Terre, et de soumettre les humains à l'esclavage. En tous cas, on voit qu'il y parvient. Ce n'est peut-être pas son intention mais c'est son résultat.
Dès lors on voit l'importance de se fixer des buts à moyen et long terme, et à travers ceux-là, d'avoir des raisons d'avoir besoin, d'avoir un contrôle sur ce système. C'est quand même assez important à souligner.
3. - une démocratie généralisée, non seulement dans le champ politique, avec l'adoption d'une démocratie participative, mais aussi dans le champ économique et dans toutes les institutions (par exemple l'eau, qui a été privatisée pendant 20 ans à Paris, redevient aujourd'hui un bien public).
Ici on peut lire le souhait de voir une présence humaine dans toutes les strates décisionnelles.
Encadré 3 : ce qui est espéré au travers de la DémocratieLa démocratie, dans sa finalité, c'est de faire que les choix sont faits pour le bien du plus grand nombre. Mais sa nature reste de dire que seuls eux-mêmes peuvent faire ces choix, et implicitement de façon narquoise, "il n'y arriveront jamais", car le niveau d'organisation requis excède allègrement les capacités à travailler ensemble.
La démocratie c'est un peu du libéralisme politique, un moyen de dire quesi chacun vote pour leur intérêt personnel, alors logiquement... c'est le meilleur choix qui en sort. Mais le problème est que cette opinion populaire, il est facile de la fausser. L'intérêt personnel des employés de multinationale s'oppose à l'intérêt personnel des agriculteurs, par exemple. On ne peut pas demander non plus à tout le monde d'être un excellent spécialiste, et le résultat est celui de la moyenne globale de "spécialisation". Pire encore, les élites de ce monde ont acheté les médias, et forgé des idéologies en taillées pour maintenir un contrôle sur les aspirations individuelles (et ceci, sciemment). C'est d'une gravité inouïe, et sans commune mesure. Les conséquences prendront plusieurs générations à se résorber, après la fin du capitalisme.
Résultat des courses, l'ennemi des hommes sont les hommes eux-mêmes, qui sans le savoir, défendent et servent les intérêts de ceux qui les oppriment. Et sans le savoir, ils génèrent les causes de leur propre malheur. Ils sont embrigadés dans des obligations et des devoirs qui ne leur laisse presque aucune marge de manœuvre. Comme je disais plus haut, le système se sustente lui-même.
La société peut très bien être considérée comme "malade", obscurantiste, incompétente. D'autre part, la société peut aussi très bien se considérer elle-même comme n'ayant pas à s'intéresser à ces questions qui les dépassent, et à demander que pour autant, ces questions ne soient pas négligées.
Je pense que des comités spécialisés, dans autant de domaines que possible, ont suffisamment de légitimité pour servir de référant dans des questions complexes. Que les décisions doivent être prises pour le bien de tous, mais par les gens les plus compétents possible. Et que les référendum ne doivent servir que dans les cas où une décision est impossible.
Par contre l'accès à des postes de premier plan ne doit jamais être brimé par une clique de professionnels avides de pouvoir. Ce pouvoir, qui n'est qu'une illusion, doit reposer sur l'action collective.
L'intelligence collective
Un des champs de recherche est celui de l'intelligence collective, dont la particularité est de produire des réponses puissantes rapidement, un peu comme si, dans les faits, l'intelligence de tous les acteurs venait s'additionner à celle des autres, accélérant le temps et la qualité de la décision. Avec cette notion, on a là l'ordinateur le plus puissant du monde. Et le plus humain. Cette intelligence peut très bien avoir à être mise à contribution pour des questions ponctuelles et locales que des questions ayant de grandes et nombreuses conséquences.
Il ne suffit pas de clamer "démocratie réelle" pour obtenir "justice sociale". Autant directement clamer "justice sociale", et cela, quels que soient les moyens pour l'obtenir, pourvu qu'on la constate, à l'usage.
La place de la décision humaine est centrale dans l'évolution du système social. Disons que l'humanité doit prendre son pouvoir, et en pratique obtenir un contrôle de sa propre destinée (ce que les puissants de ce monde ne parviennent que très médiocrement à faire). Mais qu'il est hors de question d'en arriver à laisser cette tâche à une intelligence artificielle qui ferait fonctionner tout cela, pour une simple question de responsabilité. Par contre ce sera un outil indispensable pour baser ses problèmes sur des données complexes.
Il y a donc tout un champ à conquérir, pour rendre opérationnelle une intelligence collective active.
D'une part, (ce qui va se passer, avec une certitude de 100%) on va robotiser à outrance tout ce qu'un robot peut faire, et on va libérer les humains pour qu'ils se consacrent entièrement aux tâches qui ne peuvent relever que de l'humain. Et parmi ces tâches, se trouvent les décisions cruciales. Quand une décision est prise, il y a toujours une cause, des conséquences, un différentiel avec la non-prise de décision (comment seraient les choses si on n'avait touché à rien)... et des responsables.
L'important à retenir est que la robotisation va permettre aux humains de se consacrer aux questions qui relèvent de l'humanité, et qu'il y aura beaucoup de décisions à confier à l'intelligence collective.
Dans ce cas, on ne parlera plus vraiment de "démocratie", mais de la place de l'homme dans le système. (Dans le futur les humains [libérés par la robotisation] pourront choisir de travailler 4 heures chaque jour à l'IC.)
A propos de la nationalisation
Il ne doit pas y avoir trente-six marques qui font la même chose, mais l'assurance que le produit est le meilleur possible ; que la santé, l'alimentation, l'éducation, les transports, l'information sont les meilleurs possibles. (et ceci, en parfaite opposition avec le libéralisme, qui veut que les produits sont les moins coûteux possible.)
La nationalisation assure le respect des normes et la garantie de la qualité. C'est un gage de confiance inégalable. Mais surtout elle peut agir sans but lucratif, ou du moins plaçant cet objectif en-deça de celui de la qualité.
La plupart des biens et services de base devraient être l'objet d'une nationalisation. Elle constituerait la meilleure concurrence aux produits fabriqués dans les pays où la main-d'oeuvre est scandaleusement moins chère.
Ainsi que les banques et les assurances, inutile de rappeler le trajet absurde parcouru par des titres obligataires alors qu'il suffirait de créer sa propre monnaie. même une très vague vue d'ensemble permet d'affirmer que les assurances pourraient être gratuites et universelles.
4. - la multiculturalité
Pour construire une société nouvelle, toutes les cultures, tous les savoirs traditionnels, les diverses philosophies et religions sont susceptibles de contribuer à l'éthique nécessaire à la poursuite des objectifs. Le monopole de la culture occidentale ne peut pas continuer. C'est aussi cette culture qui a porté le système capitaliste ; et conduit à la misère et la famine, des peuples qui, auparavant, étaient auto-suffisants.
Alors bon plein de gens lancent des twit-sentences "Ah voilà les conséquences du multiculturalisme", ça a été un mot à la mode qui est devenu exorbitant (qui fait sortir les yeux de leur orbite).
Alors qu'en face, la réponse est la tolérance, mais que voulez-vous on a tenté de confisquer sa dimension de "tolérance" au terme de "laïcité", et le rabaisser à celle de "standardisation", mise en conformité, par une sorte de manichéisme institutionnalisé.
Un peu comme si on voulait que ne poussent que des pâquerettes dans les forêts. (D'ailleurs j'ai une blague pour Legorafi : "Monsanto prévoit de faire des pâquerettes modifiées génétiquement pour résister aux tondeuses à gazon" !)
Mais ce que veulent les gens, n'est pas toujours bon pour eux. Souvent ce n'est que l'expression d'un malaise, parfois même un appel au secours que trahi une lacune philosophique qui réclame une "correction", dont l'absence provoque de la douleur, et qui dégénère en de la rancune et de la colère. Les humains ont énormément de craintes irrationnelles, qui sont comme des superstitions à l'envers. D'instinct, ils se protègent contre l'inconnu, de peur d'une imprégnation fallacieuse. C'est long à acquérir, la connaissance, ça doit se diluer, s'assimiler, et se positionner délicatement sa propre gnoséologie, son mental. Cela demande des compétences intellectuelles, ou plus de temps. Bref, c'est complexe.
En tout état de cause, aucune loi ne saurait s'opposer à une volonté collective. Il ne s'agit (dans la question du multiculturalisme) que de liberté civile, et individuelle. Tout ce qui appartient à la sphère individuelle, n'est quand même pas sacré, mais certainement inviolable. Il est tout autant immoral de forcer quelqu'un à avoir un comportement éthique sans qu'il n'en soit convaincu, que n'importe quel autre viol. Le plus important, est qu'il en soit convaincu, et pour cela, qu'il soit ouvert à la discussion. A la limite, une personne ayant un comportement immoral inextinguible, peut se voir refuser l'accès à certains lieux. Un apartheid à l'envers.
En terme général, laissant de côté ces questions superficielles, les relations inter-humaines doivent encore s'enquérir d'une culture du travail collaboratif, de la complémentarité, la curiosité, la capacité à comprendre et à s'entraider, et se soutenir mutuellement.
Ce n'est jamais facile de comprendre l'intelligence des autres. Beaucoup de gens semblent croire que tout le monde "devrait" être comme eux. Ils ignorent simplement (les causes de leur souffrance) qu'il ne peut pas exister deux êtres humains, dans tout l'univers, qui pensent de la même manière.
Historiquement, l'immigration de peuples entiers, par exemple dans l'Amérique naissante de la fin du XIXième siècle, a provoqué des troubles dont la résolution a porté des fruits inattendus : celui de rendre plus visible l'inégalité des femmes, qui étaient elles aussi, sans le savoir, l'objet d'une ségrégation arbitraire. Alors les opinions xénophobes se sont retrouvées minoritaires, entre d'un côté les étrangers sont devenus des locaux, et de l'autre côté leur propres femmes....
L'enjeu du savoir-vivre-ensemble consiste à cultiver la différence, la richesse, et le potentiel incroyable des miracles de Dame Nature.
Et de voir que tout ce dont on ne tire pas profit, n'a pas pour autant aucune valeur, pour les autres.
mis à jour le : 26/12/2018
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