L'armée israélienne accentue son soutien en Syrie à des bandes djihadistes affiliées à Daech, autrement dit à un groupe qui a revendiqué la majorité des attentats terroristes récents en Europe (France, Allemagne, Angleterre...).
(Observateurs des Nations-Unies sur le plateau du Golan)
C'est d'abord un rapport entériné par le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, en date du 8 juin 2017, qui rend compte de l'accroissement du soutien israélien aux groupes combattant les forces du gouvernement syrien et de ses alliés (Hezbollah libanais, conseillers iraniens), principalement dans la région du Golan.
Guterres s'appuie sur le compte-rendu de la force des Nations-Unies (UNDOF), chargée depuis plus de 40 ans d'observer le respect du cessez-le-feu israélo-syrien sur le plateau du Golan, territoire incontestablement syrien dont la moitié ouest est illégalement occupée depuis 1967 et colonisée par Israël, la moitié orientale restant pour le moment acquise à la Syrie.
Les « casques bleus » de l'UNDOF ont la charge d'une zone-tampon de quelques kilomètres de large entre les deux parties.
Ils ont ainsi observé une nette multiplication des rendez-vous entre militaires israéliens et membres de ces bandes armées, avec au moins 16 rencontres documentées de mars à mai 2017.
L'ONU relève la présence dans la région d'un groupe nommé « Armée de Khalid ibn al-Walid », affilié à Daech.
(char israélien en position sur le Golan occupé)
L'activité de ce groupe consiste notamment à fournir un prétexte à l'armée israélienne pour tirer par dessus la zone tampon... sur les seules forces syriennes et leurs alliés, tuant au passage régulièrement des civils syriens, ce qui se produit régulièrement : au cours du week-end qui vient de s'écouler, l'artillerie et l'aviation israélienne ont bombardé à deux reprises le territoire syrien, au motif que des obus -n'ayant fait ni victimes ni dégâts- avaient été tirés en direction de « son » Golan.
On rappelle que Daech (« Etat islamique en Irak et en Syrie »), qui revendique volontiers des attentats contre des cibles juives (cf l'attentat contre l'Hypercasher à Paris, ou le Musée juif de Bruxelles), ne s'en est jamais pris à l'Etat israélien. Si Netanyahou dément la collusion Israël/Daech, son ex-ministre Moshe Yaalon a quelque peu vendu la mèche, en soulignant récemment que Daech « avait présenté ses excuses pour avoir attaqué par erreur Israël pour la première fois », admettant tacitement l'alliance avec de telles bandes.
C'est sans doute la sortie de ce rapport de l'ONU (que l'on peut lire, en anglais, à l'adresse un.org) qui a incité la direction israélienne à en avouer un peu plus, sur un mode officieux.
Le quotidien états-unien Wall Street Journal, dont la ligne éditoriale est pourtant radicalement pro-israélienne, a ainsi consacré un long article au sujet, sous le titre « Israël aide secrètement des rebelles syriens ».
( wsj.com)
Les informations du Wall Street Journal modifient considérablement la version donnée jusqu'à présent par les dirigeants israéliens, à savoir qu'ils ne s'impliquaient pas dans la guerre civile syrienne, se limitant à soigner dans des hôpitaux israéliens les « rebelles » blessés qui y arrivaient. Promis juré, une action strictement humanitaire !
Pieux mensonge. De fait, écrit le WSJ, l'armée israélienne a constitué une unité spéciale de soutien -en armes, argent, vivres et matériels divers- à des bandes armées, dont l'une se dénomme Forsan al-Golan (« Les chevaliers du Golan »). Le porte-parole de ce groupe, répondant au pseudonyme de Moatasem al-Golani, ne tarit pas d'éloges sur le soutien tous azimuts reçu de l'armée israélienne, et déclare au WSJ : « Sans Israël, jamais nous ne pourrions tenir tête aux forces de Bachard al-Assad ».
Le WSJ se garde de qualifier politiquement ces « Chevaliers du Golan », se contentant de l'appellation générique « rebelles ». Il répercute également le discours israélien officiel, selon lequel cette aide n'a qu'un caractère défensif, au regard d'une présence du Hezbollah et de l'Iran sur le plateau du Golan.
Mais les auteurs de l'article affirment quand même que ces Chevaliers ne sont pas liés à la (dans les faits, fantomatique) « Armée Syrienne Libre », autrement dit l'entité estampillée « modérée » à laquelle se réfèrent les puissances occidentales (Etats-Unis, France, etc) pour contribuer à la chute du régime al-Assad, et plus sûrement encore à la destruction de la Syrie.
CAPJPO-EuroPalestine