Dans la salle de conférence de Matignon, en 2008, j'écoutais discourir sur le droit humanitaire international en présence d'éminences sur la question. Ma posture nonchalante, avec le siège éloigné de la table et les bras derrière la tête avait été imitée par Ilan Pappe, tandis que les derniers finissaient leurs interventions.
Si j'avais été là-bas maintenant avec ce que je sais, j'aurais pris le micro, si célèbre dans le monde entier avec son anneau en LED rouge, et j'aurais pu poser une question à Stéphane Hessel, qui n'attendait que de voir jaillir la fugacité de la jeunesse.
- Excusez-moi, je n'ai pas l'habitude de parler dans ce beau micro, j'aimerais poser une question si vous le permettez, mais j'ai peur de ne pas savoir la formuler correctement. Non pas que ce soit une question complexe, mais peut-être faudra-t-il avant rappeler les nombreux éléments qui concourent à se la poser question ; Peut-être ainsi les mots me viendront plus facilement.
Quand un état, et quand un homme... en fait il y a deux questions, la deuxième qui vient de me venir à l'esprit me paraît bien plus importante, est-ce que je dois attendre pour la poser aussi ? Désolé pour la longueur, mais vous allez voir, le temps va s'accélérer très vite. Quand un état commet un crime, une violation, elle le fait sur une longue période, et on a le temps de réagir avant que les choses n'aillent en pire. Mais surtout, quand un état commet un crime, ce n'est pas comme quand un individu commet un crime. Eux, on leur met les menottes, et on règle leur compte, jusqu'à ce que l'affaire soit terminée. On ne les laisse pas partir librement avec une simple réprimande verbale, sauf exception... Parce qu'on sait qu'ils vont recommencer, que les conditions qui conduisent au crime sont inchangées, et que rien ne l'empêche de continuer.
La différence entre les deux échelles de mesure, c'est que l'homme peut avoir des raisons complexes, des motifs vaseux, des réactions incontrôlées, il peut faire des erreurs ou en tout cas, on n'est pas obligés d'aller sonder précisément sa pensée. Alors qu'un état, et je ne parle pas que de l'état d'Israël, mais aussi des Etats-unis, on peut dire que eux, sont des pays qui commettent régulièrement des violations. On peut même dire qu'ils les ont toutes commises, toutes les lois civiles et internationales, toutes les résolutions, du moins toutes celles qui étaient dans leur intérêt, ont été violées. Et cela, sans aucun frein, ni aucun chagrin.
Là-dessus il faut revenir sur le rôle de l'ONU. Cette institution est certainement la plus grande réalisation de l'humanité, et elle existera toujours, sous une forme ou une autre, car il y aura toujours des conflits et des choses de l'humeur. Et il faut insister sur son action qui consiste principalement à dénoncer les crimes, décrire les cas de figure, et émettre des résolutions. Ces résolutions, n'ont qu'une fonction symbolique, elles constituent une information capitale dont les "capitales" se doivent de tenir compte. La question de fond est que l'ONU, en certifiant l'information, procure un niveau de conscience, qui lui est à l'origine des choix et des décisions, qui elles sont libres.
Une des grandes questions qu'on peut se poser est de savoir pourquoi une résolution de l'ONU n'a pas plus d'impact sur la population qu'un article dans un banal journal, et comment faire pour que l'ONU obtienne le crédit, et l'importance qui lui revient ? Cette question va sans doute devoir plonger dans les méandres d'une société de consommation où les consommateurs attendent que tout leur vienne tout cru dans la bouche, exactement à l'image des plus parfaits fidèles d'une dictature.
La question que je me pose, est que lorsqu'un état commet un crime, une violation, son niveau ce conscience du la hauteur du crime ne peut pas être mit en doute, contrairement à si on à affaire à un individu. Cette notion peut jouer une rôle dans l'évaluation de la hauteur du crime pour un individu, mais pas pour un état, qui même s'il n'était pas conscient de son crime, devrait en payer le même prix. Quand un état commet un crime, il met en place une stratégie pour cela, il est demandeur des conséquences de ses actes. Objectivement, si un état est incompétent, il ne serait pas difficile de le remplacer entièrement par des gens plus compétents.
Et contrairement à un individu, il est possible de sonder objectivement ses raisons, ses motifs, les moyens mis en œuvre... et contrairement à un individu, on ne lui passe pas les menottes, de sorte à s'assurer qu'il cesse immédiatement ses pratiques illégales.
Le fait est qu'il ne revient pas à l'ONU de faire cela, mais à la société civile, qui est endormie, du moins dans ses moyens d'action, pas dans sa conscience. De ce point de vue, on pourrait estimer comme un crime toute la somme des activités qui consistent à empêcher les citoyens de constituer une équipe politique remplaçante, bien qu'ils soient nombreux et, individuellement, parfaitement légaux. La question est finalement la suivante : Quels moyens est-il possible de mettre en œuvre pour affecter le caractère d'illégal à des activités qui, mises bout à bout, constituent de sévères crimes contre l'humanité ?
Cette question englobe aussi bien les génocides lents tels que pratiqués par Israël, que les stratégies politiques visant à polariser les foules et les faire entrer en conflit, qu'encore, les dégâts environnementaux causés par l'accumulation de fautes légères, qui précisément sont considérées comme insignifiantes, jusqu'à ce que leur cumul soit plus dévastateur qu'une bombe nucléaire.
La question de fond, et ça c'était la deuxième qui m'est venue à l'esprit, ce que j'aimerais savoir ou au moins pointer du doigt, c'est de savoir s'il n'est pas temps de commencer à établir des règles de droit, de contrôler les moyens, et de survenir à la responsabilité des états en créant un droit spécifiquement relatif aux systèmes sociaux. Car on le sait, les groupes sociaux, les organisations, les états, ou les entreprises ne peuvent pas bénéficier des mêmes droits que ceux des individus, dans la mesure où si on les leur concède, alors automatiquement ces droits s'opposent à ceux des humains, pris individuellement. Le droit, y compris celui de posséder, ou de jouir d'une impunité qui semble relever de l'irresponsabilité, et finalement d'un acte de non-lieu, et toutes les règles qui distingue le droit humain et les devoirs des systèmes sociaux envers les humains, ne devraient-ils pas être objectivement établis ?