12/06/2018  22 min #142398

La Société-Réseau : Essai sur la valeur d'usage par la socialisation des transactions

La Société-Réseau - Chapitre 5 : Les buts d'un Système

5 - Les buts d'un Système

Croyez-le ou non, quand on se pose la question des buts qu'il faut fixer à la macro-activité humaine, les esprits se perdent. Vaincre la pauvreté, la pollution, en finir avec les guerres... tout cela est interdépendant. Leur point commun est de ne converger vers aucun but. Or lui seul pourrait empêcher leur genèse, en les rendant irrationnelles. Et, après un long chemin pour proposer des solutions, on découvre que ce but ne se formule jamais mieux que dans les mots des Droits de l'homme. Simplement, il faut en avoir une lecture systémique.

Les buts sont comme le reflet de la réalité, ce sont des conséquences à obtenir - qui ne sont peut-être pas idéales - mais qui supposent toute une mécanique pour tendre vers elles.

Quand une mobylette fait tourner une génératrice d'énergie, son but est limpide. Les mêmes buts peuvent être atteints autrement. La qualité de son fonctionnement saute aux yeux : les sauts de chaîne, le bruit, les frictions, sont parlants de la façon dont il est conçu. Ce ne sont des surprises que pour le mauvais bricoleur, mais c'est prévisible pour un concepteur expérimenté. C'est sa conception qui engendre les conséquences, qu'elles soient attendues ou pas. Ce sont elles qu'on peut considérer comme des buts, comme quand le bon citoyen produit cinq kilos de déchets par jours grâce à son travail (ou quand l'éditeur d'un livre verse tout son bénéfice à celui qui a rasé des forêts). Et ces conséquences inattendues, bien qu'ignorées comme des buts, provoquent de grandes perturbations dans le bon fonctionnement du système.

A système égal, on peut rêver d'une meilleure conception, en utilisant une roue à inertie, parfaitement équilibrée, montée sur des roulements à billes industriels, entraînée par une courroie solide et bien tendue, à un moteur puissant, fixé sur un cadre logé dans un bloc de béton (Adieu la mobylette!). Si vous multipliez ceci par mille (et encore mille) vous obtiendrez une idée de la machine tentaculaire bâtie autour du principe du commerce qu'on nomme capitalisme.

Mais à but égal, on peut opter pur un tout système de production d'énergie, en imaginant par exemple une réaction chimique issue chambra à plasma, dont la résultante sont des vents d'électrons. Ou encore une boîte à antimatière dont une partie de l'énergie sert à maintenir la détonation dans une coque électromagnétique.

Quand on fait cela, tous les problèmes de mobylettes, de câblage, de carburant, de bruit, d'usure des pièces, est subitement obsolète. Désolé pour les économistes, il va falloir penser un système social où « l'économie » n'aura rien à voir avec ce que vous connaissez, mais plus à voir avec son acception officielle dans le dictionnaire.

Mais surtout, procéder à un tel ménage est ce qui se produit quand on décide de se fixer un but, que ce soit un but dans la vie, ou un but dans la civilisation. C'est beau de le dire, mais cela n'a jamais été fait. L'observation attentive de la situation actuelle de notre monde montre que c'est l'absence de but social collectif est un vide qui se comble naturellement par une somme de sous-buts divergents et concurrents. Il suffit de s'en fixer un, de soigner les moyens de l'obtenir, et automatiquement l'ensemble des processus et des techniques seront tissées de liens subjectifs. Ce passe dans le cerveau quand on comprend quelque chose !

5.1 - Changer de système

Nous allons voir que la principale raison de changer de système est que nous avons besoin de traiter avec les vrais objets de l'économie, non avec leur seule « valeur ». Que le principe du commerce n'est pas adapté aux grands chantiers de l'humanité. Que les moyens d'agir doivent relever du Droit. Que l'organisation rationnelle de la gratuité est l'assurance pour chacun de contribuer positivement au monde. Que l'abondance est désirable. Et surtout que nous avons besoin d'avoir un véritable contrôle 1 sur l'orientation des énergies (travail, production) en direction de buts concrets à long terme. Ces buts sont la satisfaction des besoins, leur anticipation, et de gravir les marches qui conduisent à se reconnaître dans le miroir des Droits de l'Homme.

5.2 - Les non-buts du capitalisme

Les commerces s'additionnent, fusionnent, maximisent leurs profits, obtiennent de puissants moyens de chantage, et continuent leur course folle en bravant les barrières de la moralité, de l'éthique, de la raison et de la loi. Même les barrières de la logique sont franchies depuis longtemps, prouvant que l'habitude de l'inconséquence arrive parfois à se retourner contre eux, quand ils ne savant pas anticiper le dégoût et le rejet populaire qu'ils suscitent, ou reconnaître qu'ils scient la branche qui leur donne tant de hauteur.

Et tout ça pour quoi, dans quels buts ? Amasser de l'argent pour se payer la plus belle tombe (comme disait un ami décédé) ? Devenir « le maître du monde », acquérir tout pouvoir de persuasion, de sorte à ne jamais être contredit, et subsister dans la béatitude de croire qu'on a toujours raison, à propos de tout ?

Le Pouvoir d'une extrême minorité est le seul but du capitalisme.

Et si on oppose à cela que c'est faux, eh bien c'est tout du moins le résultat qu'on a obtenu.

Cette extrême minorité aux commandes de, attendez, euh, au jour d'aujourd'hui, sept-cent millions, de milliards, de dollars 2, que fait-elle de beau ? Le peuple du monde s'est entièrement dévoué corps et âme, s'est sacrifié, a souffert, a perdu les plus belles années de son âge d'or, loin de leur famille dans la boue et le froid, pour leur permettre, à ces quelques dizaines de pauvres types, de se pavaner dans un océan de pièces d'or. Et c'est tout.

A part évidemment les quelques chutes de coupe (quand on découpe un patron dans un tissu, les parties inutiles, celles qui échappent aux buts, reviennent au peuple) qui permirent d'ériger des monstres de béton dans toutes les capitales du monde, bruyantes et solitaires, et aux fenêtres bien isolées pour mieux entendre la télé, chauffés et éclairés, dans l'extrême limite de ce que les riches peuvent concéder à leurs esclaves. Ce qu'on appelle « le progrès ».

5.3 - Le pouvoir

Quel pouvoir ont les [quelques dizaines de] propriétaires de ce monde, à part « Le pouvoir », qui fait trembler les petites gens, active un mouvement brownien de jalousie et de lutes intestines, qui transcende la justice, qui éclaire les pas de la politique, et qui s'accommode tranquillement de générer des guerres et des génocides collatéraux, qui ne sont que le simple « prix » à payer pour réussir péniblement à avoir un léger contrôle de la bête ?

5.4 - Le contrôle

De toutes façons, la bête qu'est le capitalisme, cette marche forcée, aura pour finalité la destruction de tout, l'apocalypse, non pas parce qu'il y a des gens avides de pouvoir, mais surtout parce qu'ils sont complètement dépassés par les conséquences tentaculaires de ce dont ils profitent.

5.5 - La psychologie collective

Le système-argent et les gens qui s'y adaptent fonctionnent selon les termes d'une dyade maladive. Ils sont co-dépendants. Ils se détestent mais ne peuvent pas se passer l'un de l'autre. Ils sont dans un cycle passionnel qui est le ferment idéal pour qu'un des deux membres de cette dyade finisse par commettre un crime. Ils n'ont de contrôle sur rien, et tout ce qui peut perturber leurs petites manies leur apparaît comme un danger mortel.

5.6 - L'orientation

Au moment où nous allons réformer le système social qui régit la vie des humains, il faudra simultanément, et nécessairement, faire d'une pierre deux coups, en obtenant un contrôle conventionnel du système, et en l'orientant vers des buts, concrets, et à long terme, de façon à ce que s'exercent les qualité humaines naturelles de compassion et d'entraide.

5.7 - Les contraintes

Le système que nous voulons concevoir, nous allons le concevoir en ignorant encore quels seront les buts poursuivis dans le futur. On en a les grandes lignes, on connaît les buts de base (L'industrialisation de la réponse aux besoins) on connaît des fonctionnements qui sont préférables, on a isolé la matière première de la théorie économique qu'est la gratuité, mais rien encore n'est figé. Tout ce qu'on a fait c'est d'établir les points de passage obligés d'un système viable. Ce qui pourra relier tout ça ensemble, en un bloc logique, sera totalement nouveau, et c'est la seule chose qu'on a besoin d'inventer, et elle est immatérielle. Ce qu'on veut c'est que la solution puisse, de façon générique, surmonter les dangers que l'évolution d'une société peut rencontrer. On sait que techniquement, le Système-réseau sera constitué d'une boîte à outils qui permettront de répondre à des besoins de façon générique. En attendant il est toujours temps de soulever les questions qui nous taraudent.

5.8 - Pourquoi vivons-nous ?

Après avoir « vu la naissance et la fin de l'univers », je peux le dire, il y a une bonne raison ! On a les moyens de les deviner. Tout est sous nos yeux. Aider ceux qui en ont besoin, contribuer au bien général afin qu'il engendrer un environnement paisible pour proches, générer les raisons d'être fiers, agir pour le bien et la justice, découvrir et expérimenter les lois divines de l'univers, accomplir ses rêves et aller au-delà encore, et garder la conscience de l'immensité de l'inconnu dans lequel nous baignons, par mesure de sécurité.

5.9 - Les buts d'un humain

Les buts d'un humain sont le point de départ et la finalité des buts d'un système social. Cette organisation doit être au service des humains. Si demain ils veulent tous être sportifs, ou s'ils ne veulent plus que s'atteler à méditer sur l'univers, alors telles sont leurs aspirations, et tel sera ce que le système social aura pour tâche de rendre possible. Tous les buts des humains sont dans le spectre des droits de l'homme. On veut obtenir que les buts des gens puissent être rendus possibles par des choix que propose le système. Dans la société, on « rêve » souvent de devenir la personne qui sert le mieux le système ; C'est en respect de cela que le système, à son tour, doit transcender les buts des humains, leur donner du sens.

5.10 - Comment atteindre un but

Les buts, ce n'est pas comme au foot où on tire une balle dans le panier (j'y connais rien, au foot). Les gens ont un problème, typique d'une civilisation pressée par le temps, manichéenne, avec la notion de « but ». Pour guérir une maladie visible par son symptôme, le but étant de les faire disparaître, les humains s'empressent souvent de simplement les dissimuler, refusant d'admettre qu'elle subsiste en réalité. C'est du moins la procédure standard quand on ne dispose d'aucune information sur ce qui se passe. En s'obsédant sur les conséquences on s'éloigne des causes réelles qui permettent la guérison. On laisse le champ libre à la maladie.

Pis encore, il y a tout un pan de la maladie socio-mentale qui consiste à forcer les apparences à ressembler à ce à quoi « les choses » devraient naturellement ressembler, sans que ce « naturellement » ne soit questionné. Ce sont ceux qui sont incapables de combiner un trop grand nombre de connaissances. Pour eux « la fin justifie les moyens », en fait il vaudrait mieux dire « l'apparence du but prévaut sur sa nature ». Ce sadisme est quand même la matière première de la télévision, c'est pas rien ! La dictature est à l'échelle sociale ce que le psychotique est à sa victime 3. Il s'énerve dès que rien ne ressemble au but qu'il s'est fixé, aussi évasif et irrationnel que soit ce but. Il s'acharne à n'obtenir que les apparences d'une réussite parfaitement symbolique.

La sagesse enseigne la patience dans la réalisation de ses objectifs, mais plus encore, elle enseigne à constater les réussites des autres. Pendant cette méditation contemplative, il apparaît clairement que les plus grands buts atteints ne sont jamais ceux qu'on aurait osé prévoir. Ce vertige ne fait que prouver à quel point les petites causes engendrent de grands effets, et à quel point elles doivent être soignées. Il y a là toute une conception de la réalité, pour qui la conscience n'est qu'un des maillons de la chaîne de conséquences. Souvent on parle de sérendipité, c'est à dire toute la partie imprévue et émergente de l'action en cours. Par exemple un potager en permaculture se trouve soudain être le lieu idéal pour l'éducation botanique. Ce n'était pas son but initial, et aurait-ce été aussi bien si on l'avait explicitement commandé ? La différence est que les choses ont été faites avec amour, et dès lors il y a d'autant plus de connexions possibles avec ce qui « vibre à la même fréquence ».

Quand un but est réalisé par émergence, c'est conjointement à d'autres réalisations qui sont toutes aussi profitables. Ainsi, quand on parle de poursuivre des objectifs, on parle implicitement de bâtir toute une structure de composants qui agiront de manière contributive à rendre observable un but attendu. Cela n'arrive pas d'un coup. C'est de cette manière qu'on atteint un accroissement providentiel d'efficacité du système, pour une dépense énergétique quasiment nulle. Car même en attendant que le but soit réalisé, les composants sont déjà actifs et choisis pour répondre à des buts moins grands. En fait, les buts peuvent se superposer. Et c'est précisément en cherchant à faire coïncider des buts individuels, collectifs, et à long terme qu'on pourra occasionner le meilleur rendement systémique. Oh oui, ça c'est un terme crucial !

5.11 - Les Droits de l'Homme

Les Droits de l'Homme ont ceci de providentiel, en tant que texte historique d'une importance égale à ce qui est [vrai dans ce qui est] biblique, d'être à la fois les motifs d'une société parfaite 4, et à la fois les moyens d'y parvenir. Disons que ces buts sont idéaux, et qu'il faille tendre vers eux. Comment procéder ?

Réciproquement, quand une société humaine ne répond pas aux prescriptions des Droits de l'Homme, elle ne peut dissimuler son échec en tant qu'organisation humaine, et sa réponse déterminera sa légitimité.

Nous tenons pour acquit que les buts premiers d'un système social humain est la concrétisation des Droits de l'Homme.

5.12 - Ce qui est directeur

Le système doit être le renfort qui permet l'accomplissement des buts politiques. Il va falloir apprendre à ne pas être timorés dans ces choix. Admettons « le Grand Plan pour la liberté de circulation ». C'est une des dispositions des Droits de l'Homme. Il s'agit de cerner les besoins, la demande, et de mettre en place les dispositifs qui permettent d'y répondre favorablement. Dans quelles conditions répondre à cette demande est contre-productif ? Cela, dépend du système social. Mais remarquez comme ces buts, une fois fixés, remplacent allègrement les personnels politiques chargés de prendre une direction évolutive. Il apparaît que de se fixer des objectifs à long terme, supplante, reste hiérarchiquement supérieur à n'importe que « président ». Il ne manque plus que ces buts soient fixés socialement pour que la structure de pouvoir devienne circulaire. Ainsi, le fait d'établir des buts sociaux renverse de facto la hiérarchie des pouvoirs.

5.13 - Ce qui est « directeur »

Ce qui est notable, c'est que nous n'avons plus de chef autoritaire. Les décisions sont prises collectivement (ce sont des Plans), et quand elles sont avalisées, peuvent librement être adoptées par d'autres collectifs, qui décident d'y contribuer, pour conformer finalement un « Grand Plan ».

Ceci est très important parce que l'orchestration de la gratuité (qu'on abordera amplement) devra donner l'assurance que les transactions autorisées, déconseillées ou interdites, le sont en raison du plus grand intérêt collectif. Ce mécanisme, à son tour, ne fait que répondre à la mise en œuvre des moyens pour atteindre ces buts communs.

Par rapport à l'antique hiérarchie, la différence est que les buts supérieurs sont publics, connus, et souhaitables. Aucun « maître du monde » ne pourra jamais égaler cela. Les buts de la société humaine sont la plus haute instance hiérarchique.

5.14 - L'industrialisation de la providence

Dans ce monde pourri, quand on meure de faim, qu'on est dépouillés de tout, et que les catastrophes naturelles ou les guerres se suivent, il ne reste plus qu'à prier que quelque généreux bienfaiteur passe par là, et qu'il aie les moyens, l'envie et l'opportunité de vous aider. A part cela, on est seuls. Ce n'est aucunement « le système-argent » qui est le moins du monde responsable du sort des gens. La seule source d'humanité dans ce monde provient des humains, qui agissent hors-système, lorsqu'ils font de preuve de charité. Le système lui, n'est pas charitable.

Si on veut refonder un Système, on va immédiatement intégrer une fois pour toute les fondements de l'éthique et de la dignité humaine, qu'est l'assistance sociale. Autant les actifs que inactifs doivent se sentir fiers d'appartenir au même monde, du début à la fin de sa vie.

Ce qu'on va vouloir faire c'est que système soit lui-même, nativement, responsable de la sécurité sociale. Par cette dénomination on entend le fait que les peuples et les individus aient toujours accès aux ressources dont ils ont besoin, de façon conventionnelle. C'est à cette occasion qu'on est obligés de penser en terme d'orchestration de la gratuité.

Ce sera le but premier et inaltérable du système. Il n'y a pas d'organisation humaine sans que cette organisation ait pour première prérogative de prendre soin de tous les humains. Ce n'est que la base du système. Autant dire que le fondamental d'un moteur de voiture est de pouvoir développer au minimum la puissance nécessaire pour déplacer au moins le poids de ce même véhicule.

Ce n'est que par-dessus cette couche considérée comme un socle que pourront se fonder les autres initiatives sociales. En aucun cas, elles ne pourront être contradictoires avec cette première prérogative.

5.15 - Les dangers, en passant

Entre parenthèses, je sais ce que se disent les réfractaires en lisant ceci. Ils se disent qu'un tel système est l'assurance d'une dictature aussi puissante que démente. Ils disent toujours cela, alors que nous y sommes déjà.

En fait, cela relève de la conception des systèmes. Plus ils sont sophistiqués, plus ils sont fragiles, comme l'atteste le ver de terre qui continuer à bouger alors qu'il est coupé en deux. Mais également, plus un système est perfectionné, et plus un mauvais usage de celui-ci est dangereux. C'est un peu comme une grosse moto comparé à une mobylette. Il en va de même avec la responsabilité, ou encore la spiritualité : plus la conscience grandit, plus les petits crimes ont de grandes portées 5. Plus le toit est pentu, plus la chute est fatale. Évidemment cela paraît « dangereux » voire impossible, mais on doit bien avancer.

Pour la même raison, plus on veut pouvoir profiter de Droits, plus cela nécessite une grande part de responsabilité. Les deux vont ensemble (et dépouiller les citoyens de leur responsabilité c'est les dépouiller de leurs droits). C'est pourquoi il doit y avoir un équilibre entre les deux.

Les dangers qui sont craints, généralement, à propos des systèmes sociaux hypothétiques et perçus comme utopiques, ayant un contrôle global et instantané, sont ceux qui appartiennent à une civilisation de l'appât du gain, du vol, de l'insécurité permanente, de la criminalité (en col blanc). Seulement quand on y pense une seconde, ce qu'on veut justement c'est générer un monde dans lequel tout cela n'aura plus court, simplement parce qu'on aura promit aux gens que ça y est ! Ils n'ont plus à s'inquiéter du lendemain. Ça y est ! Vous ne finirez jamais à la rue, vos enfants seront parfaitement égaux, et vous ne manquerez de rien, ou alors vous aurez les moyens de les fabriquer.

C'est ainsi par exemple que le « Big Brother » métro-dictatorial de notre époque de surveillance du conformisme, existera tout autant dans un monde en paix, sous forme de moyen technique de veiller au bien de tous. On peut seulement remercier Big Brother d'avoir mit en place toute l'infrastructure de cette véritable utopie, ainsi rendue plausible.

5.16 - Synthèse

Errer sans but est le meilleur moyen de laisser place au chaos. Le marcheur dans une forêt hostile doit bander les reins (c'est une expression empruntée à Jésus de Palestine). Mettre ce terme au pluriel risque de détériorer la sérendipité du système. De grands buts, nobles et lointains, ont la vocation d'orienter les énergies de façon rationnelle. C'est à dire que dans chaque strate de la société, les sous-buts et les sous-sous-buts répondent aux attentes de leurs « parents », d'une façon coordonnée. Nous garderont en tête constamment les motifs des droits de l'homme comme finalité de tout système social (dans l'univers !). L'opération qui consiste à faire de ces acquis du passé des buts du futur n'est rien d'autre que le chemin de leur mise en œuvre afin de les rendre effectifs ; le passage de l'idée à la réalité. Et une des choses les plus évidentes dans ce cadre, est l'intégration au système de toutes les activités de solidarité et d'entraide.

6 - Les Devoirs des systèmes sociaux

Quand les personnes morales s'arrogent des Droits de l'Homme, ce n'est jamais sans les confisquer aux hommes. 6 Ceci est une énorme lacune dans le droit, au moment où il devient élémentaire de distinguer une personne physique et morale, et de limiter pour chacun d'eux ses droits et responsabilités. Mieux encore, il faudra par la suite convenir des traitements de la justice entre personnes physiques, sociales et morales.

Les personnes morales ont d'abord des devoirs, en accord avec le perfectionnement qui consiste à faire tendre la société vers l'idéal des Droits de l'Homme.

Les humains sont un organisme social avant tout, c'est le niveau de son organisation en tant que groupe qui lui permet de développer son plein potentiel.

L'homme n'est qu'une entité physique appartenant à une entité morale, qui relève d'un fonctionnement, qui se doit d'être harmonieux.

Dans ce super-organisme qu'est la société humaine, son carburant est l'énergie humaine. Sans elle, cet organisme dépérit, et sans lui, les humains sont perdus, désorganisés, inefficaces et impuissants.

L'humanité a eu la présence d'esprit, dans l'histoire, de graver dans le marbre les fondations d'une société idéale, en déclamant les Droits de l'Homme.

Aujourd'hui, notre compréhension holistique des lois de la nature, leur fonctionnement, leur tendance au perfectionnement, et notre entrée dans l'âge de l'informatique, nous incitent à concevoir une sorte de « droit des systèmes sociaux », avec l'infime différence que le changement de perspective fait que les droits que nous réclamons d'elle, sont ses devoirs.

Nous avons constaté que les Droits de l'Homme ne peuvent être garantis que par les hommes. C'est à chacun de tendre l'oreille pour laisser s'exprimer, à chacun de se distancier pour ne pas priver de liberté, de tolérer pour ne pas nuire. Tout droit est le devoir d'un autre, et tout devoir permet autant liberté aux autres.

6.1 - Préambule

De la même manière que les Droits de l'Homme ont été rédigés en réaction à une structure politique devenue frontalement inique, et objectivement répréhensible, « Les Devoirs des Systèmes Sociaux » apparaît en réaction à l'arbitraire des procédures iniques, de façon objectivement contre-productive pour l'intérêt public, et conduisant finalement l'humanité vers son autodestruction, de même que l'absence de Droits de l'Homme entraîne toute structure politique comme par gravitation, vers la dictature.

Le capitalisme s'est mué en totalitarisme marchand quand les structures politiques n'ont pas eu les épaules pour supporter le poids d'un principe (du commerce) érigé en système. La nature des choses réclame de la cohérence entre les échelles de son organisation. L'unité Homme + Système doit tendre vers un idéal, et pour cela doit réviser son organisation. Et comme la nature de l'Homme est fixée par ses Droits, la nature des Système sociaux doit elle aussi être rivée par ses Devoirs.

Le consensus fonctionnel vise à placer le système-Terre comme une entité, dont la mise en perspective est plus parlante de notre essence si on la situe au sein d'une communauté extra-planétaire.

6.2 - Article 1 - Fondement

Le but de tout système social est de permettre à la société la liberté de tendre vers l'idéal des Droits de l'Homme.

6.3 - Article 2 - Dépendances

Tout système social coexiste avec d'autres, avec ceux qui sont inclus, et ceux dont ils relèvent, parmi lesquels : la nature.

Toute organisation humaine relève des lois de la nature, autant qu'elles reposent sur elles. A ce titre, elle a pour prérogative de les découvrir et d'en tenir compte.

6.4 - Article 3 - Étendue

Une structure sociale se définit par l'entité culturelle et autonome qu'elle constitue. Elle détermine elle-même ses limites et son idiosyncrasie. Elle s'associe de facto à l'environnement naturel (ou artificiel) qu'elle habite, et en devient co-responsable. Elle bénéficie d'une liberté évolutive, ce qui lui confère une nature changeante.

6.5 - Article 4 - Relations

Toute organisation humaine doit bénéficier de la non-ingérence des autres organisations sociales, quel que soient leurs tailles. Elle dispose de sa liberté de choix, de méthode, de croyances, d'idéaux.

Tout conflit entre entités peut autoriser une levée de la non-ingérence de la part d'autres communautés de même niveau afin d'être résolu.

6.6 - Article 5 - Échanges

Conscients d'appartenir à un système plus vaste, tout réseau social doit veiller et contribuer au bien-être des autres réseaux sociaux. Les échanges, ou transferts entre systèmes sociaux ne peuvent qu'être libres, volontaires et spontanés. Ils ne doivent pas procéder d'une dépendance.

6.7 - Article 6 - Fonctionnement

6.7.1 - Production

Le système social a pour prérogative de mettre les moyens de production et les ressources entre les mains du public, et en particulier à toute organisation qui saura en faire le meilleur usage.

6.7.2 - Gratuité

Quel que soient ses buts, le moindre d'entre eux consiste à assumer la gratuité des denrées vitales, produits nécessaires, habitations indispensables à tous ses citoyens.

6.7.3 - Organisation

Tout système social est libre d'adopter le mode de gérance qu'il veut.

6.8 - Ressources naturelles

6.8.1 - Propriété internationale

Toute ressource naturelle appartient au Bien Commun, sous le terme de la propriété internationale, et ne peut être exploité qu'au regard de ce même Bien Commun.

6.8.2 - Soutenabilité

Toute exploitation des ressources naturelles doit respecter les critères de renouvellement de ces ressources, selon un ratio quantité / temps qui soit positif.

6.8.3 - Accès

Les ressources naturelles ne peuvent être mises à disposition d'un système social que par ses membres, et peuvent lui être retirées si elles ne sont pas utilisées pour le Bien Commun.

6.8.4 - Limites

La nature n'est pas « faite pour l'homme », c'est l'homme qui profite de ses bienfaits. Il convient de laisser une large partie de la nature à l'abri de l'influence, et de la méconnaissance des hommes.

6.8.5 - Pollution

Aucune pollution, contamination ou mise en danger ne peut être infondée. Toutes les dispositions pour éviter la dégradation font partie des devoirs des système sociaux.

6.9 - Article 7 - Justice

Un système social a le devoir moral de rendre la justice comparable et compatible entre toutes les entités qui la constitue.

Son rôle consiste à assumer sa responsabilité propre dans les cas de dysfonctionnement et à savoir se réformer, s'il le faut, au moyen de Plans et de Grands Plans.

Aucun règlement relevant du fonctionnement d'un système social ne peut entrer en contradiction avec les normes civiles, éthiques, morales ou logiques.

La légitimité des lois relevant du système social repose exclusivement en ce qu'elles soient voulues, désirées et profitables pour le bien de tous.

6.10 - Article 8 - Aspiration des peuples

Tout système social doit être axé sur les aspirations des peuples Qu'ils veuillent dépolluer la terre, se consacrer à la science, ou à la méditation, c'est toujours pour répondre aux aspirations des peuples que se structurent et s'organisent les systèmes sociaux.

1 Lire : « [Le peuple vénézuélien, maître de son destin] »

2 Suivre :  theeconomiccollapseblog.com

3 C'est dit de façon un peu elliptique. Les psychotiques sont menaçants, insistants, collants, envahissants...

4 La société idéale est un rêve commun à toutes les civilisations (de l'univers). Ce thème récurrent en philosophie est porteur d'une véritable « Lois des Sociétés » dont la plus grande partie reste encore à découvrir.

5: Les personnes a haute responsabilité devraient avoir des peines multipliées par deux à cinq pour des crimes mineurs. D'ailleurs une fois une ministre suédoise a démissionné après un excès de vitesse (de mémoire).

6 « la liberté s'exerçant sur un bien commun apporte la ruine à tous » [La destruction des biens communs]

Davy Hoyau, auteur du livre "La Société-Réseau"

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