12/06/2018  6 min #142399

La Société-Réseau : Essai sur la valeur d'usage par la socialisation des transactions

La Société-Réseau - Chapitre 6 : Les Devoirs des systèmes sociaux

Quand les personnes morales s'arrogent des Droits de l'Homme, ce n'est jamais sans les confisquer aux hommes.(1) Ceci est une énorme lacune dans le droit, au moment où il devient élémentaire de distinguer une personne physique et morale, et de limiter pour chacun d'eux ses droits et responsabilités. Mieux encore, il faudra par la suite convenir des traitements de la justice entre personnes physiques, sociales et morales.

Les personnes morales ont d'abord des devoirs, en accord avec le perfectionnement qui consiste à faire tendre la société vers l'idéal des Droits de l'Homme.

Les humains sont un organisme social avant tout, c'est le niveau de son organisation en tant que groupe qui lui permet de développer son plein potentiel.

L'homme n'est qu'une entité physique appartenant à une entité morale, qui relève d'un fonctionnement, qui se doit d'être harmonieux.

Dans ce super-organisme qu'est la société humaine, son carburant est l'énergie humaine. Sans elle, cet organisme dépérit, et sans lui, les humains sont perdus, désorganisés, inefficaces et impuissants.

L'humanité a eu la présence d'esprit, dans l'histoire, de graver dans le marbre les fondations d'une société idéale, en déclamant les Droits de l'Homme.

Aujourd'hui, notre compréhension holistique des lois de la nature, leur fonctionnement, leur tendance au perfectionnement, et notre entrée dans l'âge de l'informatique, nous incitent à concevoir une sorte de « droit des systèmes sociaux », avec l'infime différence que le changement de perspective fait que les droits que nous réclamons d'elle, sont ses devoirs.

Nous avons constaté que les Droits de l'Homme ne peuvent être garantis que par les hommes. C'est à chacun de tendre l'oreille pour laisser s'exprimer, à chacun de se distancier pour ne pas priver de liberté, de tolérer pour ne pas nuire. Tout droit est le devoir d'un autre, et tout devoir permet autant liberté aux autres.

6.1 - Préambule

De la même manière que les Droits de l'Homme ont été rédigés en réaction à une structure politique devenue frontalement inique, et objectivement répréhensible, « Les Devoirs des Systèmes Sociaux » apparaît en réaction à l'arbitraire des procédures iniques, de façon objectivement contre-productive pour l'intérêt public, et conduisant finalement l'humanité vers son autodestruction, de même que l'absence de Droits de l'Homme entraîne toute structure politique comme par gravitation, vers la dictature.

Le capitalisme s'est mué en totalitarisme marchand quand les structures politiques n'ont pas eu les épaules pour supporter le poids d'un principe (du commerce) érigé en système. La nature des choses réclame de la cohérence entre les échelles de son organisation. L'unité Homme + Système doit tendre vers un idéal, et pour cela doit réviser son organisation. Et comme la nature de l'Homme est fixée par ses Droits, la nature des Système sociaux doit elle aussi être rivée par ses Devoirs.

Le consensus fonctionnel vise à placer le système-Terre comme une entité, dont la mise en perspective est plus parlante de notre essence si on la situe au sein d'une communauté extra-planétaire.

6.2 - Article 1 - Fondement

Le but de tout système social est de permettre à la société la liberté de tendre vers l'idéal des Droits de l'Homme.

6.3 - Article 2 - Dépendances

Tout système social coexiste avec d'autres, avec ceux qui sont inclus, et ceux dont ils relèvent, parmi lesquels : la nature.

Toute organisation humaine relève des lois de la nature, autant qu'elles reposent sur elles. A ce titre, elle a pour prérogative de les découvrir et d'en tenir compte.

6.4 - Article 3 - Étendue

Une structure sociale se définit par l'entité culturelle et autonome qu'elle constitue. Elle détermine elle-même ses limites et son idiosyncrasie. Elle s'associe de facto à l'environnement naturel (ou artificiel) qu'elle habite, et en devient co-responsable. Elle bénéficie d'une liberté évolutive, ce qui lui confère une nature changeante.

6.5 - Article 4 - Relations

Toute organisation humaine doit bénéficier de la non-ingérence des autres organisations sociales, quel que soient leurs tailles. Elle dispose de sa liberté de choix, de méthode, de croyances, d'idéaux.

Tout conflit entre entités peut autoriser une levée de la non-ingérence de la part d'autres communautés de même niveau afin d'être résolu.

6.6 - Article 5 - Échanges

Conscients d'appartenir à un système plus vaste, tout réseau social doit veiller et contribuer au bien-être des autres réseaux sociaux. Les échanges, ou transferts entre systèmes sociaux ne peuvent qu'être libres, volontaires et spontanés. Ils ne doivent pas procéder d'une dépendance.

6.7 - Article 6 - Fonctionnement

6.7.1 - Production

Le système social a pour prérogative de mettre les moyens de production et les ressources entre les mains du public, et en particulier à toute organisation qui saura en faire le meilleur usage.

6.7.2 - Gratuité

Quel que soient ses buts, le moindre d'entre eux consiste à assumer la gratuité des denrées vitales, produits nécessaires, habitations indispensables à tous ses citoyens.

6.7.3 - Organisation

Tout système social est libre d'adopter le mode de gérance qu'il veut.

6.8 - Ressources naturelles

6.8.1 - Propriété internationale

Toute ressource naturelle appartient au Bien Commun, sous le terme de la propriété internationale, et ne peut être exploité qu'au regard de ce même Bien Commun.

6.8.2 - Soutenabilité

Toute exploitation des ressources naturelles doit respecter les critères de renouvellement de ces ressources, selon un ratio quantité / temps qui soit positif.

6.8.3 - Accès

Les ressources naturelles ne peuvent être mises à disposition d'un système social que par ses membres, et peuvent lui être retirées si elles ne sont pas utilisées pour le Bien Commun.

6.8.4 - Limites

La nature n'est pas « faite pour l'homme », c'est l'homme qui profite de ses bienfaits. Il convient de laisser une large partie de la nature à l'abri de l'influence, et de la méconnaissance des hommes.

6.8.5 - Pollution

Aucune pollution, contamination ou mise en danger ne peut être légitimée. Toutes les dispositions pour éviter la dégradation font partie des devoirs des système sociaux.

6.9 - Article 7 - Justice

Un système social a le devoir moral de rendre la justice comparable et compatible entre toutes les entités qui la constitue.

Son rôle consiste à assumer sa responsabilité propre dans les cas de dysfonctionnement et à savoir se réformer, s'il le faut, au moyen de Plans et de Grands Plans.

Aucun règlement relevant du fonctionnement d'un système social ne peut entrer en contradiction avec les normes civiles, éthiques, morales ou logiques.

La légitimité des lois relevant du système social repose exclusivement en ce qu'elles soient voulues, désirées et profitables pour le bien de tous.

6.10 - Article 8 - Aspiration des peuples

Tout système social doit être axé sur les aspirations des peuples Qu'ils veuillent dépolluer la terre, se consacrer à la science, ou à la méditation, c'est toujours pour répondre aux aspirations des peuples que se structurent et s'organisent les systèmes sociaux.

(1)« la liberté s'exerçant sur un bien commun apporte la ruine à tous » [La destruction des biens communs]

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