29/08/2018 les-crises.fr  43 min #145030

Comment Disinfolab n'a pas analysé le 4e groupe de son étude : « les médias + twittos Lrem »

(2) Les puissants partenaires de Disinfolab - et leurs effets... #disinfogate

Nous reprenons aujourd’hui nos analyses sur la galaxie DisinfoLab, qui va nous emmener assez loin… Vous pouvez relire la première partie  est ici.

L’affaire prenant de l’ampleur, nous avons vraiment besoin de votre soutien. Dans un premier temps, vous pouvez nous le témoignez d’une façon très simple et rapide : en vous abonnant à  notre fil Twitter et en “likant”  notre page Facebook, si ce n’est pas déjà fait. Cela montrera la taille de notre communauté et son implication. On compte sur vous – ce sera notre récompense pour tout le travail que nous menons !

I. Rappels

Nicolas Vanderbiest, Alexandre Alaphilippe et Gary Machado créent de fait leur agence de communication / lobbying Saper Vedere en septembre 2016, mais ils ne la constituent officiellement que le 11/08/2017 :

4 mois après avoir déclaré Saper Vedere (structure commerciale), les 3 fondateurs déclarent l’association DisinfoLab le 13/12/2017.

Il faut dire que, deux mois auparavant, le 26 octobre 2017, la société Twitter annonçait ceci ( source) :

Twitter déclarait ainsi qu’il allait redistribuer l’argent gagné avec RT (que Twitter était allé lui-même démarcher…) durant les élections américaines soit 1,9 million de dollars, à différentes structures de lutte contre la désinformation durant les élections. (je n’ai pas retrouvé de papier “more details to share on this disboursment soon“)

Et comme on le sait maintenant, DisinfoLab a touché 125 000 dollars de cette somme (soit 7 % du total !) – et ce dès janvier 2018 !

Message à RT et Sputnik : je vous recommande évidemment d’attaquer cette structure en diffamation à propos de “manipulations” de 2016 par vos publicités. Sachant que cette structure qui désinforme est payée par Twitter avec votre ancien argent… #Kafka (les fans du film #Inception seront également ravis)

Twitter a ainsi donné 125 000 $ à une association créée – au mieux – 45 jours auparavant, par 3 personnes, et quasiment sans compétence majeure pour le traitement de données de masse.

Ils sont décidément très forts en lobbying ces gens-là.

Et puis vint ensuite la Fondation Open Society de Georges Soros qui leur a donné 25 000 $ pour réaliser un suivi des “phénomènes de désinformation pendant la campagne législative italienne de mars 2018” :

Les élections ayant eu lieu le 4 mars 2018, la campagne a eu lieu en janvier et surtout février ; on imagine que la Fondation a probablement payé l’association à ce moment, donc là encore, quelques semaines après sa création. Le rapport  est là et, bien sûr, on retrouve dedans l’incontournable “écosystème russe”, et une étude de corrélation particulièrement révoltante quand elle est réalisée ainsi, car très manipulatrice :

Mais que dirait-on de scientifiques qui feraient des corrélations sur “l’écosystème israélien”, construit à partir de gens retwittant I24 News ? (et donc il est probable qu’elles aboutiraient aux mêmes conclusions au vu de sa sociologie politique) Encore mieux :

On constate donc qu’ils en sont à la création “d’approches humain/machines”, avec du machine learning et des outils sémantiques…

Le tout dans un rapport de 11 pages qualifié de “Scientific Paper”, ce qui laisse pantois – vous pouvez vous en rendre compte en le lisant via ce lien :

Bref, encore du beau travail à 2 300 $ la page…

II. Un associé de poids

Disinfo compte donc Twitter dans ses mécènes et partenaires. Mais, plus important, il compte également le fameux et très puissant Think tank Atlantic Council, un des leviers de l’influence américaine dans le monde. Je vous laisse observer la liste des membres honoraires du Conseil d’Administration ( source) :

Ce sont ici simplement les administrateurs honoraires. Il y a en réalité plus de 200 administrateurs ! Voici la liste complète – nous vous proposons une sélection des plus représentatifs en premier :

Et la liste intégrale ici :

Cliquez pour agrandir

Et c’est donc tout “naturellement” que ces personnes ont choisi nos 3 compères d’EU DisinfoLab pour créer le “Forum Transatlantique sur la Désinformation” (sic.) ( source) :

Le 11 avril 2018, le EU DisinfoLab était aussi partenaire d’une conférence sur la désinformation avec… l’Atlantic Council ( source) :

Puis 17 mai, le EU DisinfoLab était partenaire d’une autre conférence organisée par la fondation Open Society de George Soros ( source) :

III. Des partenaires dans la lutte contre la désinformation “légèrement” orientés

On trouve dans les autres partenaires de EU DisinfoLab les structures officielles de l’Union européenne de “lutte contre la propagande russe” ou  EUvsDisinfo – et son obsession régulière  envers la Russie. Il est intéressant de noter que face au comportement de ce site, le 6 mars 2018 la parlement néerlandais a voté une résolution ( par 109 voix contre 41) demandant la fermeture de ce site ( source).

Il y a aussi le think tank tchèque European Values, et son fameux programme  Kremlin Watch. Son directeur Jakub Janda a traité le Président tchèque Milos Zeman de “Cheval de Troie russe“.

Enfin, nous terminerons ce tour d’horizon des partenaires de EU DisinfoLab avec “ Defending Democracy ” dont la profession de foi illustre clairement le problème :

La Russie de Vladimir Poutine a lancé une guerre hybride contre l’Occident – une guerre contre la Démocratie, l’État de droit et notre mode de vie. Alors que nos gouvernements ont lentement saisi l’ampleur et l’urgence de la menace, ils n’ont pas encore trouvé une réponse claire et unie.

L’ennemi veut perturber notre société, discréditer nos institutions et miner notre confiance pour que nous nous retournions contre nous-mêmes. Le retour de politiques illibérales, nativistes [NdT : promouvant les habitants “de souche” au détriment des migrants] et xénophobes – souvent financées par Moscou – suggère que nous risquons de perdre la bataille. La capacité des hackers pro-Kremlin, des campagnes de désinformation et des algorithmes ne rendant aucun compte visant à corrompre nos médias sociaux et les moteurs de recherche empoisonnent la vie de notre démocratie.

La guerre contre l’Occident est une guerre contre la Vérité. Tout ce qui nous tient à cœur est menacé : notre confiance dans l’État de droit ; notre confiance dans les institutions publiques et les élections équitables ; notre confiance dans le savoir et la science ; notre confiance dans le journalisme et les médias ; et peut-être surtout, notre confiance dans un sens commun de décence et de cohésion sociale. Notre Démocratie est en jeu, et nous devons la défendre.

Défendre la Démocratie est une initiative indépendante et non partisane. Nous travaillons pour une réponse transatlantique plus forte à la guerre hybride du Kremlin contre nos démocraties.

Bref, nous avons affaire à une bien belle galaxie de :

IV. Synthèse des partenaires et financeurs

V. Médiatisation express et insubmersibilité

Mais revenons au cas de Nicolas Vanderbiest. On constate qu’il a été très rapidement médiatisé. Par exemple, en février 2015, il est invité par le Service d’Information du Gouvernement à débattre avec Rudy Reichstadt sur “Déconstruire le conspirationnisme” ( source) :

Moi, quand je veux être bien informé, je consulte le Service d’Information du Gouvernement…

Rappelons qu’alors ce thésard belge d’environ 27 ans donne simplement des cours de Média training ( source) :

Le Directeur adjoint en charge du numérique du SIG, Romain Pigenel, en fait même la publicité, renvoyant sur un article du  Blog du Communiquant qui, ayant assisté à cette conférence, en fait un compte rendu ( source) :

Hélas, la rigueur approximative entraine parfois des crashs. Ainsi le 6 mai 2017, M. Vanderbiest indiquait  à l’AFP qu’il avait identifié la première personne à avoir parlé des MacronLeaks sur Twitter : Jack Posobiec

Il confirme ce fait pour  Libération le même jour :

#CEstLimpide

Enfin, presque… Dès le 8 mai, Libération est  obligé de démentir. En effet, la consultante Stéphanie Lamy a démontré que c’était faux, Posibec n’était pas le premier à avoir twitté :

Mais dès le 9 mai 2017, Nicolas Vanderbiest expose sa “méthodologie”, basée sur des outils automatiques d’Analyse des Réseaux Sociaux (SNA) :

Et grâce à @tomg_ , j'ai enfin une vidéo pour expliquer la méthodo de la Social Network analysis (mes cartographies) et à quoi ça sert

Tout ceci lui vaut le 10 mai une couverture presse… fort élogieuse, comme cet article dans la presse belge ( source) :

Une telle erreur ayant entrainé des démentis de journaux nationaux n’entamera cependant en rien sa carrière.

Par exemple, le 27 juillet 2017, Nicolas Vanderbiest est ainsi incité à participer au Festival International du Journalisme Vivant (sic.) à Couthures, avec publicité gratuite par Gilles van Kote, Directeur du Monde (sources :  ici et  ) :

Il a eu la chance d’y débattre avec Samuel Laurent ( source) :

Ah, ça pique quand on revoit ces Ateliers de Couthures…

Le monde est décidément petit – surtout grâce à Twitter, où vous pouvez observer  ici et  , les conversations entre ces deux personnes.

Insubmersible….

Ceci étant, Samuel Laurent a bien dû écrire un billet relativisant les interprétations de l’étude DisinfoLab, et se terminant par quelques mots de bon sens ( source) :

On note cependant le concept de “rôle mineur”, bien sûr. Mais du coup, c’est quand même dommage que le président de DisinfoLab ait parlé de “dopage numérique dans l’affaire Benalla qui a visé le Président français” ( source) :

Pire, on a bien observé qu’après l’explosion en vol de la navette DisinfoLab (communiqué de presse mensonger et tweets délirants –  lire notre propre communiqué de presse en réponse), aucun papier ne semble avoir été rédigé pour expliquer au lecteur quel type “d’expert” était mis en avant par le journal depuis deux ans, et quel sérieux on pouvait donc accorder à l’étude (personne ne pouvant même contrôler que les simples chiffres avancés par eux sont exacts). Y compris après  l’enquête de Libération. À comparer avec le traitement de ce site début 2017…

Insubmersible…

VI. Toujours sur le pont !

On observe aussi que l’équipe Disinfo est toujours sur le pont…

Enfin presque. On voit très peu Gary Machado, très occupé par l’intense lobbying qu’il mène pour le 112 depuis 18 ans…

C’est probablement là qu’il a rencontré Gregory Rohde, le Directeur USA de Saper Vedere, qui y a fait la même chose pour le 911 :

qui est très proche (membre ?) de la fondation du “Big Boss” Machado ( voir ici).

Le 112 n’est pas si simple à mettre en place, les avis divergent ; les pompiers  sont pour, le SAMU et les médecins libéraux  sont contre.

Mais Emmanuel Macron vient de trancher, dans le sens du 112 (bien joué le lobbying Gary !  Source) :

Mais ceci n’empêche pas Gary Machado de faire une récupération indécente du décès de la pauvre Naomi en mai (à grands coups de #JusticePourNaomi –  voir ici)

Nous n’avons pas creusé cette partie-là (et je n’ai donc aucun avis sur le 112), mais j’incite les journalistes intéressées à le faire, il y a des choses un peu étranges…

Maintenant, intéressons-nous plus avant à M. Alaphilippe. Il a a priori des idées assez arrêtées qu’il ne se prive pas d’exprimer :

L’Internationale “c’est le mal”

Mais BHL court toujours…

La lecture de  son compte Twitter montre une réelle obsession contre la propagande russe – alors que, quand elle est existe, elle est ridicule ou démontée en 10 minutes…

Poke Russia Today.

Alors que le Soft Power américain, “c’est la paix”, comme “l’Europe” (ah non, elle est une partie du Soft Power américain, c’est vrai…).

D’ailleurs on le voit s’informer contre la Désinformation venant de l’étranger dans cette conférence… à Washington (normal pour EU DisinfoLab), en septembre 2017 :

Rappelons au passage que 1/ les USA n’ont pas besoin d’acheter des publicités, ils ont déjà Hollywood, et ils ont dépensé leur argent d’une manière plus efficace… 2/ L’achat de médias entiers par des milliardaires français ne semble lui poser aucun problème quant à la lutte contre la Désinformation…

Cerise sur le gâteau, le 12 juin 2018, on le voit écrire à France Culture pour se plaindre de l’intervention de Jacques Sapir (on notera le like de son ami Gary Machado) :

On imagine qu’il doit peut-être considérer qu’il s’agit là d’un cerveau malade à remplacer d’urgence par celui de Nicolas Vanderbiest…

Du coup, la Kommandantur n’ayant apparemment pas traité assez vite sa demande, il recommence le lendemain, 13 juin, en écrivant directement à la Directrice de France Culture… :

#LaGrandeClasse

Afin que tout le monde comprenne bien la farce qu’est cette situation, je rappelle que,  comme nous l’avons vu ici, ce grand “spécialiste de la désinformation” travaille une partie de son temps avec Gary Machado, dans la structure de la femme de ce dernier, Marybelle Hanus, qui propose de trouver des chambres d’hôtel au meilleur prix (façon booking.com) :

On notera enfin ce tweet de soutien à un projet de lutte contre la propagande russe à 3 millions d’euros – ils sont forts…

VII. Qui c’est le plus fort – pour le lobbying avec l’OTAN ?

Marina Tymen twitte fièrement le 14 septembre 2017 pour célébrer le succès de la conférence DisinfoLab/Saper Vedere, qui a réuni : l’OTAN avec l’AFP, Google, l’UE, First Draft, l’IRI Républicain, etc…

Belle performance – et illustration des dérives actuelles de la pseudo “lutte contre la désinformation”. Je ne comprends pas que l’AFP aille se compromettre de la sorte, c’est tout simplement incroyable.

VIII. Une ONG bien en Cour auprès des Gouvernements

On note que cette association a intégré le “Groupe d’experts Fake News et Désinformation en ligne” créé par le gouvernement belge en 2018.

Leurs conclusions principales (et d’autres déclarations) montrent que Disinfo :

  1. cherche à accréditer l’existence de complots visant à nous désinformer de manière organisée ;
  2. veut que “la société civile” (c’est-à-dire EUX !) obtienne plus de données des plates-formes (en fait celles de Facebook surtout, ils ont déjà celles de Twitter…), et donc… des subventions pour les traiter.

Ce dernier point, la lutte contre la non-diffusion des données par Facebook, revient souvent chez eux. (nous traiterons ce point dans d’autres billets)

Une bien belle vision de la Démocratie et des “valeurs européennes”

Notons que Disinfo n’a pas été le seul à être consulté ainsi par le pouvoir politique. En France, dans le cadre du projet de loi sur les Fausses Informations, ont été auditionnés au Sénat le 28 mars 2018 ( source) :

“Samuel Laurent, journaliste au Monde” et “Christophe Bigot, avocat spécialisé en droit de la presse” – dont on aurait pu préciser plus clairement que c’était aussi l’avocat du Monde… Coup double, bien joué !

Enfin, on notera le soutien public apporté par Jean-Yves le Drian à cette structure le 4 avril 2018, lors de la conférence « Sociétés civiles, médias et pouvoirs publics : les démocraties face aux manipulations de l’information » (source :  texte, vidéo , pdf) :

“Au sein de notre réseau diplomatique, les services de presse seront particulièrement sollicités pour observer, analyser et tirer les leçons des attaques que nos partenaires pourraient subir. Dès la prochaine conférence des ambassadeurs, je souhaite que nous puissions tirer les leçons de ces remontées de terrain et des échanges que nous aurons eus avec tous ceux qui, au quotidien, parfois bénévolement, traquent les manipulations. Certains d’entre eux sont parmi nous comme M. Alaphilippe qui, avec son associé Nicolas Vanderbiest, a très tôt documenté, au printemps 2017, les campagnes orchestrées depuis la Russie contre le candidat Emmanuel Macron. Cet enjeu sera également intégré dans nos prochains exercices de planification et de prospective.” [Jean-Yves le Drian, 4 avril 2018]

Insubmersible…

Rappelons enfin, sans mauvais esprit, qu’il semble peu probable que le Ministre des Affaires Étrangères de la France soutienne ainsi publiquement une micro-structure à peine naissante (ce sont les seuls à être ainsi cités dans le discours) dans une conférence sur la Désinformation, s’il n’a pas un certain nombre de garanties que cette structure ne va pas “débunker” dans quelques mois un de ses propres mensonges (l’effet serait alors destructeur pour son image).

IX. Le précédent Eliott Higgins / Bellingcat

Ceci rappelle d’ailleurs le cas Eliott Higgins / Bellingcat (présenté  ici). Voici pour rappel la fable dans les médias :

Eh beh, rien que ça… Vous imaginez-vous lire dans le Quotidien du Médecin un article sur “L’avenir de la Médecine”, qui serait un garagiste s’informant sur Twitter ?

« Il n’est ni journaliste, ni expert en géopolitique, et n’a jamais mis les pieds à Damas. Ce geek de Leicester est pourtant devenu la meilleure source d’informations sur le conflit syrien. Son blog, Brown Moses, est aujourd’hui la référence pour les ONG et les spécialistes. […] L’avenir du journalismehabite une petite maison à étages dans la banlieue de Leicester. […] Eliot Higgins ne s’est jamais rendu en Syrie – à peine s’il est déjà sorti de Leicester -, ne parle pas un mot d’arabe ni ne le lit, ne connaît rien au Moyen-Orient ou au journalisme. Et, pourtant, son blog est aujourd’hui l’une des meilleures sources d’information sur le conflit syrien. Tous les spécialistes le consultent régulièrement.

C’est lui qui a dévoilé que les rebelles syriens avaient reçu des armes croates début 2013 – dont on a su plus tard qu’elles avaient été achetées par l’Arabie saoudite avec la bénédiction de la CIA. Lui aussi qui a produit l’étude la plus complète et la plus rapide après le bombardement chimique de la Ghouta, dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013, qui avait causé 1 500 morts. Human Rights Watch a même eu recours à ses services pour établir son rapport. Dès la fin août, Eliot Higgins avait identifié le type de munitions utilisées, les impacts, les trajectoires des tirs. Tout était tiré d’une seule source : les vidéos mises en ligne par les cyberactivistes syriens, une mine à ciel ouvert, mais totalement sous-exploitée. Eliot Higgins travaille comme les enfants qui jouent au Memory, avec ses yeux et sa mémoire. Il tamise, trie, filtre plusieurs milliers de vidéos par jour. […]

Ces indignations le conduisent vers la gauche de la gauche, chez Naomi Klein et Noam Chomsky. Surtout, il est radicalement méfiant envers les gouvernants. […] A l’instar de Julian Assange, d’Edward Snowden ou de Glenn Greenwald, il ne vient pas de la presse et s’apprête à la révolutionner. […] Le New York Times s’appuie sur son blog. […] Des diplomates du Foreign Office, des experts et des journalistes le suivent sur Twitter, Human Rights Watch le consulte. […]

Il s’est fait une petite célébrité en taillant en pièces l’enquête du célèbre journaliste d’investigation américain Seymour Hersh attribuant l’attaque de la Ghouta aux rebelles. En octobre, il est invité à New York pour le forum Google Ideas. Le New Yorker lui a consacré un long portrait, Christiane Amanpour l’interviewe sur CNN. […] Eliot Higgins annonce la fin d’un certain journalisme. Pas du journalisme tout court ni même du reportage de terrain. Ce qui agonise, c’est le monopole des médias sur la collecte et la production des informations. Lui-même ne consulte plus que Google News et Twitter pour s’informer. » [Source :  Le Monde, 28/02/2014 –  LibertesInternets]

« Un geek altermondialiste, Eliot Higgins, au chômage, et jamais sorti de sa banlieue anglaise, anime le blog de référence sur la Syrie. […] Il est aussi en cheville avec la Fondation Carter […] Il a également été approché par le Stockholm International Peace Research Institute et invité par le Peace Research Institute d’Oslo, deux des plus prestigieux think tanks de la planète. » [Source :  Arrêt Sur Images, 03/03/2014]

C’est à se demander pourquoi nous payons des impôts pour financer des services de renseignements avec des gens ayant dédié leur vie à la connaissance du monde arabe et consultants universitaires spéiclaisés et journalistes de terrain, alors qu’on a des informaticiens au chômage qui ne parlent pas arabe…

Mais on constate après coup ce genre de choses : le 15 septembre 2014, Eliot Higgins fut reçu au ministère des Affaires étrangères britannique. Craig Morley, stratège en communication zone Moyen-Orient Afrique du Nord twitta :

« Formidable de recevoir Bellingcat au Foreign Office aujourd’hui pour parler de son travail fascinant sur la Syrie et l’Ukraine. » – Craig Morley, Foreign Office [Source :  Twitter]

Le 9 février 2015, le Commandant suprême des forces de l’OTAN, Philip Breedlove, fit la promotion de Bellingcat sur son compte Twitter officiel, et incita ses followers à participer au crowdsourcing, c’est-à-dire à l’enquête participative sur le repérage de forces ou d’équipements russes en Ukraine.

Breedlove qui est désormais administrateur...de l’Atlantic Council (voir plus haut, 1ère image)

Eliot Higginsest également l’un des principaux auteurs du rapport de l’Atlantic Council « Caché à la vue de tous » (Hiding in Plain Sight) publié le 28 mai 2015 et intitulé : « La Guerre de Poutine en Ukraine ».

En juin 2015, il fut même invité en tant qu’expert au Global Forum de l’Atlantic Council (toujours eux décidément…) en Pologne.

Bref, encore un story-telling (ok, disons une fable…) fort crédible…

Comme ce manipulateur ose citer Chomsky, je termine en vous renvoyant vers ces deux articles de ce site,  ici, et  , présentant la pensée de celui que le New-York Times a présenté comme “probablement le plus grand intellectuel vivant”

X. Un ambitieux plan de Développement

Si on observe les comptes Twitter de l’association, on constate ceci :

Le compte International de EU DisinfoLab en anglais a été créé en octobre 2017, et celui pour l’Italie en janvier 2018 – forcément dans l’optique des législatives et du partenariat avec la fondation Soros (qui semble donc avoir été discuté en amont).

En mai 2018 ont été créés les comptes français (actif) et espagnol (pas encore actif) :

Mais c’est en juillet que Disinfo s’est montré très prévoyant, en créant un compte polonais (actif) et un compte… russe (non encore actif) :

C’est une sacrée ambition pour une micro-structure qui peine à finir une étude qui tient la route. Mais “c’est pas fini” :

Ont aussi été créés un futur compte pour l’Allemagne et pour les Pays-Bas… Et pour la République tchèque :

Et “c’est pas fini” :

Ont donc aussi été prévus le futur compte pour le Danemark et pour la Suède…

Ils sont sacrément prévoyants chez Disinfo…

Espérons que les ambassades de ces pays seront prévenues afin qu’elles soient vigilantes face à d’éventuelles opérations de désinformation “pro-américaines” ou “pro-UE” comme nous en avons connu…

“Désolé Disinfo, on espère qu’on n’a pas trop contrarié vos plans ?”

D’ailleurs on sait qui a très probablement créé les 11 comptes. En effet, la plupart ont 10 abonnés (les autres comptes) mais 11 abonnements : les 10 autres, plus… :

Martin ne s’étant en revanche pas abonné aux comptes :

“Hé Martin : ce n’est pas bien d’utiliser son job pour augmenter fictivement les followers de son compte perso… ?”

Dernier point, plus sérieux : je ne sais pas si c’est une tradition en Belgique, mais c’est quand même étrange de voir ces structures créer des comptes Twitter puis vivre bien avant de penser à se déclarer juridiquement, comme il se doit :

#PasSérieux

XI. Le projet initial : “Disinfo FabLab”

Enfin, nous avons trouvé quelques informations sur la création de Disinfo ; elle a été annoncée le 1er juin 2017 au  Digital Festival de Bruxelles ( source) :

Et le détail est très intéressant ; on voit que l’annonce est réalisée par… Saper Vedere (qui ne sera enfin officiellement constituée que 70 jours plus tard…). Donc c’est bien l’agence de communication à but lucratif qui prétend créer l’association pour “combattre les Fake News” :

Ils indiquent que cette création fait suite à l’expérience des élections françaises (sic.) où ils estiment important non pas de “factchecker” car c’est trop long, mais de “trouver la source” rapidement, afin “d’identifier les propagateurs, de les surveiller” (sic.) et “d’alerter les autorités” (resic.).

Le projet initial de Disinfo était très ambitieux : une structure “concentrant des programmeurs, des développeurs, des penseurs (sic.), des chercheurs et des startups travaillant ensemble pour combattre les fake news et préserver nos démocraties libérales des menaces issues de la propagande” (P.S. attention malheureux, vous avez oublié “Valeurs européennes”).

C’est malin ! Finalement, c’est peut-être ça qu’ils ont vendu à Twitter pour récupérer les 125 000 $…

En conclusion

Nous avons ainsi montré dans ce billet que l’ampleur du projet initial de cette “petite ONG belge” était très large, et que des actions semblent avoir été entreprises pour un fort développement dans les années à venir, ciblant une dizaine de pays, dont la Russie.

Ceci pourrait expliquer l’incroyable partenariat de cette association avec l’Atlantic Council, et le soutien financier de Twitter et de la fondation Soros.

Nous analyserons dans le prochain billet l’action de ces structures au cours des deux dernières années…

RAPPEL : L’affaire prenant de l’ampleur, nous avons vraiment besoin de votre soutien. Dans un premier temps, vous pouvez nous le témoignez d’une façon très simple et rapide : en vous abonnant à  notre fil Twitter et en “likant”  notre page Facebook, si ce n’est pas déjà fait. Cela montrera la taille de notre communauté et son implication. On compte sur vous – ce sera notre récompense pour tout le travail que nous menons !

 les-crises.fr

 Commenter