24/10/2018 reseauinternational.net  6min #147411

 La promesse nucléaire de Poutine - C'est le moment

Comme dans un film hollywoodien, la confrontation est en chantier

Paul Craig Roberts

Il a fallu 31 ans au complexe militaro-sécuritaire des États-Unis pour se débarrasser du traité FNI, dernière prouesse de désarmement nucléaire du président Reagan, conclue en 1987 avec le président soviétique Gorbatchev.

Ratifié par le Sénat le 27 mai 1988, le Traité des forces nucléaires à portée intermédiaire est entré en vigueur quelques jours plus tard, le 1er juin. En coulisse, j'avais un rôle à jouer dans cette affaire et, si je me souviens bien, le traité devait mettre l'Europe à l'abri d'attaque nucléaire de missiles soviétiques à courte et moyenne portée, et mettre l'Union soviétique à l'abri d'attaque nucléaire de missiles étasuniens à courte et moyenne portée stationnés en Europe. Le traité FNI - en limitant les armes nucléaires aux ICBM, qui laissent un certain temps de prévention garantissant ainsi les représailles et le non-usage des armes nucléaires - avait été envisagé pour réduire le risque de première frappe étasunienne sur la Russie et de première frappe russe sur l'Europe, frappes pouvant être le fait de missiles de croisière volant à basse altitude, avec un temps de prévention pratiquement nul.

Quand le président Reagan m'a nommé parmi les membres d'un comité présidentiel secret doté du pouvoir d'assignation sur la CIA, il nous a informé que son objectif était de mettre fin à la guerre froide, et ainsi, selon ses mots, de faire que « ces franchement atroces armes nucléaires soient démantelées. » Le président Reagan, contrairement aux néocons fous qu'il a fichu dehors et poursuivis en justice, ne voyait aucun intérêt dans la guerre nucléaire qui ferait disparaître toute vie sur terre. Pour Reagan, le traité FNI était l'amorce de l'éviction des armes nucléaires des arsenaux militaires. Le traité FNI a été choisi en premier parce qu'il ne menaçait pas substantiellement le budget du complexe militaro-sécuritaire et augmentait en fait la sécurité de l'armée soviétique. En d'autres termes, Reagan et Gorbatchev pouvaient le faire digérer à leur propre institution militaire. Reagan espérait qu'en instaurant la confiance, le désarmement nucléaire se poursuivrait.

Maintenant que les derniers acquis du président Reagan ont été évacués, quelles sont les conséquences des concessions de l'administration Trump aux profits du complexe militaro-sécuritaire ?

Il y en a beaucoup, toutes funestes.

Les énormes profits du complexe militaro-sécuritaire augmenteront au fur et à mesure que les ressources étasuniennes de plus en plus rares seront injectées dans la production de missiles à portée intermédiaire, 'afin de contrer la menace russe'. Pour les payer, les républicains voudront réduire la sécurité sociale et l'assurance maladie. Je ne suis pas sûr que les démocrates agiraient différemment.

Les néocons sionistes ont à présent retrouvé l'espoir de rétablir l'hégémonie étasunienne et israélienne, grâce à la première frappe nucléaire contre la Russie de missiles de croisière non détectés.

Le gouvernement de Poutine subira plus de pression de la part d'Alexei Kudrin, du lobby juif, et des oligarques milliardaires mis en place par Washington et Israël au cours des années Eltsine, époque où la Russie avait été dégradée au statut de vassale des États-Unis. Ces traîtres russes ont tant de pouvoir que Poutine doit les tolérer. Tandis que Washington néoconisé fait tout ce qui est en son pouvoir pour nuire à l'économie russe et ponctionner les ressources russes dont ont besoin l'économie et les dépenses d'infrastructure militaire, Kudrin et les médias russes sponsorisés par l'Occident, avec leurs exigences de s'accommoder avec Washington, encourageront ce dernier à exercer toujours plus de pression sur la Russie afin de la forcer à devenir vassale auprès de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de la France et du reste de l'Europe, aux côtés du Canada, de l'Australie et du Japon.

Le gouvernement russe, à cause de ses réactions modérées aux incroyables provocations, encourage toujours plus de provocations, car cela ne coûte rien aux États-Unis et à leurs vassaux. La tolérance de traîtres comme Kudrin par le gouvernement russe, ne convainc pas les peuples occidentaux que la Russie est une société ouverte de liberté d'expression. Ils croient plutôt Kudrin que Poutine. Des gens pensent que Poutine est un voyou qui a volé 50 milliards de dollars, et qu'il est l'un des hommes les plus riches du monde. J'ai entendu cela hier de mon propre cousin. Les médias occidentaux ne donnent jamais d'image correcte de la vie en Russie. Avec la tolérance de la trahison en son sein et ses réactions non conflictuelles, ce que parvient seulement à faire le gouvernement russe, c'est de convaincre Washington que Poutine peut être renversé, à l'instar du président ukrainien pro-russe et des présidents hondurien, brésilien et argentin.

Au 20ème siècle, un petit pourcentage de gens conscients ont été influencés par les romans dystopiques tels que Le Procès de Kafka, 1984 d'Orwell et Le meilleur des mondes de Huxley. Nous associons ces romans avec la vie en Union soviétique et nous craignions d'être amenés de force à endurer ce genre d'existence. J'ai mis longtemps à comprendre que la 'menace soviétique' était une supercherie, tout comme les 'armes de destruction de masse' de Saddam Hussein, les 'armes nucléaires' iraniennes, le 'recours aux armes chimiques' de Assad...

La grande majorité des peuples du monde n'ont aucune idée de ce qui est tramé. Ils essaient de trouver du boulot ou de garder le leur, de se procurer logement et nourriture, de trouver de l'argent pour payer l'emprunt, la voiture ou la carte de crédit aux États-Unis, et d'avoir à boire et à manger dans la plupart des pays du monde. Ils sont stressés. Ils n'ont pas l'énergie d'affronter les mauvaises nouvelles ou pour comprendre ce qu'il se passe. Ils sont abandonnés par les gouvernements du monde entier. En dehors de la Russie, de la Chine, de l'Iran, du Venezuela, où trouve-t-on un gouvernement représentant le peuple ?

Même en Russie, en Chine, en Iran, au Venezuela et en Corée du Nord, trouve-t-on un gouvernement qui au lieu de croire la propagande occidentale, se fie vraiment à lui-même ?

 Paul Craig Roberts

Original :  paulcraigroberts.org

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