Kharroubi HABIB
L'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, dont tous les détails révélés ont étayé la thèse qu'il a été commandité par le plus haut sommet de l'Etat saoudien, a fait rappel que celui-ci est également impliqué dans un crime, celui de la guerre génocidaire qu'il dirige au Yémen et sur lequel les pays occidentaux qui le soutiennent font un silence insoutenable. C'est l'évidence même du fait que l'indignation universelle suscitée par le meurtre du journaliste n'occulte plus la responsabilité de la monarchie wahhabite dans cette guerre au Yémen dont l'ONU a dit qu'elle est à l'origine d'une crise humanitaire comme on n'en a jamais vu » et que ceux qui la manifestent réclament qu'elle soit sanctionnée pour cette double raison.
Leur revendication met à mal ces pays car visant à les faire se départir de l'intéressé mais coupable soutien qu'ils persistent à accorder à Ryad qui, pour certains, se traduit en fourniture à cette monarchie de l'armement qu'elle emploie pour détruire le Yémen et briser la résistance de son peuple. La France est parmi ces pays celle où les appels à l'arrêt de l'exportation d'armement à la sanguinaire monarchie se sont le plus fortement élevés au point d'obliger ses autorités à se livrer à d'étonnantes contorsions dans l'explication de leur attitude de la dévoyée monarchie saoudienne. La dernière en date est celle opérée par la ministre des Armées Florence Parly pour tenter de dédouaner son pays de l'accusation d'être indirectement complice de Ryad dans la sale guerre que les Saoudiens font au Yémen à la tête d'une coalition dont les exploits militaires ne sont qu'une suite d'abominables massacres dont la majorité des victimes sont les civils yéménites.
La ministre française, tout en admettant qu'il est plus que temps que cette guerre cesse car il est devenu évident qu'elle est sans issue, s'est essayée à minimiser la responsabilité française dans le fait que si l'Arabie saoudite l'a déclenchée c'est parce qu'elle savait compter sur le soutien, entre autres, de Paris. Tout en écartant sans le dire la revendication de l'arrêt par la France de ses exportations d'armes vers ce pays, Florence Parly a prétendu sans sourciller que Paris n'est qu'un « modeste fournisseur » en la matière et qu'il « n'y aurait pas eu d'armes récemment vendues par la France à l'Arabie saoudite » qui auraient pu être utilisées dans la guerre qu'elle mène au Yémen.
Avant elle, le président Macron s'en est pris à ceux qui demandent à la France de cesser la fourniture d'armes à l'infréquentable monarchie moyenâgeuse et sanguinaire en les accusant de « démagogie » et d'ignorance des intérêts économiques, géopolitiques et stratégiques qui fondent les relations franco-saoudiennes. Les réactions de ces deux personnalités françaises sont en tout cas symptomatiques de l'embarras dans lequel leur pays est mis par les réprouvables agissements d'une monarchie pour laquelle les puissances occidentales ont les « yeux de Chimène » alors que le monde entier réclame sa mise au ban de la communauté internationale pour les odieux crimes contre l'humanité et les droits de l'homme dont elle se croit impunissable.