Paru sur RT sous le titre Saudis want Yemen's oil & gas - Max Blumenthal
L'Arabie Saoudite connaît une crise financière et veut s'approprier les ressources inexploitées de pétrole et de gaz du Yémen, a déclaré à RT le journaliste d'investigation Max Blumenthal.
Rick Sanchez, de RT America, s'est entretenu avec Blumenthal sur la possibilité que l'appel américain à la paix et à un cessez-le-feu au Yémen puisse avoir des répercussions négatives et provoquer une intensification de la violence à court terme.
« Si nous essayons d'arrêter la guerre, pourquoi la situation s'aggraverait-elle ? Pensez-y de la façon suivante : si les deux parties d'un match sportif savent que le temps presse, vont-elles devenir plus agressives, plus violentes, et... viseront-elles le gros lot avant la fin ? Cela se résume au fait que les deux parties d'un conflit veulent être en position de force avant de s'engager dans des possibilités de négociations », a expliqué Rick Sanchez.
Les rebelles Houthi craignent que la coalition saoudienne ne lance bientôt une nouvelle attaque contre le pays, avec des rapports selon lesquels 10 000 soldats se dirigent vers le port d'Hodeida pour tenter de le reprendre.
« Les chefs militaires ont une longue tradition selon laquelle l'approche des pourparlers de paix est l'occasion de gagner du territoire ou d'obtenir des avantages pour ensuite demander des concessions. Et puis il y a la question du désespoir des Saoudiens, qui sont peut-être en train de vivre leur propre conflit interne en ce moment », a ajouté Sanchez.
L'ancien officiel du Pentagone Michael Maloof avait plus tôt commenté ce possible conflit interne en Arabie Saoudite, qui pourrait selon lui conduire à la fin du règne du Prince héritier. « Ça va devenir sale. Et je pense que ce qu'ils espèrent, c'est que les États-Unis, la Grande-Bretagne et les autres puissances occidentales soutiendront quelqu'un qui se chargera de faire tomber MBS. Il est peut-être un peu prématuré de dire que cela va se produire... Pour ma part, je pense que c'est concevable parce que MBS a inquiété nombre de membres de la famille royale et qu'il s'est fait de puissants ennemis dans le palais. Et ce n'est qu'une question de temps. »
Max Blumenthal est d'accord avec Maloof, et affirme qu'il a eu raison de dire que « les États-Unis aimeraient l'éliminer, ou du moins lui retirer des éléments de l'architecture de sécurité nationale ».
Il a rappelé l'ancienne conseillère à la sécurité nationale d'Obama, Susan Rice, qui appelait à « écarter le prince héritier » de son « pouvoir illimité ».
« Et Lindsey Graham, de la Commission des forces armées, a dit la même chose », a ajouté Blumenthal.
« Fondamentalement, vous avez le type de situation où un parrain de la mafia envoie un homme de main tuer quelqu'un, et l'homme de main finit par tuer la victime à la tronçonneuse avant de le jeter devant un poste de police. Et le parrain de la mafia lui dit : « Tu me fais honte, » a dit Max Blumenthal.
Interrogé sur la possibilité d'éliminer le prince héritier, Blumenthal a répondu qu'il avait renforcé son emprise sur les services de renseignement et les relations publiques des Saoudiens, et qu'il contrôle plus que jamais le pays.
Il a suggéré que nous pourrions voir Mohammed ben Salmane se tourner vers l'est, la Chine et la Russie et forger d'autres alliances avant que les États-Unis et le Royaume-Uni puissent l'éliminer.
Selon Blumenthal, dans la guerre du Yémen, l'Arabie Saoudite ne veut pas que les Houthis contrôlent la zone stratégique de la voie maritime entre la mer Rouge et le golfe d'Aden, Bab-el-Mandeb, « où passe un gros transit de barils de pétrole chaque jour ».
« Mais plus important encore, l'Arabie Saoudite traverse une crise financière et souhaite accéder aux considérables ressources inexploitées de gaz et de pétrole du Yémen et les exploiter. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils sont dans ce combat », a-t-il conclu.
Traduction Entelekheia
Image : signalé en rouge, le port stratégique d'Hodeidah