15/11/2018 reseauinternational.net  10 min #148317

Bolsonaro est une menace pour la planète

Bolsonaro, une menace pour l'Amazonie

par Ulises Noyola Rodríguez

La région amazonienne est menacée par les activités des entreprises agroalimentaires après le triomphe électoral de Jair Bolsonaro. Le futur président a nommé Tereza Cristina, chef du Front Parlementaire de l’Agriculture, au poste de Ministre de l’Agriculture. Ce groupe parlementaire, soutenu par les entreprises agro-alimentaires, a promu plusieurs initiatives au Congrès. Notamment l’utilisation d’agrotoxines, la culture de plantes transgéniques et l’exploitation des ressources naturelles des zones protégées de l’Amazonie. Le territoire brésilien s’étendant sur la plus grande partie de l’Amazonie, Bolsonaro sera une menace pour la préservation de la biodiversité et des communautés autochtones.

Tereza Cristina

L’ importance de la région est énorme pour plusieurs raisons : elle possède une grande diversité de ressources naturelles (eau, minéraux, pétrole, bois, entre autres) ; elle atténue les effets du changement climatique en absorbant les émissions de carbone et représente un espace vital pour les communautés autochtones. Pour ces raisons, la forêt amazonienne est un espace géographique qui doit être préservé pour la survie de l’espèce humaine. Si l’exploitation des ressources naturelles de l’Amazonie se poursuit, le gouvernement Bolsonaro sera confronté à une forte opposition.

Le gouvernement brésilien protège actuellement la région amazonienne par la désignation de parcs nationaux, de forêts protégées, de couloirs écologiques, entre autres espaces. En vertu de ce régime, les aires protégées reçoivent des fonds gouvernementaux pour la construction de travaux publics et la prestation de services axés sur la préservation des collectivités et des écosystèmes. Cependant, l’élevage du bétail et la culture du soja sur de vastes étendues de terre ont contribué à leur déforestation. Le gouvernement Bolsonaro devra modifier la loi pour exploiter les richesses naturelles situées dans les aires protégées, puisque la Constitution  stipule que les aires protégées ne peuvent être modifiées qu’en adoptant une loi.

Bien qu’ayant obtenu un large avantage sur Haddad, Bolsonaro n’a remporté que 52 des 520 sièges du Congrès, il devra donc négocier avec les autres partis afin d’exploiter les ressources de l’Amazonie. Les membres du Congrès du Parti Social Libéral  ont l’intention de s’appuyer sur les partis de différents groupes politiques (catholique, armement et agro-industrie). Ces initiatives seront donc soutenues par les secteurs les plus conservateurs de la société brésilienne, qui s’efforceront sans aucun doute de créer un climat de peur afin d’obtenir l’approbation des réformes par la société. Si les partis de gauche ne travaillent pas à la base avec la population, le conservatisme s’installera dans la société, renforçant la xénophobie, la discrimination et l’intolérance.

La polarisation sociale affectera les communautés autochtones de l’Amazonie qui sont constamment victimes de discrimination de la part de la classe moyenne. Du fait de l’abandon de l’État brésilien, les communautés autochtones souffrent d’analphabétisme, de malnutrition et d’insécurité, entre autres problèmes. Pour résoudre ces maux, le gouvernement brésilien devrait stimuler les dépenses sociales en fournissant des services de base, en plus d’assurer la protection des terres. Sans la protection de leurs terres ancestrales, les peuples autochtones sont incapables de survivre parce que leur mode de vie est intimement lié à la nature.

D’autre part, les activités agro-industrielles, en détruisant les écosystèmes amazoniens, continueront à augmenter les émissions de carbone. En termes d’émissions de carbone, le Brésil est  resté en septième position à l’échelle mondiale, le gouvernement brésilien n’ayant pas respecté ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Dans l’accord, le gouvernement s’est engagé à réduire la déforestation et à augmenter le nombre de zones protégées. Sous le gouvernement Bolsonaro, les changements climatiques seront aggravés par des activités qui menacent l’environnement, comme la monoculture du soja, l’exploitation minière à ciel ouvert et l’installation de grands barrages électriques en Amazonie.

Ces activités entraîneront la destruction d’une partie de l’Amazonie et une augmentation de la température de la planète. Parmi les répercussions de ce phénomène, on retrouve la désertification, l’extinction d’espèces, l’altération du cycle de l’eau et les catastrophes naturelles, entre autres. A dépendre de la nature, l’espèce humaine est menacée par le changement climatique, la préservation de l’Amazonie est donc essentielle pour inverser le réchauffement climatique. En fait, le futur Président Jair Bolsonaro a récemment mentionné qu’il  évaluera si le Brésil abandonne ou pas l’Accord de Paris sur le climat, mais n’a pas assuré la préservation de l’Amazonie.

De plus, la réaction des organisations internationales à la politique de Bolsonaro ne serait pas aussi virulente qu’on l’espérait. Pour lutter contre le changement climatique, les dirigeants de plusieurs pays ont signé l’Accord de Paris sur le climat dans lequel ils s’engagent à réduire les émissions de dioxyde de carbone. Mais l’accord est lettre morte, car il n’oblige pas les gouvernements à appliquer des réglementations strictes ou à imposer des sanctions en cas de non-respect. Dans ce contexte, le gouvernement Bolsonaro laisserait la porte ouverte aux sociétés transnationales pour exploiter les richesses naturelles de l’Amazonie.

Il n’est pas moins important que la survie des communautés autochtones soit menacée, car elles ne représentent que 0,4 % de la population totale. Bolsonaro a  déclaré, dans sa campagne électorale, qu’il n’allait pas leur donner un centimètre carré de terre en plus. Il convient de rappeler que les communautés autochtones ont été continuellement exterminées tout au long de l’histoire du Brésil. Depuis l’époque coloniale, les communautés ont été soumises à l’esclavage prolongé du Portugal et sont toujours persécutées pour leur opposition aux activités extractives. La résistance des communautés va maintenant augmenter avec le gouvernement Bolsonaro, qui n’hésitera pas à intensifier la militarisation de la région amazonienne.

L’Amazonie a déjà fait l’objet d’une forte présence des forces armées brésiliennes en raison des problèmes de trafic de drogue, de trafic d’êtres humains et de violence résultant de la pauvreté extrême. Actuellement, le commandement militaire amazonien mène régulièrement des  exercices militaires (Curaretinga, Curare et Relâmpago, entre autres) à la frontière nord du Brésil afin de lutter contre le crime organisé, selon le gouvernement brésilien. Les forces armées, en s’entraînant continuellement dans la forêt amazonienne, connaissent le territoire, les communautés indigènes et les conditions climatiques. Ce faisant, l’armée a réussi à écraser la résistance des communautés autochtones et à les déposséder de leurs territoires. Avec Bolsonaro, les opérations militaires vont se multiplier pour dépouiller les communautés de leurs territoires.

Le triomphe de Jair Bolsonaro constitue un revers pour l’Amérique Latine. Bolsonaro aura un gouvernement qui soutiendra la destruction de la nature, la dépossession des terres des communautés indigènes et la criminalisation de la protestation sociale. Il faudra que la population brésilienne se mobilise pour arrêter les réformes que le Parti Social Libéral propose de mettre en œuvre. Sinon, les Brésiliens verront comment les ressources naturelles de l’Amazonie seront privatisées.

Source :  Bolsonaro, una amenaza para el Amazonas

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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